Chapitre 4 : Les Masques Tombent

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Les rues de la capitale étaient en effervescence. Des bannières rouges et or flottaient à chaque coin de rue, rappelant à tous que ce jour n’était pas comme les autres. La grande fête nationale approchait, célébrant la grandeur de Magnus et la suprématie de l’État. Des foules s’agitaient, des familles se pressaient pour apercevoir le défilé militaire qui s’annonçait grandiose. Pour beaucoup, cette journée était une tradition : une occasion d’oublier la dureté de la vie quotidienne, de se laisser emporter par la fierté patriotique. Mais pour le Réseau Libre, c’était une opportunité unique de frapper le régime en plein cœur.

Dans une cave sombre à l’écart des festivités, Elara et ses alliés préparaient leur coup depuis des semaines. La pièce exiguë était envahie par les murmures d'excitation mêlée d'appréhension. Des cartes de la ville jonchaient les tables, marquées de points stratégiques où chaque membre du groupe devait se positionner. Le plan était risqué, peut-être même suicidaire, mais l’impact d’une telle action était inestimable. Ce soir, les vérités que le régime s'efforçait de cacher depuis des décennies seraient projetées en plein jour.

Elara, le visage marqué par la fatigue, observait les visages autour d’elle. Chacun portait son lot de peurs et de doutes, mais la détermination les animait tous. Ce soir, ils allaient montrer au peuple que Magnus n’était pas invincible. Que la résistance vivait. Que la vérité était plus forte que la peur.

— N’oubliez pas pourquoi nous faisons ça, lança Elara d’une voix ferme. Nous ne sommes pas là pour nous glorifier. Nous sommes là pour révéler ce qu’ils cachent, pour rappeler à chacun que la liberté est notre droit.

Le groupe hocha la tête en silence. Les derniers ajustements furent faits, et chacun se dispersa vers sa mission. Leur cible : les écrans géants installés sur la place principale, utilisés pour projeter des images de propagande glorifiant Magnus et ses « exploits ».

Alors que le crépuscule tombait, les festivités battaient leur plein. Des acrobates exécutaient des numéros spectaculaires sous les applaudissements, et les militaires défilaient fièrement en uniforme impeccable. Les écrans diffusaient les habituelles images de puissance et de contrôle, vantant la prospérité et l’unité sous la bannière de l’État.

À distance, cachés dans l’ombre, Elara et ses compagnons attendaient le moment précis. Kevien, expert en technologie et infiltré dans le système de diffusion, fit un signe discret. **“On est prêts,”** murmura-t-il à travers l’oreillette.

  • C’est maintenant ou jamais, répondit Elara, son cœur battant à tout rompre.

D’un geste calculé, Kevien activa la séquence piratée. Les écrans s’éteignirent soudainement, plongeant la place dans un silence étrange, avant de se rallumer avec une vidéo inédite. Ce n’était plus la propagande habituelle, mais des images troublantes de misère, de brutalité policière, de familles déchirées par le régime. Puis, l’inimaginable : des images floues des exilés sur l’île, prouvant l’existence de ceux que Magnus avait rejetés.

Les visages dans la foule passèrent de la confusion à la stupéfaction, puis à l’indignation. Le Réseau Libre avait réussi à faire tomber le masque de l’État. Un message audio accompagna les images :

— Citoyens, ceci est la vérité que Magnus vous cache. Ceux qui résistent sont torturés ou tués. Ceux qui ne se conforment pas sont exilés. Rejoignez-nous dans la lutte pour la liberté.

Les murmures de la foule s’amplifièrent, un tumulte croissant que les agents de sécurité tentèrent de contenir sans succès. Les gens regardaient autour d’eux, abasourdis, cherchant des réponses là où il n’y en avait pas. L’illusion d’un régime parfait venait de se fissurer.

Mais cette victoire éphémère avait un prix. Les forces de sécurité réagirent avec violence, balayant la place à la recherche des responsables. Elara et son groupe avaient prévu cette réaction. Tandis que la panique s’installait, ils se glissèrent discrètement hors de la zone, tentant d’échapper à la marée humaine en furie.

Odilon, en couverture près des bannières, échangea un regard avec Elara. Ils nous pourchassent déjà, dit-il, essoufflé.

  • On savait que ça finirait comme ça, répondit-elle, tentant de garder son calme. Mais on a réussi, Odilon. On a frappé un grand coup.

La fuite fut chaotique. Chaque ruelle devenait un piège potentiel, chaque visage inconnu une menace. Ils coururent sans se retourner, se séparant en petits groupes pour échapper à la traque qui s’organisait. L’adrénaline pulsait dans leurs veines, les gardant en mouvement malgré la peur.

À l’abri dans un vieil entrepôt abandonné, Elara fit le compte de ses membres. Tous n’étaient pas là, et le silence des absents pesait lourdement sur ceux qui avaient réussi à s’échapper. La réalité de leur acte commençait à s’imposer : ils avaient défié l’État ouvertement, et les représailles allaient être brutales.

Soudain, des pleurs éclatèrent dans un coin de la pièce. C’était Lydie, recroquevillée, secouée de sanglots silencieux. Elle venait de réaliser que l’un des leurs, Jonas, n’était pas rentré. Il avait été capturé pendant l’opération, victime de la traque implacable de Magnus.

Elara s’approcha et posa une main sur l’épaule de Lydie. "Nous ne l’abandonnerons pas", murmura-t-elle, mais elle savait que ses mots sonnaient creux. À cet instant, elle comprit que la lutte pour la liberté allait demander bien plus de sacrifices qu’ils ne l’avaient imaginé.

Dans les bureaux luxueux du palais, Julius observait la scène avec une satisfaction froide.

  • La résistance a montré son visage, dit-il à ses conseillers. Et nous allons les écraser pour ça.

La fête nationale, censée être une démonstration de puissance, s’était transformée en un champ de bataille psychologique. Le peuple avait vu la vérité, mais la peur de l’État restait omniprésente. Elara savait qu’ils avaient ouvert une brèche, mais elle ignorait encore si celle-ci mènerait à la liberté ou à leur perte.

La guerre contre Magnus venait de prendre un nouveau tournant, et pour le Réseau Libre, chaque pas vers la liberté allait désormais se faire en terrain miné.

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