Le clown
Maman fait la vaisselle, le chien joue avec la baballe, papa étend le linge, mon frère fume et moi, je fais le clown.
« C’est beau de faire le clown ? Me demande le dompteur de fauves.
— Ça fait rire les enfants. Ce n’est pas dangereux d’être dompteur de fauves ?
— Pas du tout. Elles ont peur de moi. »
Le lion, la panthère et le tigre, qui avaient tout entendu, se mirent à rire :
« Peur, nous ? Jamais ! Si on ne le mange pas c’est parce qu’il est immangeable. »
Je m’approche du lion qui rit le plus fort.
« Et moi, tu me mangerais ?
— Je ne mange jamais les petits enfants.
— Moi je m’en paierais bien un, fit la panthère. C’est frais, c’est juteux.
— Un seul ? Demande le tigre stupéfait. Avec l’appétit que vous avez.
— Un peu de régime ne peut pas faire de mal.
— Taisez-vous ! Rugit le lion. Vous êtes d’ignobles félins. Vous êtes la honte de notre race ! Les enfants ne doivent pas être mangés, même en pensée.
— Nous rigolions, majesté.
— Ne faites plus ce genre de plaisanterie, sinon je vous ferai décapiter. Allez petit, va en paix. »
Je m’en vais voir les écuyères.
« Salut clown, comment vas-tu ?
— Ça va.
— Où est ta maman ?
— Elle fait la vaisselle.
— Très bien. Ne crois-tu pas qu’elle ait besoin de ton aide ?
— Non, non. »
Elles me regardent, me font un sourire.
« On va s’entrainer, tu viens avec nous ?
— Non, je vais rentrer à la maison.
— Alors, aurevoir. »
J’ai à peine regagné ma chambre que j’entends la voix de mon père :
« Stéphane, on va à la pêche, cet après-midi ?
— Demande à Loïc !
— Loïc n’a pas envie. Il préfère rester fumer des cigarettes à la maison.
— Demande à maman.
— Ta mère préfère rester faire la vaisselle.
— Menteur ! Cria-t-elle. Tu n’es qu’un menteur. J’ai envie de venir à la pêche.
— La pêche n’est pas pour les femmes. »
Ça y est, papa et maman vont encore se disputer durant des heures, comme d’habitude.
« Où tu vas, Stéphane ? Me demande Loïc.
— Je vais voir les écuyères s’entrainer.
— Je peux venir avec toi ?
— Oui, mais il faut d’abord que tu te déguises en clown.
— D’accord. »
Quand il a fini de se déguiser, il entre dans ma chambre et nous partons.
Josiane, la plus jolie des écuyères, nous a aperçus.
« Salut les enfants, vous voulez voir notre entrainement ?
— Oui, nous répondons en chœur.
— Alors, asseyez-vous et regardez. »
Quand les parents auront fini de se disputer et qu’ils ne nous verront pas, ils seront bien contraints s’aller ensemble à la pêche. Ça fera plaisir à maman.
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