Chapitre 4 : Premières Ombres

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Les nuits étaient devenues plus sombres pour Émilie et ses compagnons, non pas à cause de l’absence de lune, mais parce que chaque recoin de leur village et des environs était désormais rempli de secrets. Depuis leur premier serment dans la vieille grange, ils n’étaient plus de simples jeunes curieux ; ils étaient devenus des ombres, se mouvant en silence et avec précaution dans un monde qui refusait de leur livrer ses vérités.

Leurs premières missions étaient simples, presque banales : surveiller les patrouilles des anciens autour de l’engin, collecter des informations discrètement, et surtout, apprendre à agir sans être vus. Mais ce soir-là, les choses allaient changer :

L’Opération : Le Passage du Mur

  • Tout est en place ? chuchota Émilie, dissimulée derrière un tas de caisses en bois, à l’abri des regards des gardes de nuit.

Rodrigue, qui surveillait depuis une position surélevée, fit un signe affirmatif de la tête.
Ils avaient prévu de s’infiltrer à l’intérieur du périmètre interdit autour de l’engin. Émilie voulait comprendre ce qu’il s’y passait depuis que les anciens en avaient pris le contrôle, et si des indices sur le robot pouvaient encore être récupérés. Leur but était simple : trouver un moyen de collecter des données ou des enregistrements avant que Bruno et les autres ne puissent tout détruire.

Sophie, le visage concentré, ajustait un petit dispositif qu’elle avait bricolé à partir de vieux circuits récupérés.

  • Cette chose devrait nous permettre de capter les fréquences de l’engin, expliqua-t-elle avec un sourire fier. Avec un peu de chance, on pourra entendre ce que le robot essayait de dire.
  • Parfait, répondit Émilie. Restez en formation. On avance.

Le groupe se déplaça en silence, chacun suivant un rôle précis. Rodrigue, avec sa souplesse d’athlète, escalada rapidement un mur pour s’assurer que la voie était libre. Kevin, le stratège, analysait les moindres mouvements des gardes, leur indiquant quand se faufiler ou se cacher. Leur coordination était presque parfaite, résultat des heures passées à planifier minutieusement chaque mouvement.

Ils atteignirent finalement l’arrière de l’engin, un endroit faiblement surveillé, où les anciens semblaient avoir baissé leur garde. Émilie fit signe à Sophie de commencer son travail.

Sophie s’agenouilla et connecta son dispositif à une antenne rouillée sur le flanc de l’engin. Une série de bips s’éleva dans la nuit, et des lumières clignotèrent. La tension monta d’un cran parmi le groupe, mais Sophie resta concentrée, ses doigts dansant sur les boutons.

  • On capte quelque chose, murmura-t-elle. C’est brouillé, mais il y a des fragments de voix...

Ils se penchèrent tous pour écouter, retenant leur souffle. Des bribes de mots sortaient de l’appareil, déformées mais discernables : « Exilés... protection... secrets… danger imminent... »

  • « Danger imminent ? De quoi parle-t-il ? s'exclame Émilie, ses yeux s’écarquillant.
  • On dirait qu’il y a quelque chose de plus grand en jeu… quelque chose qu’on ne nous dit pas, pensa à haute voix Odilon en fronssant ses sourcils.

Mais avant qu’ils ne puissent en entendre davantage, un bruit de pas se fit entendre tout près. Sophie coupa le dispositif et tous se figèrent, les sens en alerte. Une lumière de torche balaya la zone.

  • Vite, on se replie ! murmura Rodrigue en se glissant dans l’ombre d’un tas de débris.

Ils se dispersèrent rapidement, se fondant dans les ténèbres. Les gardes passèrent sans les remarquer, trop occupés à discuter entre eux.

  • On doit renforcer la sécurité autour de cet engin, grogna l’un des gardes. Bruno a dit qu’il fallait tout verrouiller. Ils ne veulent pas que cette chose continue de parler.

Les jeunes échangèrent un regard, comprenant soudain l’ampleur de ce qu’ils venaient de découvrir : les anciens ne tentaient pas seulement de garder le robot loin de la population. Ils voulaient l’étouffer, empêcher quiconque d’entendre ce qu’il avait à dire.

Une fois les gardes hors de vue, Émilie fit signe à son équipe de se retirer. Ils quittèrent les lieux aussi furtivement qu’ils étaient arrivés, chacun gardant en tête les mots brouillés qui résonnaient encore dans leurs oreilles.

De retour dans la grange, l’équipe se regroupa autour de Sophie, qui tentait de décrypter les enregistrements collectés. Les jeunes étaient tendus mais animés par une énergie nouvelle. Pour la première fois, ils avaient la preuve que quelque chose de grave se tramait, quelque chose qui justifiait les craintes des anciens.

Émilie prit la parole.

  • Ce que nous avons entendu ce soir... c’est plus que des vieilles histoires. Il y a un vrai danger, et ils nous cachent la vérité pour une raison. On doit continuer à chercher, mais surtout, on doit comprendre ce qui menace réellement notre île.

Rodrigue, encore sur l’adrénaline de l’opération, frappa sa paume de son poing.

  • On ne peut plus reculer maintenant. Ils pensent nous faire peur, mais on ne lâchera pas.

Kevien se tourna vers Émilie, son regard perçant.

  • La prochaine étape doit être d’accéder aux archives des anciens. Si ce robot parlait de danger, ils savent sûrement quelque chose qu’on ignore.
  • Tu as raison, acquiesça Émilie. Nous devons fouiller leur histoire, leur passé. Ce qu’ils cachent depuis des générations… c’est là que se trouve la clé.

Ils se dispersèrent, chacun avec une mission en tête, un objectif clair. Le groupe savait qu’il jouait avec le feu, mais pour la première fois, ils avaient un but : découvrir ce qui les menaçait et pourquoi les anciens faisaient tout pour les maintenir dans l’ignorance.

Alors qu’ils se préparaient à partir, Émilie jeta un dernier regard sur ses camarades.

  • Souvenez-vous, nous sommes La Flamme. Ce que nous découvrons, nous le garderons pour nous, jusqu’à ce qu’on soit prêts à agir. La vérité doit être protégée… pour le moment.

Un murmure d’accord parcourut le groupe. La Flamme continuait de briller, plus forte et plus déterminée que jamais. Et malgré les risques, Émilie savait qu’ils étaient prêts à tout pour découvrir la vérité, quitte à briser les chaînes du passé.

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