Chapitre 6 : La Double Vie de Lydia

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Les rues de la capitale étaient calmes en apparence, mais l’effervescence des événements récents bouillonnait encore sous la surface. Après le fiasco du mariage, où le Réseau Libre avait exposé les mensonges du régime à travers la ville, Lydia se trouvait piégée dans une vie qu’elle haïssait. Officiellement, elle était devenue l’épouse de Julius, un symbole d’union et de stabilité pour le régime. Mais dans l’ombre, un tout autre plan prenait forme.

Assise dans sa chambre somptueusement décorée, Lydia contemplait la vue depuis la fenêtre, ses pensées tournées vers ce qu’elle avait à faire. Le pouvoir qui l’entourait, les faux sourires et les promesses creuses, tout cela l’écœurait. Depuis son enfance, elle avait été forcée de suivre la volonté de son père, Magnus, le grand dirigeant. Aujourd'hui, mariée à Julius, son existence semblait se résumer à être une marionnette, manipulée pour maintenir l'illusion de grandeur de l’État.

Mais Lydia avait toujours été plus que cela. La rage qui l’habitait depuis des années, alimentée par les injustices et les mensonges du régime, l’avait poussée à prendre une décision radicale. Elle était prête à trahir son père, son mari, et tout ce qu’ils représentaient. Une vengeance froide, soigneusement planifiée, se préparait sous la surface de son apparente obéissance.

Quelques jours après le mariage, elle reçut un message codé, dissimulé dans une des décorations florales qui ornaient sa chambre. Le Réseau Libre la contactait enfin. Depuis leur tentative de sabotage du mariage, Elara et son groupe avaient été contraints de se terrer, traqués par la Garde Silencieuse, mais ils n’avaient pas abandonné. Lydia se souvenait encore de la voix d’Elara, pleine de détermination, lorsqu’elle lui avait proposé une alliance secrète avant la cérémonie.

Elle s’était jurée de détruire le régime de l’intérieur, d’aider le Réseau Libre à tout prix. Le mariage avec Julius lui offrait désormais une position idéale pour espionner les mouvements de la Garde Silencieuse, accéder à des informations cruciales, et saboter les plans de son propre père.

La première réunion secrète avec Elara eut lieu dans une maison abandonnée, en périphérie de la capitale. Lydia s’était assurée que Julius la croyait en train de rencontrer d’autres épouses de hauts dignitaires pour des "discussions sociales" insipides. Sous la protection de la nuit, elle rejoignit discrètement le quartier général improvisé du Réseau Libre.

— Tu es venue, déclara Elara, surprise et pourtant soulagée de la voir.

Lydia, dont le visage restait aussi froid que l’acier, hocha simplement la tête.

— Je n’ai pas d’autre choix. Mon père m’a forcée dans cette vie, mais je ne suis pas dupe. Je veux l’abattre, lui et Julius. Si je peux vous aider à faire tomber ce régime, je le ferai.

Elara observa Lydia, cherchant à lire dans ses yeux une trace de mensonge, mais elle n’y trouva que de la détermination. Si Lydia jouait un jeu dangereux, elle semblait en avoir pleinement conscience.

— Nous allons agir prudemment, dit Elara, mais sache que si tu te fais attraper, personne ne pourra te sauver. Tu es prête à prendre ce risque ?

— J’ai déjà tout perdu, répondit Lydia avec amertume. Ce n’est qu’une question de temps avant que cette vie me consume. Autant partir en combattant.

La première mission de Lydia fut de fournir des informations sur les déplacements de Julius et des unités d’élite de la Garde Silencieuse. Grâce à sa proximité avec le pouvoir, elle savait exactement quand et où les forces du régime seraient déployées. En utilisant des rendez-vous banals avec Julius comme couverture, elle parvint à subtiliser des informations sensibles, qu’elle communiquait ensuite à Elara lors de leurs réunions secrètes.

Cette alliance clandestine mit rapidement en péril plusieurs opérations du gouvernement. Les attaques surprises prévues contre des caches du Réseau Libre échouèrent, car Lydia avait prévenu Elara à l’avance. La Garde Silencieuse commença à suspecter une fuite, mais Julius, aveuglé par son ego et sa confiance en sa jeune épouse, ne soupçonna pas une seule seconde que la trahison venait de chez lui.

Pourtant, la tension était palpable. Chaque jour, Lydia risquait d’être découverte. Julius, qui passait de plus en plus de temps à superviser la répression des dissidents, revenait parfois à la maison avec un air suspicieux, bien que toujours doux avec elle. Il semblait pressentir quelque chose sans pouvoir mettre le doigt dessus.

— Tu sembles distante, Lydia, lui dit-il un soir, alors qu’ils dînaient ensemble. Tout va bien ?

Lydia lui offrit un sourire forcé, parfaitement maîtrisé.

— Je suis simplement fatiguée par toutes ces responsabilités. Ce mariage est si récent. Je m’adapte encore.

Julius hocha la tête, mais Lydia savait que les mensonges qu’elle tissait se resserraient peu à peu autour d’elle. Le filet se tendait, et un faux pas suffirait à tout faire basculer. Mais elle ne pouvait plus reculer. Trop de vies dépendaient désormais de ses actions.

Les jours suivants, les opérations de sabotage se multiplièrent. Le Réseau Libre réussit à frapper plusieurs cibles stratégiques, et chaque victoire était en grande partie due aux informations que Lydia leur fournissait. Mais cette double vie commençait à peser sur elle. La peur de se faire découvrir grandissait, et chaque interaction avec Julius devenait un jeu d’équilibriste.

Un soir, après une autre réunion secrète avec Elara, Lydia retourna chez elle, le cœur battant. Alors qu’elle traversait le grand hall de la résidence, elle croisa son père, Magnus, dont le regard la transperça.

— Comment te sens-tu, ma fille ? demanda-t-il d’un ton glacial.

— Je fais de mon mieux, père, répondit-elle, tout en maîtrisant parfaitement son expression. Ce mariage est un nouveau chapitre de ma vie. Il me faut du temps.

Magnus ne répondit rien, mais son silence était plus lourd que des mots. Lydia sentit son cœur se serrer. Elle avait l’impression que son père savait tout, qu’il pouvait voir à travers elle. Mais il ne la confronta pas ce soir-là. Au lieu de cela, il se contenta d’un sourire sinistre avant de disparaître dans les couloirs du palais.

Lydia comprit alors que son temps était compté. Si elle voulait frapper un coup décisif contre son père et Julius, ce devait être bientôt.

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