Chapitre Hors-Série I - 1

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Sous les Étoiles

La nuit était tombée sur l’île, enveloppant les ruelles de son manteau étoilé. Le silence, seulement perturbé par le bruit lointain des vagues, apportait un rare moment de paix dans un monde tourmenté. Sur le toit d’un vieux bâtiment abandonné, Sophie et Emilie s’étaient réfugiées, loin des regards indiscrets et des responsabilités oppressantes de La Flamme. Ce lieu, bien qu’oublié de tous, était devenu leur coin secret, un espace hors du temps où elles pouvaient enfin se retrouver.

Emilie était allongée sur le dos, les yeux perdus dans la contemplation du ciel. Ses pensées, d’ordinaire accaparées par la résistance, se laissaient ce soir emporter par une douce rêverie. Sophie, assise à ses côtés, jouait nerveusement avec une mèche de ses cheveux, cherchant les mots qui lui échappaient. Depuis leur première déclaration, une nouvelle dynamique s’était installée entre elles, faite de regards complices et de sourires volés, mais aussi de non-dits qui pesaient parfois lourdement.

“C’est si calme ici,” murmura Emilie, rompant le silence. “J’aimerais que tout soit toujours aussi simple.”

Sophie tourna la tête vers elle, son cœur battant un peu plus fort. “Oui, mais je crois que c’est ce calme qui rend ces moments si spéciaux,” répondit-elle doucement. “Parce qu’ils sont rares… et précieux.”

Emilie sourit, un sourire à la fois doux et triste. Elle savait que chaque instant volé à la guerre qu’elles menaient était un cadeau fragile, menacé de s’effriter à tout moment. Pourtant, ce soir, elle voulait s’accrocher à cet instant avec Sophie, loin des responsabilités, loin des attentes.

Sophie se rapprocha doucement, ses doigts frôlant timidement la main d’Emilie. Ce simple contact électrisa l’air entre elles, comme une promesse chuchotée. Emilie se redressa légèrement, croisant enfin le regard de Sophie. Ses yeux brillaient d’un mélange d’appréhension et de tendresse, et pour un instant, le reste du monde sembla s’éclipser.

“Je… je sais que ce n’est pas le moment,” commença Sophie, hésitante, “mais je ne peux pas m’empêcher de penser à nous, à ce que ça pourrait être si…” Elle laissa sa phrase en suspens, ne sachant comment exprimer l’intensité de ses sentiments.

Emilie prit une profonde inspiration, sentant le poids de ce moment. Depuis qu’elles s’étaient rapprochées, Emilie avait trouvé en Sophie un refuge qu’elle n’avait jamais soupçonné. Mais cette proximité lui faisait aussi peur. Peur de perdre, peur de décevoir, peur de trop espérer dans un monde qui brisait tout ce qui était beau.

“Je sais, Sophie,” répondit Emilie en lui serrant doucement la main. “Je ressens la même chose. Mais je veux que tu saches que ce qu’on a, ça compte pour moi. Plus que tout le reste.”

Les mots d’Emilie réchauffèrent le cœur de Sophie, et sans réfléchir davantage, elle se pencha et déposa un léger baiser sur ses lèvres. C’était doux, timide, un geste innocent mais chargé de tout ce qu’elle n’arrivait pas à dire. Emilie répondit à ce baiser, se laissant emporter par la simplicité de ce moment où rien d’autre ne comptait.

Lorsqu’elles se séparèrent, un sourire complice étirait leurs lèvres. Sophie s’allongea à son tour, posant sa tête sur l’épaule d’Emilie. Elles restèrent ainsi, blotties l’une contre l’autre sous le ciel étoilé, savourant la quiétude de la nuit. Ce n’était pas grand-chose, juste un instant volé au chaos, mais pour elles, c’était tout.

“Promets-moi qu’on aura encore des moments comme celui-là,” souffla Sophie en fermant les yeux, profitant de la chaleur rassurante d’Emilie contre elle.

“Je te le promets,” répondit Emilie sans hésiter, serrant Sophie un peu plus fort. “Peu importe ce qu’il se passe, je te trouverai toujours. Et on aura encore des nuits comme celle-ci.”

Ce soir-là, le monde pouvait bien continuer de tourner, avec ses guerres et ses luttes. Sous ce ciel infini, Sophie et Emilie avaient trouvé un coin de paradis rien qu’à elles, une bulle de douceur où leurs cœurs pouvaient battre à l’unisson, loin des batailles et des souffrances. C’était peut-être éphémère, mais c’était vrai, et pour elles, c’était déjà beaucoup.

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