Chapitre 30
Alexis
A l'occasion de ce séjour parisien, j'ai quand même plusieurs objectifs à l'esprit. La raison principale et qui arrive largement en tête est bien sûr de voir Layla, de passer le plus de temps possible avec elle. La deuxième sera de faire un saut chez moi pour récupérer des affaires. La troisième, c'est de présenter Layla aux personnes qui vivent ici et sont les plus proches de moi, à savoir Bruno et Adèle, et Pauline et Aglaé. Bruno est d'astreinte ce week-end et nous avons donc convenu de nous voir vendredi soir prochain : ils nous ont invités à dîner chez eux, à Saint-Maur.
Quant à Pauline et Aglaé, se voir sera à la fois plus facile et plus compliqué. Plus facile dans le sens où elles habitent dans Paris-même, pas très loin de la Gare Montparnasse, dans un HLM des plus anonymes. Et plus compliqué parce que Pauline refusera une invitation au restaurant ou même chez moi. Ce samedi après-midi, après le déjeuner et une sieste crapuleuse, Layla et moi partons nous promener dans les allées du bois de Boulogne. Les arbres portent encore leurs couleurs d'automne, toutes les feuilles ne sont pas tombées, et c'est agréable, car il fait plutôt beau. Même si la ville est là, tout autour. Cela fait du bien de profiter d'un petit coin de nature.
J'entame la conversation au sujet de Pauline et Aglaé, ne sachant pas trop comment faire pour les voir.
- Layla, j'ai reçu un message de Bruno. C'est donc d'accord pour vendredi soir chez eux, si ça te convient toujours.
- Oui, bien sûr ! Je suis heureuse de faire leur connaissance. Mais tu m'avais dit que tu voulais voir aussi l'ancienne compagne de ton père et sa fille...
- Oui, mais c'est délicat.
- Explique-moi, fait-elle, intriguée, en fronçant légèrement des sourcils.
- Pauline n'a pas de gros revenus. Elle habite en HLM et se démène comme elle peut pour boucler ses fins de mois. Elle est très courageuse, papa avait mis beaucoup de temps à ce qu'elle accepte de venir habiter avec lui et presque plus à ce qu'il puisse l'aider financièrement. J'aurais aimé les inviter dans un petit restaurant, simple, tu vois ? Sauf que je sais qu'elle va refuser que je paie l'addition.
- Et l'inviter chez toi ou chez moi, c'est délicat, n'est-ce pas ?
- Oui. Pourtant, je sais qu'elles seraient heureuses de nous voir. J'avais parlé de toi à Pauline, tu sais.
Elle sourit. Puis je la vois se plonger dans une profonde réflexion.
- Est-ce qu'on pourrait proposer une sortie ? Par exemple, une balade dans un parc, ou alors d'aller au muséum d'histoire naturelle, voir la galerie de l'évolution. Est-ce que tu sais si Aglaé l'a déjà vue ?
- Je ne pense pas. Mais ça peut être une idée, oui.
- Et c'est juste à côté du Jardin des plantes, on pourra toujours leur offrir un chocolat chaud et un goûter dans un petit café voisin, sans que cela fasse trop.
- Je pense que cela, Pauline acceptera. Et Aglaé sera contente. C'est une petite fille qui est très curieuse, vive et intelligente.
- Elle pourrait bien s'entendre avec mes neveux, même si elle est un peu plus âgée que Jacob. Si ça se trouve, c'est avec Maxime qu'elle parlerait le plus. Lui aussi est curieux de tout et en avance sur son âge, sourit-elle avec tendresse. Alors, propose-leur cette sortie.
Et le soir-même, alors que Layla s'active dans la cuisine, m'ayant interdit d'y mettre les pieds sous prétexte qu'elle veut m'offrir un repas digne de ce nom et me prouver qu'elle sait préparer autre chose que des salades, même sans l'aide de Nadine, j'appelle donc Pauline. Et nous nous mettons d'accord pour le lendemain.
**
Au cours du repas, alors que nous terminons notre part de quiche aux petits légumes - avec une pâte faite maison -, Layla marque un petit temps de silence dans notre conversation. Puis elle redresse la tête, repousse d'un geste ses cheveux sur ses épaules et me demande :
- Alexis... Je me doute que c'est délicat, mais... Est-ce que tu peux me parler un peu plus de Pauline ? De ton père ?
Je la fixe un moment, puis baisse les yeux vers mon assiette, tournant ma fourchette autour de la bouchée que je m'apprêtais à prendre. Je la dépose finalement sur le côté, prends mon verre de vin et déguste une gorgée. Je croise alors les mains au-dessus de mon assiette, les coudes plantés de chaque côté.
- Je peux t'en parler... En fait, je ne sais pas trop par quoi commencer. Même le début sonne bizarrement...
