Chapitre Dix - Celle qui devait jouer à l’agent secret
Ari était furieuse. Elle détestait ce qui était en train de se passer. Elle avait commencé la journée sur une enquête pour meurtre, dont elle pensait qu’elle allait s’occuper seule, comme elle le souhaitait depuis l’arrestation de Robbie. Elle pensait pouvoir gérer les affaires seule. Elle ne voulait pas être assistée. Et voilà qu’elle se retrouvait collée aux basque d’un bureaucrate venu de l’autre côté du globe, qui ne connaissait rien de L.A. Il allait vérifier, surveiller, mettre son grain de sel. Et en plus, il s’était installé au bureau de Robbie ! Elle se demanda comment il réagirait s’il voyait ça. Il traiterait Pendleton de blanc-bec. Il déplorerait le fait que ce genre d’agent ne connaît du métier que les formulaires et les procédures, mais qu’ils ne connaissaient rien de la rue. Elle failli se mettre à sourire à cette pensée, avant de se rappeler, amère, qu’il les avait tous trahis. Robbie avait vendu son âme à Vidal. D’accord, sa famille avait été menacée. Mais elle lui en voulait de ne pas lui en avoir parlé, à elle. Elle qui pensait qu’ils étaient soudés, qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre, quoi qu’il arrive. Quelle blague !
Percival, qui l’observait depuis un moment, l’interrompit dans ses pensées.
— Tout va bien, inspecteur ?
— Oui… Ça peut aller…
Percy fixa Ari un moment, pensif, puis fit rouler sa chaise de bureau jusqu’à elle et lui tendit la main. Johnson le regarda, le sourcil levé.
— Qu’est-ce qui vous prend ?
— Je crois que nous sommes partis sur de mauvaises bases. Vous avez été catapultée dans cette affaire malgré vous. C’est injuste. Donc, reprenons depuis le début…. Enchanté de vous connaître, inspecteur Aretha Johnson.
Ari regarda la main tendue comme si c’était une chose étrange, puis sourit, comprenant où l'agent voulait en venir. Elle joua le jeu et lui serra la main.
— Appelez-moi Ari. Il n’y a que mes parents qui m’appellent Aretha. Et vous ? C’est… Percival ? C’est original.
— Oui, bon. Une fantaisie de mon cher papa. Je préfère qu’on m’appelle Percy.
Ils gardèrent le silence un moment, mais la tension avait disparu.
— Écoutez, reprit-il. Je ne suis pas ici pour vous surveiller, ou vous dire quoi faire. Je suis très sérieux, et je déteste ce rôle que mes supérieurs m’ont attribué. Ce qu’il y a, c’est que cette enquête touche à des points très sensibles pour notre pays. La situation pourrait devenir catastrophique, réellement. Pour plusieurs nations. Je voudrais qu’on arrive à travailler main dans la main, à réellement coopérer. Il en va de notre intérêt à tous, croyez-moi.
Ari regarda l’agent anglais, semblant analyser ce qu’il venait de dire.
— Ok, finit-elle par dire. Mais aucun secret entre nous. Si on est partenaires, je veux savoir dans quoi je mets réellement les pieds. Je me fiche que ces infos soient classées top secret. Si vous voulez qu’on soit au même niveau, prouvez-le moi et mettez-moi au parfum.
— Je ne peux, hélas, pas vous promettre une telle chose, admit-il avec regret. Je préfère être honnête avec vous. Mais je vous jure que vous en saurez assez, et même le plus possible, sur cette enquête. Je vais voir avec le MI6 jusqu’à quel point je peux être transparent avec vous. Je vous promets de vous en dire plus qu’assez.
Ari était embêtée. La réponse de l’agent Pendleton la laissait sur sa faim. Mais elle avait envie de le croire. Elle se doutait bien qu’elle ne pourrait accéder à des informations de ce genre aussi facilement. Elle décida de lui faire confiance. Mais elle ne laissait pas tomber sa demande pour autant.
— Ok, concéda-t-elle. De toute façon, je suppose que je n’ai pas le choix.
— Allons, inspecteur, déclara Percy avec son plus beau sourire. Ne le prenez pas comme ça. Vous allez connaître une expérience passionnante. Vous allez apprendre des choses qui vous serviront dans votre métier, vous rendant encore plus performante. Et puis, vous allez voir du pays. Tous frais payés.
— Je me demande ce que mon mari pensera de tout ça…
Percival prit un air embêté.
— Et bien… Dites-lui que vous devez aller voir de la famille, ou quelque chose du même style. Car il ne peut rien savoir. C’est primordial.
Ari essaya de s’imaginer la scène. Jake, la regardant monter dans un avion avec ce bel inconnu, pour « aller voir de la famille ». Il allait péter les plombs.
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