Oui, je suis libre
— Oui, je peux vivre* maintenant, conclut Arsène.
Même s’il était sûr que ses amis avaient compris la nature de ses plaies aux cuisses, il leur avait tu les scarifications. Cela, il le garderait pour lui et peut-être pour la psychologue. Aude lui avait obtenu un rendez-vous rapidement, dans la semaine à venir.
— T’as eu de la chance qu’il ne te soit rien arrivé de grave pendant les nuits, commenta Salomé en essuyant ses yeux.
— Quand je pense que t’as croisé Julien, lâcha Lucas, et qu’il m’a pas prévenu !
— Il ne souhaitait peut-être pas te donner de faux espoirs, supposa Arsène. Cet homme a l’air gentil.
— C’est une crème. Il est spécialisé dans toutes les affaires qui concernent les mineurs, alors c’est lui qui va gérer ton dossier. Au fait…
Lucas sortit le carnet de poèmes d’Arsène et le lui rendit. Son ami le feuilleta distraitement. Les mots lui semblaient être écrits une éternité plus tôt. Il se sentait si loin de la vie qui avait été la sienne une dizaine de jours auparavant. Depuis qu’il savait qu’il irait dans un autre foyer, il se sentait apaisé et plus libre qu’il ne l’avait jamais été.
Salomé, briefée par sa mère, avait consenti à ne rien dire quant à leur proposition de se constituer comme famille d’accueil. Elle avait un peu fait la tête, mais dans l’intérêt d’Arsène, elle s’était résignée.
— Avec Salomé, on a décidé de te donner nos cadeaux d’anniversaire en avance, dit Lucas.
— On préfère que tu en profites tout de suite, précisa la jeune fille en retirant deux paquets du tiroir de son bureau.
Arsène les remercia et déchira le papier de celui que lui offrait Lucas. Une petite boîte en carton apparut. Au-dedans, dans un lit de papier bulle, dormait une boussole en laiton, ornée d’une rose des vents.
— Pour que je ne me perde plus, c’est ça ? s’amusa Arsène en faisant tourner l’objet dans sa main.
— T’as tout compris ! sourit Lucas.
Arsène apprécia le clin d’œil de son ami à l’une de leurs conversations.
— Merci !
Dans le paquet de Salomé, ce qui se cachait à l’intérieur était léger et mou. Intrigué, il déchira le papier cadeau rouge et or. Un pelage se dévoila, puis un lapin blanc en peluche sortit sa tête de l’emballage.
— Je l’adore ! affirma-t-il en le serrant dans ses bras. Ainsi, je penserai tout le temps à toi avant de dormir.
¯
À nos tristesses passées
À celles à venir
Car vous serez là
Car je serai là
À nos joies passées
À celles à venir
Car vous serez là
Car je serai là
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