Chapitre 2 : L'Éveil des Secrets
L'intérieur de l'engin était sombre, à peine éclairé par des lumières rougeâtres qui pulsaient faiblement. L'air y était froid et sentait la rouille et l'humidité. Odilon et Emilie avancèrent prudemment, leurs pas résonnant sur le métal creux du sol. À chaque mouvement, l'engin semblait gémir, comme s'il réagissait à leur présence.
- Qu'est-ce que c'est ? murmura Emilie, fascinée et apeurée à la fois.
- Je n'en sais rien, répondit Odilon en touchant une console couverte de boutons et d'inscriptions incompréhensibles. Mais c'est... ancien. On dirait que c'est ici depuis longtemps.
Ils continuèrent à avancer, dépassant des écrans brisés qui clignotaient sporadiquement, projetant des ombres fantomatiques sur les parois métalliques. Puis, au bout de ce qui semblait être une petite salle de commande, ils virent le robot.
Il était plus imposant qu'ils ne l'avaient imaginé, une sorte de carcasse métallique, cabossée et couverte de poussière. Pourtant, ses yeux lumineux fixaient droit devant lui, et il continuait à répéter dans une voix hachée :
« Aide... aide... nous. »
Odilon s'approcha, son cœur battant à tout rompre. « Que veux-tu dire ? » demanda-t-il doucement, comme s'il s'attendait à ce que le robot le comprenne.
Le robot ne répondit pas tout de suite. Il émit une série de bips et de cliquetis, puis une autre voix, plus grave cette fois, résonna :
« Exilés… danger… informations cruciales… »
Emilie se posait des questions. Exilés ? Informations ? Il savait la vérité lui ? Elle jeta un coup d'œil inquiet à Odilon.
- Ce truc connaît notre histoire ? Comment est-ce possible ?
- Je n’en sais rien… mais ça veut dire qu’il y a quelque chose à savoir.
Alors qu’ils s’approchaient davantage, une secousse soudaine fit trembler l'engin. Des lumières clignotèrent violemment, et un bruit strident retentit, comme un cri métallique. Le robot sembla s’animer encore plus, sa voix devenant urgente :
« Sortir… maintenant… sortir… »
Ils n’attendirent pas une seconde de plus. Ils se tournèrent vers la sortie et se précipitèrent hors de l’engin, leurs cœurs battant à toute allure.
Sur la plage, les murmures s'étaient transformés en une rumeur sourde. Les anciens s'étaient séparés du reste de la population assemblé sur la plage, formant une sorte de conseil d'urgence. Bruno, les poings serrés, observait l’engin d’un œil méfiant. Autour de lui, ses congénères discutaient vivement.
- Nous devons détruire cette chose, déclara un vieil homme à la barbe grise. Elle nous porte malheur !
- Non, pas encore, rétorqua Bruno. Il faut d’abord comprendre ce que c’est. Nous ne savons pas quel danger cela pourrait apporter, mais il est évident que cela ne peut pas être ignoré.
Les autres autour acquiescèrent. Bruno, étant considéré comme l'un des plus sages parmis eux, était respécté et valorisé au dépend des autres.
La discussion continuait cependant, une femme âgée secoua la tête avec colère.
- Les jeunes deviennent fous ! Ils n’ont aucun respect pour les lois de nos ancêtres. Ils courent droit vers le malheur, et nous devons les en empêcher.
Elle reçu une approbation général. Mais une autre ancienne, Lucie, une femme à la voix douce mais aux yeux perçants, se pencha en avant.
- Peut-être devrions-nous écouter ce que ces jeunes ont à dire. Peut-être y a-t-il quelque chose que nous avons ignoré, que nous ne comprenons pas encore.
Bruno fronça les sourcils, tiraillé entre l’autorité qu’il voulait maintenir et la curiosité grandissante qui commençait à le ronger.
- Écouter ? Pour quoi faire ? Ce n’est qu’un robot défectueux, une relique d’un monde que nous avons choisi d’oublier.
Mais avant qu’il ne puisse continuer, il aperçut Odilon et Emilie émergeant de l’engin, leurs visages marqués par la peur et la détermination. Il se détourna de son petit groupe et leur lança un regard sévère.
- Vous deux ! cria-t-il. Approchez !
Les jeunes s’arrêtèrent, hésitants. Les villageois se rapprochèrent formant une foule encerclant le duo. Odilon, les yeux brillants de défi, leva le menton.
- Nous avons trouvé quelque chose… quelque chose d’important, dit-il d'une voix qui se voulait sérieuse.
- Silence ! aboya Marak. Vous n’aviez pas le droit de vous approcher de cet objet. Il est dangereux, et vous le savez.
Emilie prit une grande inspiration. Elle respectait évidement les anciens, Bruno en particulier, mais pour une fois, elle devait faire face.
- Mais ce robot, Bruno… il connaît notre histoire. Il sait des choses sur l’exil. Et il disait… il disait que nous sommes en danger.
Un frémissement traversa la foule. Bruno sentit une vague de peur le traverser. Il se dépècha de contester pour ne pas perdre le contrôle.
- Ce ne sont que des mots, des vieilles machines brisées. Vous ne pouvez pas mettre en péril notre communauté pour des fantaisies !
Mais Odilon ne se laissa pas intimider. Poussé par son envie de tout savoir et par le fait qu'il se sentait sur la bonne piste, il soutient fermement le regard de Bruno, de la rage de vaincre dans les yeux.
- Peut-être… ou peut-être pas. Si nous ignorons cela, nous resterons à jamais aveugles, enfermés ici, sans jamais savoir ce qui nous attend vraiment. Nous avons le droit de savoir !
Les murmures se firent plus forts. La tension montait. Bruno serra les dents.
- Très bien, dit-il enfin. Nous examinerons cet engin… mais personne d'autre n'y touchera jusqu'à ce que nous ayons décidé quoi en faire.
Il se tourna vers les jeunes.
- Quant à vous… vous serez surveillés de près. Plus de secrets, plus de désobéissance. Est-ce clair ?
Odilon hocha la tête sans vraiment écouter, mais un léger sourire flottait sur ses lèvres. Ils avaient semé la première graine du doute. Ils avaient éveillé quelque chose. Et cette chose les mènerait sûrement vers cette vérité qu'il cherchait.
En se retirant de la plage, Odion sentit une main se poser doucement sur son bras. Emilie sourit, un mélange de crainte et d'excitation dans ses yeux.
- Nous avons fait un pas, murmura-t-elle. Mais il y a encore tellement à découvrir.
Joran acquiesça.
- Oui… et nous le découvrirons. Peu importe ce que les anciens pensent.
Ils savaient que ce n’était que le début. D’autres secrets attendaient d’être révélés, et d’autres défis se dressaient devant eux. Mais pour la première fois, ils avaient l'impression d'être plus proches de la vérité que jamais, et qu'ils s'en rapprocheraient encore et encore.
Il regarda sa compagne d'aventure et lui sourit. Une nouvelle amitié naissait dans cette quette de vérité. Il lui prit la main et la tira avec lui.
- Aller viens ! Il faut qu'on trouve comment on fera pour arriver à découvrir toute cette vérité qui nous attend.
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