Chapitre Cinq - Celui qui s’était repenti

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En voyant la silhouette impressionnante de Manolo Cervantes, mon sang n’a fait qu’un tour. Il avait l’air encore plus immense et musclé que dans mon souvenir. Je le croyais en prison pour avoir participé à l’enlèvement de ma sœur. Liv m’avait assuré qu’il avait un bon fond et c’était même lui qui l’avait aidée à s’enfuir. Mais pour moi, il restait le bras droit d’ Alejandro Vidal, un psychopathe pur jus qui avait répandu sa drogue dans les rues de L.A.

Aussi grand et balèze qu’il était, je n’avais pas l’intention de le laisser nous faire du mal, à Cherry ou à moi. J’ai traversé la pièce à toute allure, prêt à en découdre. Le géant a levé un sourcil et soudain Vince est apparu devant moi, levant les mains pour stopper mon attaque.

— Tout doux, cowboy ! cria mon associé. Il est avec moi !

— Quoi !? me suis-je écrié. Mais qu’est ce que tu fous avec lui !?

— J’ai entendu par un ancien indic qu’il allait être libéré pour bonne conduite, sous condition de trouver un emploi. Je me suis dit qu’on pourrait avoir besoin de gros bras.

— Que…Quoi !?? me suis-je étranglé, vexé. Je ne fais pas assez de muscu à ton goût, c’est ça !? Et puis pourquoi lui donner une autre chance, à lui ? Il a failli nous tuer, bordel !

Vince prit une voix apaisante, me dirigeant doucement à l’écart, une main dans le dos.

— Je sais, mec. Calme-toi. Je comprends ton pétage de plomb. Mais tu verras, Manolo sera un véritable atout pour notre entreprise. C’est un repenti, il n’a plus aucun contact avec le gang des Machetes. Mais son passé lui donne une expérience et une connaissance de tout ce qui se fait dans ce milieu. Il connaît les pièces maîtresses de chaque gang. Et si ça commence à chauffer, inutile de dire qu’il vaut mieux l’avoir de notre côté. Je ne mets pas en doute tes capacités physiques, mais mec… Regarde-le. Et puis… c’est pas toi qui me chante toujours que tout le monde mérite une autre chance ?

J’ai regardé Vince. Il avait raison, et ça m’énervait encore plus.

J’ai toisé Manolo. Il restait dans l’encadrure de la porte, les mains derrière le dos. On aurait dit un petit garçon de deux mètres de haut. Avec un tatouage de tête de mort en guise de visage.

Je me suis dirigé vers lui et je me suis arrêté à quelques centimètres de son visage, le pointant du doigt.

— On va te donner une chance. Mais je ne te fais pas confiance. C’est clair ?

— Limpide, a-t-il répondu, le visage impassible.

Je me suis dirigé vers la kitchenette, furieux. J’allais me défouler sur ma pitance.

Quelques minutes plus tard, quand Vince a estimé que je devais m'être calmé, il est venu me rejoindre. Un parfum de sauce sucrée et de viande grillée flottait dans la pièce, et je l’ai vu regarder mon plat avec envie. Il pouvait se brosser pour que je lui propose de partager.

— Ça a donné quoi, ta mission de ce matin ?

— J’ai des photos. Le mec avait rendez-vous avec trois filles, Vince. Trois. Je vais contacter la cliente cet après-midi.

— Je vais m’en charger, si tu veux bien… Ça te dérange pas de prendre Manolo avec toi et lui faire le topo sur notre boulot ?

J’ai regardé Vince. Je le connaissais depuis relativement peu de temps, mais je savais qu’il me cachait quelque chose.

— Qu’est ce qui passe, Vince ? C’est quoi, ce délire avec Manolo ?

Mon vieil associé m’a regardé, l’air un peu gêné.

— Je me rends compte que je commence à me faire vieux. Je viens d’avoir septante ans, mec. Et… Je ne serai pas toujours là.

— Mais de quoi tu parles ? Le détective, c’est toi. Pourquoi embaucher un repris de justice ?

— J’ai un cancer, Jake. Prostate. Stade trois.

Pendant quelques secondes, je suis resté choqué, ne sachant pas trop comment gérer cette nouvelle.

— Oh merde… Vince…

— Ouais… Et toi aussi t’es un bon détective. Je le vois. T’as ça dans le sang. Mais quand je serai plus là, il te faut quelqu’un qui puisse assurer tes arrières.

— Ok… Mais Manolo ? Sérieux ?

— Fais-moi confiance. Ok ?

Je l’ai regardé. J’étais triste, abattu. Vince était mon partenaire, mais aussi mon ami. J’aurai voulu lui dire quelque chose pour lui remonter le moral. Il l’a deviné.

— Ne me fais pas chier avec des jérémiades, ok ? Déjà que je me tape un cancer du trou de balle, c’est bon comme ça.

Je me suis levé. J’ai d’abord voulu le prendre dans mes bras, mais je savais que ça l’aurait foutu en rogne. Alors je lui ai tendu la main.

— Ok, Vince. Je te fais confiance.

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