Chapitre Douze - Celle qui devait cacher des choses

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Ari réfléchissait à l’annonce qu’elle devait faire à Jake. Vu l’heure de pointe, elle avait tenté de passer par Washington Boulevard, mais elle s’était retrouvée bloquée par des travaux. La journée avait été intense. D’abord l’affaire Pettigrew, qui avait failli lui filer sous le nez. Puis l’arrivée de cet agent anglais, qui devenait son coéquipier dans une enquête qui prenait des airs de mauvais film d’espionnage. Elle devait garder le secret le plus total sur cette affaire. Mais comment expliquer à son mari qu’elle devrait bientôt prendre l’avion pour New-York, puis pour l’Alaska ? Connaissant Jake, elle savait qu’elle pourrait lui dire qu’elle devait partir pour les besoins d’une enquête dont elle ne pouvait pas parler. Elle savait qu’il accepterait de ne pas poser de questions, qu’il lui faisait confiance. Mais elle détestait cette situation. Car elle savait aussi que l’homme qu’elle avait épousé se poserait des questions et qu’il serait inquiet pour elle. Mais il fallait qu’elle lui parle. Qu’elle lui dise ce qu’elle était autorisée à dire, sans rentrer dans les détails. Il allait comprendre.

Elle arriva finalement à Venice Canals quand le soleil commençait à se coucher. Elle vit de loin une lampe allumée à l’étage du loft qu’elle partageait avec Jake. Elle se l’imaginait couché tranquillement sur leur lit, en train de lire un bouquin, ou de simplement écouter de la musique, la lumière tamisée éclairant la chambre d’une douce teinte chaude. C’était comme ça qu’il aimait se détendre. Pas devant la télé, ou à scroller sur les réseaux sociaux. Elle aimait ce côté authentique et tranquille qu’il pouvait avoir, lui qui pouvait parfois se montrer si intense. Elle aimait quand il attrapait sa guitare et qu’il commençait à lui jouer des complaintes espagnoles que son abuelo lui avait apprises. Ou quand il la prenait doucement dans ses bras et qu’ils discutaient à voix basse. Cela pouvait sembler ridicule, car de toute façon, personne ne pouvait les entendre. Mais ces mots, chuchotés à l’oreille, prenaient une dimension précieuse, importante, intime. Juste entre elle et lui. En pensant à tout cela, elle se réjouit d’arriver enfin. Retrouver son homme dans cette bulle de paix et d’amour, loin du tumulte de la ville, des obligations, des procédures…

Elle gara sa voiture dans l’allée et se dépêcha de franchir enfin la porte de son foyer. Elle se débarassa de ses chaussures en appelant son mari et monta les escaliers pour le rejoindre. Elle le trouva, non pas sur le lit, mais assis sur un petit fauteuil de leur chambre, les coudes sur les genoux. Il avait l’air troublé, inquiet. Elle se précipita vers lui.

— Jake… Chéri… Ça va ?

— Liv m’a appelé, tout à l’heure… Elle a été cambriolée. On a complètement ravagé sa maison.

— Oh non… Elle va bien ?

— Ouais…Enfin, autant qu’on puisse se sentir bien dans cette situation. En voyant l’état de sa maison, elle a perdu connaissance, mais sinon ça va. Mais tu sais ce qui est bizarre ?

— Quoi ?

Jake la regarda bien en face, l’air intrigué.

— On ne lui a rien volé. Ses dossiers sont en désordre, son coffre a été forcé… mais tout est là. Son argent, la montre de papa. Tout.

Un signal d’alarme se déclencha dans l’esprit de Ari. Un cambriolage sans vol. Comme dans l’enquête Pettigrew.

— Et puis, continua Jake… Elle m’a dit que ça faisait un moment qu’elle ne se sentait plus tranquille. Elle se sent suivie, observée. Je lui ai dit que c’était normal. Ça ne fait pas si longtemps qu’elle a été enlevée. Il doit rester des séquelles…

Ari réfléchit intensément. Son cœur se mit à battre furieusement. Elle devait mettre Jake en garde. Elle ne croyait pas aux coïncidences. Sa sœur était en danger, elle le sentait au plus profond d'elle-même. Mais comment l’avertir sans lui dévoiler des éléments sur son enquête ? Elle décida d’opter pour la solution la plus simple.

— Tu devrais aller la voir. Elle a besoin de toi, Jake.

— Tu crois ? J’y pense depuis tout à l’heure, mais je me dis qu’elle va trouver que je la surprotège encore…

— Non, chéri. Je suis sérieuse. Tu dois y aller. Tu dois t’assurer qu’elle ne court pas de danger. De toute façon, je vais être très prise au boulot… Une nouvelle enquête… assez compliquée.

Jake regarda sa femme dans les yeux. Il avait appris à ne pas trop poser de questions sur son boulot. Si elle voulait lui en parler, elle le ferait.

— Ouais… Je prendrai le premier avion demain.

Elle le prit dans ses bras, consciente du danger qui guettait dans l’ombre. Son cœur lui hurlait de tout lui dire, mais elle ne pouvait tout simplement pas. Elle le serra fort. Jake lui rendit son étreinte. Il s’écarta un peu et la regarda, en silence. Il lui caressa le visage, semblant comprendre que quelque chose n’allait pas. Qu’une ombre silencieuse lui déchirait le cœur. Il l’embrassa doucement. Leurs baisers se firent rapidement plus intenses, plus profonds.

Ce soir-là, ils firent l’amour différemment. D’habitude passionnée, leur union fut plus douce, moins empressée. Ils prirent leur temps, s’attardèrent sur chaque baiser, chaque geste. Comme si c’était la dernière fois.

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