Chapitre 6 : Double Jeu

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Les jours passaient, et l’atmosphère à l’intérieur des murs de l’île devenait de plus en plus lourde. La Flamme, désormais plus soudée que jamais, poursuivait ses activités clandestines, mais une menace invisible se rapprochait d’eux sans qu’ils le sachent. Les anciens, ayant pris conscience des actions de la société secrète grâce à la révélation d’Isidore, avaient décidé de ne pas rester les bras croisés.

Dans les couloirs de la grande salle des anciens, Bruno et les autres se réunissaient en secret, bien décidés à écraser la rébellion naissante.

Bruno se tenait au centre de la salle, le visage grave, entouré de plusieurs doyens aux regards perçants. Sur la table devant eux, des plans de la ville et des listes de noms, dont ceux des membres présumés de La Flamme. Isidore avait sans le vouloir déclenché une guerre silencieuse.

  • La situation est devenue inacceptable, déclara Bruno en tapotant du doigt le plan devant lui. Cette société secrète menace l’ordre que nos ancêtres ont instauré. Nous ne pouvons pas laisser ces jeunes insouciants détruire ce que nous avons construit.

Les autres anciens acquiescèrent en silence. Chacun connaissait la gravité de la situation ; il ne s’agissait plus seulement d’une bande de jeunes idéalistes, mais d’une véritable menace pour la stabilité de leur société. Ils élaborèrent un plan : surveiller les membres de La Flamme, s’infiltrer dans leurs activités et, au besoin, faire des exemples pour décourager les autres de les suivre.

  • Nous devons frapper vite et fort, poursuivit Bruno. Le temps de l’indulgence est terminé. Ces rebelles doivent comprendre que leur place est ici, sous notre protection, et non à défier les règles établies.

Ce que les anciens ignoraient, c’était qu’ils avaient parmi eux un double agent. Lucie, l’une des plus jeunes membres de la communauté des anciens, s'était alliée à La Flamme car elle avait dès le début cru en cette révoltion qui allait libéré l'île de ses murs qui l'emprisonne. Malgré sa jeunesse, elle avait gagné la confiance de Bruno au fil des années. Elle était donc la personne parfaite pour se rôle et elle le jouait à la perfection, gardant un masque de loyauté tout en partageant discrètement des informations avec La Flamme.

Lucie se tenait à l’écart de la table de réunion, attentive mais discrète, écoutant chaque mot des anciens avec une apparente neutralité. Elle avait infiltré ce cercle d’influenceurs pour protéger La Flamme sans se trahir. Chaque décision des anciens devenait une pièce d’information précieuse qu’elle relayait aussitôt à Émilie et aux autres.

Cette nuit-là, après une réunion particulièrement tendue, Lucie retrouva Émilie dans une ruelle sombre, loin des oreilles indiscrètes. Elle s’avança à pas feutrés, le visage à moitié caché sous une capuche.

  • « Ils savent tout, » murmura-t-elle, jetant des coups d’œil nerveux autour d’elle. « Les anciens connaissent l’existence de La Flamme, et ils préparent une riposte. »

Émilie fronça les sourcils, son esprit déjà en train de formuler des plans de contre-attaque.

  • « Que prévoient-ils de faire ? »

Lucie hésita, son regard brillant d’une détermination mêlée d’angoisse.

  • « Ils veulent vous infiltrer, saboter vos actions, et s’il le faut, vous arrêter. Ils cherchent à nous diviser. »

Émilie soupira, se passant une main dans les cheveux, consciente du danger imminent.

  • « Merci, Lucie. On doit redoubler de prudence. Tu prends des risques énormes en nous aidant… »

Lucie haussa les épaules, une lueur farouche dans les yeux.

  • « Cette île a besoin de changement. Nos ancêtres nous ont protégés, oui, mais maintenant ils nous enferment. Ils ne voient plus la réalité, et je refuse de laisser leur peur nous condamner. »

De retour à la grange, La Flamme se rassembla pour discuter des nouvelles informations apportées par Lucie. Odilon, tendu par la récente dispute avec sa sœur Ella, écoutait attentivement. Rodrigue étudiait les cartes des lieux stratégiques, tandis que Sophie ne quittait pas Émilie des yeux, touchée par son courage et sa détermination.

  • « Si ce que dit Lucie est vrai, » commença Rodrigue, « on doit bouger vite. Il faut continuer nos missions, mais en prenant plus de précautions. Les anciens sont des adversaires redoutables, et ils n’hésiteront pas à nous briser. »
  • On doit rester en mouvement, acquiesça Émilie, ne jamais utiliser deux fois le même lieu de rencontre. Et surtout, on doit redoubler de vigilance.

Odilon, d’ordinaire l’un des plus stratèges du groupe, se montra encore plus prudent.

  • Si les anciens commencent à s’infiltrer, cela signifie qu’ils nous connaissent mieux qu’on ne le pensait. Il faudra resserrer les rangs et surveiller nos arrières pour éviter d'éventuelles fuites d'informations.

Sophie profita d’un moment de calme pour s’approcher d’Émilie, un sourire timidement séducteur aux lèvres.

  • « Tu es impressionnante, tu sais ça ? Tout ce que tu fais pour nous… pour moi. »

Émilie, prise de court par le ton doux et sincère de Sophie, rougit légèrement, sans vraiment comprendre l’étendue des sentiments de son amie.

  • « On est dans le même bateau, Sophie. C’est ensemble qu’on réussira. »

Sophie se mordit la lèvre, hésitant à aller plus loin, mais elle se contenta de glisser sa main dans celle d’Émilie un bref instant avant de se détourner. Elle se promit de trouver le moment parfait pour révéler ses sentiments.

Les anciens ne perdirent pas de temps. Chaque soir, des hommes de confiance arpentaient discrètement les rues, cherchant les moindres indices qui pourraient les mener à La Flamme. Les jeunes résistants devinrent encore plus discrets, se mouvant comme des ombres dans la nuit. Mais même avec toutes les précautions, la tension ne cessait de croître.

Lucie, quant à elle, multipliait les allers-retours entre les anciens et La Flamme, jouant un jeu dangereux où une simple erreur pouvait lui coûter cher. Pour maintenir sa couverture, elle devait feindre de suivre les ordres de Bruno, tout en s’arrangeant pour minimiser les impacts de ses actions sur ses alliés.

Pendant ce temps, Isidore observait sa sœur avec une suspicion grandissante. Émilie, habituellement si proche de lui, s’éloignait de plus en plus, et son comportement secret éveillait des soupçons qu’il ne pouvait ignorer. Un soir, alors qu’Émilie rentrait tard, il l’intercepta à l’entrée de leur maison.

  • « Tu as encore disparu toute la soirée, » lança-t-il d’un ton accusateur. « Qu’est-ce que tu fais, Émilie ? Je sais que tu me caches quelque chose. »

Émilie, surprise par l’intensité de son regard, tenta de désamorcer la situation.

  • « Isidore, tu t’inquiètes trop. J’ai juste besoin de temps pour moi, c’est tout. »

Mais Isidore ne se laissa pas convaincre. Les doutes et les peurs s’entremêlaient dans son esprit. Émilie mentait, il en était sûr, et il ne pouvait pas rester sans rien faire. Il se tourna vers la seule figure d’autorité en qui il avait encore confiance : Bruno.

Cette décision fit basculer l’équilibre déjà précaire de La Flamme. Isidore, pensant protéger sa sœur, venait d’ajouter une nouvelle pièce à l’échiquier des anciens, ignorant que sa trahison pourrait mettre en péril tout ce que La Flamme essayait de construire.

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