Chapitre 5 : Jeux de Masques

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La grange était devenue plus qu’un simple lieu de rencontre pour La Flamme ; c’était leur sanctuaire, leur espace de liberté, où chaque mur abritait les murmures de secrets inavoués et de rêves inachevés. Ce soir-là, Émilie et son équipe se retrouvaient pour discuter des prochaines étapes. L’ambiance était tendue, mais une lueur d’excitation brillait dans les yeux de chacun.

Odilon, d’ordinaire concentré et calme, semblait nerveux ce soir. Il ne cessait de jeter des regards furtifs vers la porte de la grange. Émilie le remarqua, mais ne dit rien. Lorsqu’ils commencèrent à discuter de la prochaine mission, un bruit se fit entendre près de l’entrée.

  • Quelqu’un est là ! chuchota Rodrigue, prêt à bondir.

Mais avant que quiconque ne réagisse, une silhouette apparut dans l’ombre : Ella, la sœur cadette d’Odilon. Ses cheveux blonds désordonnés encadraient son visage déterminé, et ses yeux, habituellement pleins de curiosité, étaient maintenant animés par une colère contenue.

  • Ella ! Qu'est-ce que tu fais ici ? s’exclama Odilon, sa voix mélangeant surprise et panique.
  • Je sais tout, Odilon, répondit-elle d’une voix ferme. Je vous ai suivis. Je veux faire partie de La Flamme. Je ne veux plus rester dans l’ignorance comme tous les autres.

Odilon se leva brusquement, son visage exprimant une inquiétude palpable.

  • Non, Ella. Ce n’est pas un jeu. C’est dangereux, et je refuse que tu te mettes en danger.

Mais Ella ne se laissa pas intimider.

  • Tu crois que je ne suis pas capable ? Que je ne peux pas être utile ? Tu n’as pas le droit de décider pour moi !

Émilie s’interposa doucement, tentant de calmer la situation.

  • Ella, je comprends que tu veuilles nous rejoindre, mais ton frère a raison, c’est risqué. Nous devons tous faire attention…

Les yeux d’Ella brillèrent de colère et de défi.

  • Vous vous croyez si spéciaux parce que vous avez découvert des choses. Mais moi aussi, je veux comprendre. Je veux me battre !

Odilon saisit doucement le bras de sa sœur, son ton adouci par l’inquiétude.

  • Écoute, Ella… je veux juste te protéger. Si quelque chose t’arrivait, je ne me le pardonnerais jamais.

Ella recula, frustrée, et quitta la grange en claquant la porte. Odilon resta figé, le regard perdu, partagé entre le devoir de protéger sa sœur et le poids de ses propres secrets. Les membres du groupe le regardait furtivement, comprenant le dillemme qui s'imposait à lui. L'atmosphère, silencieuse, sentait une sorte de tension triste s'installer peu à peu.

  • Allez on se réveille ! crie Emilie en tappant des mains. C'est pas en restant ainsi immobile qu'on arrivera à quelque chose, pas vrai Odilon ?
  • Oui, tu as raison, aqcuiesça-t-il en reprenant ses esprits. Nous devons passer à l'action, dès ce soir.
  • Exactement ! approuva Emilie. Alors chacun à son poste, on part pour une nouvelle mission de reconnaissance.

Le groupe reprit du poil de la bête et tout se levèrent en unisson, prêt à tout pour découvrir ce qui se cachait derrière tous ses secrets. Ils sortirent tandis que le soleil se couchait pour partir espioner les anciens et leurs troupes pour ainsi récolter différentes informations.

Plus tard dans la soirée, Émilie et Sophie s’éloignèrent du groupe pour inspecter le périmètre du village, une mission simple pour s’assurer que personne ne les suivait. Tout se passait calmement jusqu’à ce qu’un garde, inhabituellement vigilant, les surprenne près d’une ruelle sombre.

  • Hé, qu’est-ce que vous faites là ? s’écria le garde, s’approchant d’eux avec suspicion.

Sans perdre un instant, Émilie réagit. Elle saisit une pierre et la jeta dans la direction opposée, créant une diversion qui fit se retourner le garde. Elle attrapa Sophie par le bras et l’entraîna à travers un dédale de ruelles jusqu’à ce qu’elles soient hors de vue.

Essoufflée mais soulagée, Sophie regarda Émilie avec des yeux brillants.

