La nuit est noire et sans espoir

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— … et sa présence me manque*, baragouina Salomé dans son sommeil.

Sa mère repoussa doucement la porte, impuissante. Les nuits de sa fille étaient bien souvent agitées. Aude devinait à qui elle pensait en prononçant ces mots dans l’inconscience de son sommeil. Elle eut envie de pleurer.

Au moment où sa fille était rentrée en début de soirée, Aude avait compris à son air chagrin que quelque chose s’était produit à l’école. Elle avait tenté en douceur d’en savoir plus, mais avait abandonné devant les réponses sèches de l’adolescente. L’adulte ne bataillait plus quand celle-ci n’était pas d’humeur.

Après le déménagement, Aude avait perçu un mieux dans la vie de sa fille et espéré un nouveau départ. Puis Salomé avait rechuté. L’hospitalisation avait détruit une partie des espoirs de sa mère qui la voyait s’étioler au fil du temps. Le jour où elle l’avait conduite aux urgences coïncidait avec la date fatidique où l’indicible était arrivé, deux ans plus tôt. Aude avait refoulé sa peine pour ne pas l’ajouter à celle de sa fille, mais Dieu que c’était difficile !

Aude tressa sa chevelure d’ébène avant de se glisser dans son lit vide de la présence de son ex-mari qui avait quitté le giron familial. Elle lui en voulait de son manque de courage, d’avoir ajouté à leur détresse. La fuite avait été sa façon de réagir face au drame qui les avait fracassés et éloignés. Elle serra un coussin contre elle, essuya une larme et avala un tranquillisant qui l’emporta dans un sommeil sans rêves.

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Mercredi 23 mai 2012

— Je m’excuse… pour hier, dit Salomé quand son ami la retrouva dans la cour au petit matin.

En repensant à la veille, Arsène visualisa de nouveau la baffe qu’il s’était prise par son père. Celui-ci avait passé une journée exécrable à son travail, selon ses dires.

— Tiens, tu l’as pas volée, celle-là, s’était justifié Roger.

L’enfant battu cherchait encore en quoi il avait mérité une gifle. En remontant le temps, il comprit que Salomé faisait allusion à sa subite envie de l’embrasser.

— Ah ! réagit-il avec un temps de retard. Ben, euh… de rien. Enfin, je veux dire… merci. Non ! Euh…

« Que m’a-t-elle dit déjà ? »

— Laisse tomber, lui indiqua Salomé qui comprit qu’elle l’embarrassait plus qu’autre chose. Tu me feras signe quand tu seras prêt, hein ? En attendant, je peux t’appeler « p’tit frère » ?

— Bien sûr ! s’exclama-t-il tout sourire.

C’était la première fois que quelqu’un lui donnait un surnom amical. Salomé retrouva elle aussi le sourire. Voir son visage s’illuminer ainsi rendit Arsène heureux et balaya en partie la culpabilité qui le rongeait.

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