Chapitre Sept - Celui qui s’imposait l’air de rien

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Tabitha détaillait le jeune homme assis devant elle. Agent Percival Pendleton, la trentaine, bien bâti, mince et cette petite moustache très, très classe. Ajoutez à cela cet accent british tellement craquant. Il lui faisait penser à Henry Cavill, mais en plus fin, moins massif. Puis elle regarda Bruce Waltman, le directeur du FBI assis juste à côté de lui. Le teint rouge, une petite mèche blonde qui tentait de cacher une calvitie. Et une bedaine retenue par les pauvres boutons d’une chemise fatiguée. Elle se rendit compte qu’elle faisait la grimace en regardant le pauvre homme et se reprit aussitôt. Heureusement qu’il n’avait rien remarqué. Par contre, elle vit le sourire en coin de l’agent Pendleton, qui, lui, avait tout vu. Elle reporta son attention sur ce que le Chef Williams disait, tentant de se concentrer. Participant à cette réunion, Ari se tenait dans le fond de la pièce.

— Dans cette affaire, il ne doit pas y avoir de rivalité, déclarait Williams. Les efforts conjoints avec nos amis Anglais sont nécessaires et même attendus par Madame la Maire. Le Directeur Waltman, du FBI est présent et est disposé à affecter des ressources pour collaborer avec l’agent Pendleton.

— Je tiens à préciser, intervint l’agent anglais, que je ne suis pas ici pour vous surveiller. Je suis bien conscient de votre expertise et votre professionnalisme. Notre but n’est pas de marcher sur vos plates-bandes, ni de vouloir jouer au petit chef. Nous nous trouvons devant une situation très délicate et nous avons besoin de votre aide.

— Et si vous alliez droit au but ? suggéra Ari. Pourquoi une simple enquête pour meurtre semble avoir ouvert la boîte de Pandore ?

Pendleton la fixa d’un regard pénétrant. Ses yeux, bien que d’un noir profond, étaient étrangement intenses. Ils brillaient d’un reflet brun-rouge, comme animés d’une flamme d’ambre. Quand il reprit la parole, ce fut avec son plus beau sourire.

— J’imagine que vous êtes l’inspecteur Ari Johnson. J’ai entendu parler de vos exploits, et c’est un honneur de me trouver devant vous. Normalement, mes supérieurs auraient été réticents à vous dévoiler ce que je m’apprête à vous dire, mais vos états de service prouvent qu’on peut vous faire confiance.

Puis, s’adressant à tout le monde :

— Je vais vous révéler des informations classées très sensibles qui ne doivent, sous aucun prétexte, sortir d’ici. C’est d’une importance capitale.

— Nous connaissons notre job, monsieur Pendleton, répondit Waltman d’un air las.

— Bien. Voici ce que je suis autorisé à vous dire : lors de la seconde guerre mondiale, un groupe a été créé pour protéger les intérêts de Sa Majesté. Il s’agissait surtout d’espionnage et de protection. Mais ce groupe, appelé le groupe Tarantula, était aussi amené à conduire des missions de sabotage, éliminations et récupération d’éléments ou d’individus. Les Tarantulas ont été dissous à la fin de la Guerre Froide. D’autres services secrets du royaume ont repris les missions et surveillances restantes, moins importantes. L’affaire Pettigrew qui nous rassemble aujourd’hui est particulièrement préoccupante, car la victime faisait partie du groupe Tarantula. Cet anneau significatif en est la preuve. Nous nous sommes assurés qu’il ne s’agissait pas d’une réplique, et nos soupçons ont été confirmés par le fait que le numéro de matricule de l’agent concerné est gravé à l’intérieur du bijou.

Il prit la télécommande et actionna l’écran tactile géant fixé au mur. Un portrait de Pettigrew plus jeune, en uniforme, s’afficha. Il avait été un bel homme, au regard franc et aux lèvres fines. La photo était en noir et blanc, et semblait sortir d’une époque lointaine. Pendleton reprit la parole.

— John Domenic Brisbane, alias Alfred Pettigrew, faisait partie du groupe de mercenaires actifs des Tarantulas. Il était chargé du nettoyage des zones sensibles. Entendez par là que sa mission était d’éliminer les individus représentant une menace pour le Royaume d’Angleterre. Inutile de vous dire que beaucoup de personnes voulaient sa mort, même s’il agissait la plupart du temps dans l’ombre. Il semble clair que quelqu’un a découvert sa véritable identité. Nous devons à tout prix, et rapidement, découvrir qui est cette personne. D’une part, pour protéger des informations classées secret-défense pour notre pays, et d’autre part protéger les autres anciens agents. Il y en a encore trois dans votre pays : un ici, à L.A., un à New York et le dernier, qui semble plus intelligent, dans un coin perdu en Alaska. Les autres survivants, au nombre de sept, sont éparpillés dans le monde, principalement en Europe et en Amérique du Sud. Notre mission aura donc aussi un autre aspect : retrouver ces agents et les mettre en garde, voire les protéger d’une éventuelle menace. Nous avons évidemment des agents sur le coup, pour ce qui est du continent européen. Mais nous devons nous occuper de ceux qui sont aux Etats-Unis et en Amérique du Sud.

— Une minute, attendez un moment, le coupa Ari. Pourquoi suis-je ici, alors ? Je veux dire : ok, je m’occupe de l’affaire Pettigrew, parce qu’elle fait partie de ma juridiction et que, quoique vous disiez, c’est mon enquête. Mais hors de question que je vous suive en Alaska ou Dieu sait dans quelle jungle du sud pour vous aider.

— Je suis désolé de vous contredire, inspecteur Johnson, répondit l’Anglais, mais vous êtes trop impliquée pour vous cantonner à l’aspect californien de cette enquête. Pour cette affaire, vous aurez des accréditations spéciales. Je serai votre coéquipier tout le temps que durera cette enquête.

— Heureusement que vous n’êtes pas là pour jouer au petit chef, rétorqua Ari, malgré le regard que lui lançait le Chef Williams.

— Les ordres viennent de plus haut, et passent par moi, déclara-t-il sévèrement. Et jusqu’à preuve du contraire, je suis votre chef, inspecteur Johnson.

— Oui, monsieur, répondit-elle, réprimant une expression de colère.

Bruce Waltman prit la parole. En sa qualité de Directeur du FBI, il devait montrer que l’Agence était un membre actif dans cette affaire et qu’ils ne se laisseraient pas berner par qui que ce soit, même par un James Bond de chez Wish.

— Nous resterons vigilants tout au long de cette affaire. Nous comprenons que vous vous sentiez concerné par la sécurité de votre pays, agent Pendleton, mais comprenez que vous n’êtes pas ici chez vous. Vous êtes sur le sol Américain, et le sheriff ici, c’est nous. Donc, pas de coup fourré. Reçu ?

— Bien reçu, monsieur le Directeur, répondit Percival aimablement. Et nous vous remercions pour toute l’aide que vous nous apporterez.

Après un court moment de silence, Tabitha DeMoor demanda, l’air inquiet :

— Agent Pendleton… Quels sont exactement les enjeux ? Dans quoi mettons-nous les pieds, exactement ?

— Et bien, répondit Percy, l’air grave, nous essayons d’empêcher une troisième guerre mondiale.

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