  • Comment as-tu su quoi faire si vite ? Tu m’as sauvé la mise… Enfin, tu nous a sauvé la mise. Sans ça, à l'heure qu'il est, on serait menotté et emmener chez les anciens pour un interrogatoire
  • C’est l’instinct, je suppose, répond-elle en haussant les épaules, modeste. On doit tous se couvrir mutuellement.

Sophie, pourtant habituellement sûre d’elle, se sentit soudain troublée. Elle n’arrivait pas à détourner les yeux d’Émilie, son courage et sa détermination la fascinaient. Un sentiment nouveau naquit en elle, mélange de gratitude et d’admiration.

  • Émilie… merci, vraiment, murmura Sophie en lui adressant un sourire timide, bien différent de son attitude habituelle.

Émilie lui répondit avec un sourire complice, ne se doutant pas que pour Sophie, ce moment allait marquer le début d’une attirance profonde. Sophie était déterminée à se rapprocher d’elle, et ce lien naissant n’allait faire que se renforcer au fil des jours.

De retour dans la grange, chacun faisait ce qu'il voulait dans son coin. Certains jouaient aux cartes, d'autres discutaient éperdument dans des conversations à voix basse. Émilie, elle, les regardait s'amuser ainsi. Elle était fière du groupe qu'ils formaient grâce à elle. Ils était vraient devenu une famille au fil des jours. Elle jeta un coup d'oeil vers Odilon et croisa son regard. En effet, sans lui, rien de tout ça ne serait arrivé, elle lui devait beaucoup.

Puis elle balaya la grange du regard, et apperçut Lydie qui n'avait pas bonne mine, perdue dans ses pensées. Lydie, d’ordinaire discrète, avait l’air particulièrement préoccupée. Émilie, toujours attentive aux autres, se leva de sa caisse et s'assit à ses côtés.

  • Ça va, Lydie ? Tu as l’air distante ce soir.

Lydie hésita, mordillant nerveusement ses ongles.

  • C’est rien… enfin, si, c’est Odilon. J’aimerais lui parler, lui dire…, commença-t-elle en baissant la voix, presque inaudible. Je crois que je suis amoureuse de lui depuis toujours. Mais je n’arrive pas à trouver le courage…

Émilie écouta attentivement, comprenant les tourments de son amie et coéquipière.

  • Tu devrais lui dire, Lydie. Tu sais, la vie est courte, et on ne sait jamais ce qui peut arriver. Il ne faut pas laisser la peur te priver de ce que tu ressens.

Lydie hocha la tête, mais son regard restait incertain.

  • C’est facile à dire… mais Odilon ne voit rien. Il est tellement pris par ses missions, par sa sœur… Je ne sais pas comment attirer son attention.

Émilie posa une main réconfortante sur l’épaule de Lydie.

  • Si c’est sincère, il finira par le remarquer. Parfois, il suffit juste de rester soi-même, sans se forcer. Et si tu as besoin de moi, je suis là.

Lydie sourit timidement, reconnaissante de la compréhension d’Émilie. Mais au fond d’elle, elle savait que la route serait longue avant qu’elle n’ose franchir le pas.

Pendant ce temps, de l’autre côté du village, Isidore, le frère d’Émilie, errait dans les rues, le cœur lourd. Depuis quelques jours, il avait remarqué des changements dans le comportement de sa sœur. Elle disparaissait sans explication, se montrait distante, comme si elle cachait quelque chose.

Isidore était inquiet. Émilie avait toujours été honnête avec lui, et cette soudaine réserve le perturbait. Ce soir-là, il décida de se rendre chez les anciens, à la recherche de conseils et de réponses.

Il frappa à la porte de la maison de Bruno, l’un des anciens les plus influents, et attendit nerveusement qu’on lui ouvre. Bruno l’accueillit avec un sourire calculé.

  • Isidore, que fais-tu ici à cette heure ? demanda-t-il avec curiosité.

Isidore hésita, pesant ses mots.

  • C’est au sujet d’Émilie… je crois qu’elle cache quelque chose. Elle agit bizarrement ces derniers temps. J’ai peur qu’elle soit impliquée dans… quelque chose de dangereux.

Bruno l’écouta attentivement, ses yeux brillants d’une lueur inquiétante.

  • Merci de m’en parler, Isidore. Ne t’inquiète pas, nous allons nous en occuper.

Sans le savoir, Isidore venait de commettre l’irréparable, prêt à trahir sa propre sœur sans en connaître les conséquences. La Flamme venait de gagner un ennemi de l’intérieur, et le jeu venait de devenir encore plus dangereux.

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