Epilogue Partie 1 : Le Prix de la Liberté
La Flamme avançait prudemment sur le chemin du retour, le robot roulant silencieusement entre eux comme un compagnon de route inattendu. Le groupe était encore secoué par la confrontation avec les anciens, mais l’excitation d’avoir récupéré le robot animait leur esprit. Pourtant, une tension invisible pesait sur eux, comme si le calme de la nuit cachait une menace prête à surgir.
Émilie marchait en tête, son esprit encore tourmenté par son échange avec Isidore. Elle se demandait comment son frère avait pu tourner le dos à tout ce en quoi ils avaient cru, mais elle n’avait pas le luxe de s’attarder sur ces pensées. La Flamme avait réussi à accomplir une mission cruciale.
Enfin presque.
Au détour d’un chemin bordé d’arbres, La Flamme tomba sur une scène qui fit aussitôt monter la tension d’un cran. Devant eux se tenait un groupe de villageois, la plupart armés de bâtons et de torches, leur regard empli de méfiance et de colère. Au centre, quelques anciens observaient la scène avec des expressions sombres, mais ce qui attira immédiatement l’attention d’Émilie fut Lucie, attachée et à genoux, visiblement secouée mais résolue. Sa couverture ne tennait plus et Bruno l'a démasquée, puis pris en otage.
Odilon murmura, les yeux rivés sur les anciens :
- « C’est un piège... Ils nous attendaient. »
Bruno, qui se tenait à l’avant, s’avança avec un sourire froid.
- « Vous pensiez vraiment pouvoir voler ce robot sans conséquences ? Vos actions mettent en péril notre communauté. Il est temps de mettre fin à cette folie. »
Lucie releva la tête, ses yeux croisant ceux de ses camarades.
- « Ne les écoutez pas ! Faites ce que vous êtes venus faire ! »
Mais Bruno leva un doigt et fit signe aux hommes derrière lui. Un des anciens pointa une arme sur Lucie, la menaçant directement.
- « Faites un pas de plus avec ce robot, et elle en paiera le prix. »
La tension était à son comble. Émilie serra les dents, sentant la colère et l’impuissance bouillonner en elle. Lucie avait pris de nombreux risques pour aider La Flamme, et la voir ainsi à la merci des anciens déchirait leur courage. Sophie s’avança d’un pas, mais Rodrigue la retint d’un geste rapide.
- « Qu’est-ce que vous voulez ? » demanda Émilie d’une voix tranchante.
Bruno fit un geste vers le robot.
- « Vous nous le rendez, et on libère Lucie. Continuez dans votre voie de rebelles, et vous en paierez tous le prix. Il est temps de mettre fin à cette mascarade avant qu’il ne soit trop tard. »
Odilon échangea un regard avec Émilie.
- « On ne peut pas céder maintenant. Ce robot est notre meilleure chance de comprendre notre histoire et de faire tomber leur mensonge. Mais en même temps, Lucie... »
Mais les anciens avaient anticipé chaque mouvement.
- « Croyez-vous vraiment pouvoir défier l’ordre établi sans conséquences ? » lança Bruno, son ton glacial. « La Flamme n’est rien de plus qu’une illusion de grandeur. »
Le groupe se tenait immobile, pesant les options. Émilie savait que céder signifierait renoncer à tout ce pour quoi ils avaient lutté, mais perdre Lucie semblait tout aussi insupportable. Chaque seconde semblait une éternité, chaque respiration lourde de décisions qui pourraient changer leur destin à jamais.
Soudain, Lucie, voyant l’hésitation dans les yeux de ses amis, cria avec tout le courage qu’elle pouvait rassembler :
- « Ne vous laissez pas manipuler ! Ils veulent seulement vous briser. Sauvez le robot et continuez la lutte, quoi qu’il arrive ! »
Bruno perdit patience et aboya des ordres à ses hommes.
- « Dernière chance. Vous rendez le robot, ou... »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Dans la confusion, un coup de feu retentit, brisant le silence de la nuit. Tout sembla se dérouler au ralenti. Émilie tourna la tête juste à temps pour voir Odilon se jeter sur Lucie pour la protéger. Mais il n’était pas assez rapide. Une détonation assourdissante résonna, et une silhouette s’effondra.
Lydie poussa un cri étouffé.
