Les jours suivant la fête annuelle avaient laissé une tension palpable sur l’île. Les anciens redoublaient de vigilance, et Bruno surveillait chaque mouvement de la population avec une attention redoublée. Pour La Flamme, c’était le signe qu’ils devaient accélérer leurs plans avant qu’il ne soit trop tard. Les murmures d’Isidore, les soupçons de Bruno et la surveillance accrue des anciens ne laissaient plus de place à l’erreur. Il était temps de passer à l’action.

Réunis dans leur quartier général secret, La Flamme se tenait prête. Émilie observait chacun de ses camarades, sentant la détermination, mais aussi la peur qui les traversait. Ils avaient discuté longuement, pesé les risques, mais une chose était certaine : s’ils voulaient prouver que leur quête de liberté n’était pas vaine, ils devaient retrouver le robot. Ce dernier pouvait contenir des informations cruciales sur leur histoire, sur le monde extérieur, et sur la manière dont ils pourraient échapper à l’emprise des anciens.

• « Nous devons aller le chercher, » déclara Émilie, brisant le silence. « Le robot peut tout changer. Avec ses données, on pourra prouver ce qui s’est réellement passé et justifier notre lutte. »

Odilon acquiesça, le regard fixé sur la carte de l’île étalée devant eux.

• « Mais il n’est pas là où il a été vu pour la dernière fois. Les anciens l’ont sûrement déplacé dans un endroit sécurisé. C’est là qu’Isidore pourrait avoir été utile... s’il ne s’était pas retourné contre nous. »

Lydie, toujours en retrait depuis sa déclaration ratée à Odilon, prit une grande inspiration et ajouta d’une voix timide mais résolue :

• « On sait où il est. J’ai entendu des rumeurs des ouvriers qui travaillent pour les anciens. Ils l’ont caché près des falaises de l’Ouest. Si on passe par les tunnels souterrains, on peut les prendre par surprise. »

Rodrigue approuva. « Il va falloir agir vite. Plus on traîne, plus les anciens renforcent leur position. »

La Flamme décida de se mettre en marche cette nuit même. Sous la lumière tamisée des lanternes, les jeunes rebelles se glissèrent hors de leur cachette, se fondant dans les ombres pour éviter les patrouilles des anciens. Chacun d’eux savait que c’était un moment décisif. Leur esprit était tendu, mais l’adrénaline de l’action prenait le dessus. Dans un coin de rue, deux yeux dans l'obscurité les observaient : ceux d'Isidore.

Émilie et Sophie marchaient en tête, leurs pas synchronisés. Depuis que leur relation avait évolué, leur complicité n’avait fait que grandir, apportant un soutien moral essentiel à leur groupe. Rodrigue et Odilon, derrière elles, fermaient la marche, surveillant les environs avec vigilance.

En chemin, Émilie se tourna vers Sophie, un léger sourire aux lèvres.

• « On va y arriver. Ensemble. »

Sophie hocha la tête.

• « Oui, ensemble. »

Leurs doigts s’effleurèrent brièvement, un geste de réconfort dans l’obscurité, avant qu’elles ne se concentrent à nouveau sur la mission.

Mais au détour d’un tunnel, la Flamme tomba sur une barricade inattendue. Des hommes armés, reconnaissables par leurs uniformes sombres marqués du symbole des forces de l'ordre dirigés par les anciens, leur barraient la route. À leur tête, Bruno se tenait, l’air impassible, accompagné d’Isidore. Le regard de ce dernier oscillait entre défi et regret, mais il restait à sa place, aux côtés de ceux qui avaient trahi leur propre sang.

• « Vous n’irez pas plus loin, » déclara Bruno, sa voix résonnant dans l’étroit passage. « Ce robot ne tombera pas entre vos mains destructrices. Vous jouez à un jeu dangereux, et il est temps que cela s’arrête. »

Émilie serra les poings, la colère montant en elle en voyant son frère.

• « Isidore, comment as-tu pu ? »

Isidore ne put soutenir le regard de sa sœur.

• « Tu ne comprends pas, Émilie. Vous allez tout détruire. La paix de l’île, notre sécurité… Je fais ce qu’il faut pour protéger tout le monde. »

Rodrigue s’interposa, fixant Bruno droit dans les yeux.

• « Vous protégez quoi exactement ? Un mensonge qui dure depuis des générations ? L’heure est venue de dire la vérité. »

Mais Bruno ne se laissa pas déstabiliser.

• « La vérité, » répondit-il froidement, « est que vous mettez tous nos efforts en péril. Ce robot appartient au passé. Un passé qui n’a plus sa place ici. »

La tension monta d’un cran, et en un instant, la confrontation bascula en une échauffourée. La Flamme se battit avec l’énergie du désespoir, usant de tout ce qu’ils avaient appris au cours des mois de préparation. Rodrigue et Odilon se jetèrent sur les gardes pour tenter de les désarmer, tandis qu’Émilie, Sophie et Lydie usaient de leur agilité pour éviter les coups.

Bruno, malgré son âge, se révélait être un adversaire redoutable, maniant son arme avec une précision calculée. Il semblait intouchable, chaque coup porté par La Flamme étant soigneusement bloqué ou esquivé.

Au cœur du chaos, Émilie se retrouva face à son frère. Ils se dévisagèrent un instant, comme suspendus hors du temps, avant qu’Isidore ne lève son arme.

• « Ne me force pas à faire ça, » murmura-t-il, la voix tremblante.

Émilie ne recula pas.

• « C’est toi qui a fait un choix, Isidore. Un choix contre nous. Contre la vérité. » Elle profita de son hésitation pour le désarmer d’un mouvement rapide, l’envoyant au sol.

Au bout de quelques minutes d’intense combat, La Flamme réussit à repousser les anciens, mais non sans blessures. Bruno s’était replié, mais pas avant de lancer un dernier avertissement :

• « Ce n’est que le début. Vous n’irez pas plus loin sans lourde conséquence. Et ce dès ce soir ! »

Épuisés mais déterminés, La Flamme réussit à se faufiler jusqu’aux falaises de l’Ouest. Devant eux, le robot était là, dissimulé parmi les rochers. Il semblait endormi, une machine silencieuse qui recelait en son cœur des secrets capables de changer leur destinée.

Émilie, encore secouée par sa confrontation avec Isidore, posa une main sur le métal froid du robot.

• « On l’a trouvé. Mais ce n’est que le début. »

Sophie s’approcha et passa un bras autour de ses épaules.

• « On a encore du chemin à faire. Mais ensemble, on peut tout surmonter. »

La Flamme venait de franchir une étape cruciale, mais ils savaient que la lutte ne faisait que commencer. Les anciens ne les laisseraient pas poursuivre leur quête si facilement. Chaque action aurait désormais des répercussions. Mais ils étaient prêts à se battre, à risquer tout ce qu’ils avaient pour la liberté qu’ils désiraient tant.

Il y avait seulement une chose qu'il n'avait pas vérifié avant de prendre un tel risque, et comme l'a dit Bruno, elle n'est pas sans conséquances. Lourdes conséquences, et dès ce soir.