- « Non ! »
Sophie, les larmes aux yeux, se précipita en avant, mais Rodrigue la retint à nouveau.
- « On doit partir, maintenant ! »
Odilon resta figé, les mains tremblantes, regardant avec horreur le corps inerte de Lucie. Elle avait été touchée, le coup mortel l’ayant frappée en pleine poitrine. Émilie sentit un frisson glacé lui traverser l’échine. Ils avaient perdu. Perdu une amie, une alliée. Et pire encore, ils avaient perdu l’avantage de leur mission.
Les anciens se reculèrent, laissant La Flamme rassembler leurs forces et fuir avec le poids de l’échec sur les épaules. Le robot, pourtant à portée de main, fut abandonné dans la confusion. La Flamme n’avait plus l’énergie ni les moyens de poursuivre leur lutte en cet instant.
Ils se replièrent dans l’ombre, le cœur lourd et les esprits ébranlés. En silence, ils marchèrent jusqu’à leur repaire, où chaque visage affichait la même expression d’abattement. Les sourires avaient disparu, remplacés par des regards perdus et des larmes non versées.
Émilie, pour la première fois depuis le début de leur combat, se sentit brisée. La mort de Lucie pesait sur sa conscience, tout comme le fait d’avoir laissé le robot entre les mains de leurs ennemis. Sophie tenta de lui offrir du réconfort, mais même les mots doux semblaient creux dans l’obscurité de leur échec.
Au village, la nouvelle de la confrontation s’était déjà propagée. Les habitants regardaient La Flamme avec une suspicion nouvelle, chuchotant sur leur passage. Les anciens n’avaient pas perdu de temps pour manipuler l’histoire, présentant les rebelles comme les responsables du chaos, de la violence, et maintenant, de la mort.
Bruno avait réussi son coup : il avait non seulement récupéré le robot, mais aussi retourné l’opinion publique contre eux. La Flamme était devenue le symbole d’une menace à l’ordre établi. Leur rêve de liberté paraissait plus lointain que jamais.
En rentrant, Émilie sentit le regard accusateur de son propre frère peser sur elle. Isidore se tenait en retrait, observant silencieusement. Ils n’échangèrent pas un mot, mais le fossé entre eux s’était agrandi, insurmontable.
La Flamme se réunissait dans leur repaire, leurs esprits embrumés par la tristesse et le doute. Rodrigue prit finalement la parole, brisant le silence accablant.
- « On a perdu une bataille, mais pas la guerre. On ne peut pas abandonner. Pas maintenant. Lucie ne serait pas morte pour rien. »
Odilon, malgré la douleur de la perte, acquiesça.
- « Nous devons nous relever. Il est temps de trouver un autre chemin, de revoir notre stratégie. La population est contre nous, mais nous savons pourquoi nous nous battons. »
Émilie reprit son souffle, essayant de contenir les larmes qui menaçaient de couler.
- « Pour Lucie... Pour tout ce en quoi nous croyons. Nous trouverons une autre façon de continuer. Ensemble. »
La Flamme venait de vivre un revers terrible, mais l’étincelle de leur détermination ne s’éteindrait pas si facilement. La quête pour la liberté se poursuivrait, même si le chemin devenait de plus en plus dangereux. Ils avaient choisi de se battre pour la vérité, et rien, pas même la mort, ne les ferait reculer.
La Flamme rentre de leur mission avec une amère défaite, marquée par la perte tragique de Lucie et l’abandon du robot tant convoité. Face à une population désormais hostile et manipulée par les anciens, le groupe de rebelles se retrouve isolé, brisé, mais loin d’être vaincu. Tandis que leurs adversaires gagnent du terrain en retournant l’opinion publique contre eux, Émilie et ses camarades savent qu’ils n’ont plus le droit à l’erreur. Avec des alliances brisées, des cœurs déchirés, et la menace constante d’être traqués, ils doivent redoubler d’ingéniosité pour rallumer la flamme de l’espoir. Ce coup porté ne sera pas le dernier : la lutte pour la vérité et la liberté ne fait que commencer, et La Flamme devra surmonter ses pertes pour renaître de ses cendres. Le chemin sera semé d’embûches, mais plus que jamais, le destin de l’île repose sur leurs épaules. La bataille n’est pas terminée — elle ne fait que s’intensifier.
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