Elle m'encourage d'un sourire, elle aussi a reposé ses couverts sur la table. Je reprends :
- Mes parents ont formé un couple bancal, dès le début. Pas vraiment bien associés, mais ma mère s'est retrouvée enceinte par accident et ils se sont mariés. Ils ont tenu cahin-caha. Enfin... Même ça, ce n'est pas juste. Parce que papa était profondément amoureux d'elle, alors qu'elle... Beaucoup moins. Il a fait ce qu'il a pu, mais finalement, à la faveur d'un déplacement en Allemagne, elle a rencontré celui qui allait devenir mon beau-père et que je connais à peine. S'est alors engagée une assez longue procédure de divorce, longue surtout parce que ma mère s'était installée en Allemagne et que c'était un peu compliqué pour toute la paperasse et longue parce que mon père voulait conserver ma garde. J'étais encore très jeune, mais je voulais rester à Paris : j'y avais mes copains, mes habitudes. Et mon père. Il a fini par obtenir ma garde et le divorce a été prononcé alors que j'avais un peu plus de quatorze ans. Pendant de longues années, nous avons vécu seulement tous les deux. Il a mis du temps à faire son deuil, à accepter la séparation. Je ne sais pas trop ce qu'il a connu, s'il a fait quelques rencontres ou pas. Sans doute que oui, mais j'étais ado et je ne prêtais pas forcément attention à tout cela. Puis j'ai entamé mes études de médecine. Les trois premières années, je vivais encore chez lui, puis j'ai pris une colocation avec Bruno, Adèle et deux autres amis qui étudiaient aussi en fac de médecine. C'était un appartement plus proche de la faculté pour nous tous et la colocation rendait le loyer finalement peu élevé. Cela arrangeait tout le monde, nous avions aussi plus de liberté qu'en restant chez nos parents respectifs. Papa me versait un peu d'argent tous les mois et je donnais des cours de soutien à des collégiens et des lycéens, j'arrivais à me débrouiller. Et l'été, j'encadrais des jeunes en colonies de vacances.
- Tu t'en sortais quand même ?
- Oui. Et puis, tu sais, on prenait facilement nos repas au restaurant universitaire. Ce n'était pas forcément très bon, mais ce n'était pas cher et ça nous "calait le bide". Ca faisait le job, dirait-on, souris-je.
- Je vois, sourit-elle en retour.
- Bref, tout cela nous éloigne un peu... Papa a fait la connaissance de Pauline alors que j'entamais ma sixième année d'études. J'avais vingt-cinq ans, elle en avait vingt-huit, Aglaé avait à peine deux ans et papa... cinquante-deux. Ca résume déjà bien la situation.
- Pas évident en effet, un tel écart.
- C'est une des raisons pour lesquelles, je pense, ils ont mis beaucoup de temps à "s'apprivoiser", elle et lui. Et ça s'est fait tout doucement, très progressivement. Cela faisait déjà plusieurs mois qu'ils se fréquentaient quand papa me les a présentées. Moi, je m'en fichais qu'elle soit plus de ma génération que de la sienne. Je ne voyais qu'une chose : mon père avait retrouvé le sourire, il reprenait goût à la vie. Et Aglaé, c'était un petit rayon de soleil quand il la voyait. En plus, je n'habitais plus avec lui, comme je te le disais, donc je me moquais bien que Pauline et Aglaé emménagent avec papa, dans un délai plus ou moins proche.
- Et c'est ce qui s'est passé ?
- Oui. Elle a finalement accepté d'habiter avec lui.
Je marque un temps de silence. L'histoire était jolie... mais la fin brutale. Je reprends une gorgée de vin, repose mon verre sur la table et le fais tourner lentement, le regard perdu dans le liquide grenat. La main de Layla vient se poser tendrement sur la mienne. Je relève les yeux vers elle. Je sens que mes larmes ne sont pas loin, pourtant, elle a raison : à part Adèle et Bruno, et ma tante, personne n'a jamais entendu la fin de l'histoire.
- C'est Pauline qui a trouvé papa. Un midi en rentrant du travail. Elle fait des ménages et commence très tôt le matin, mais vers 13h, elle avait terminé et rentrait à la maison. Normalement, papa déposait Aglaé à l'école et partait travailler ensuite. Mais ce matin-là, pour une raison qu'on ignorera toujours, après s'être occupé de la petite, il est revenu à l'appartement. Avait-il oublié quelque chose ? C'est possible. C'est l'explication la plus logique. Elle l'a trouvé étendu par terre, dans le salon. Il avait encore les clés de l'appartement à la main et était habillé comme pour sortir. Il a fait une crise cardiaque. Le truc qui ne prévient pas et si tu es seul, tu y passes.
- Bon Dieu... fait Layla en ouvrant de grands yeux et en étouffant son exclamation. C'est...
- ... Horrible. Oui. Elle a paniqué, elle m'a appelé. J'étais heureusement chez moi, je ne travaillais pas ce matin-là, et j'ai fait aussi vite que possible. Mais il n'y avait plus rien à faire. Je lui avais dit d'appeler les secours, que j'allais mettre du temps à venir. Quand je suis arrivé à l'appartement, les pompiers étaient déjà là ainsi qu'un médecin pour constater le décès.
- Il était jeune encore...
- Oui. Il allait avoir cinquante-sept ans.
Layla secoue la tête. Evoquer mon père la renvoie elle aussi vers l'accident vasculaire cérébral dont le sien a été victime. Mais il en a réchappé, heureusement pour lui.
- Après... dis-je d'une voix sourde avant de me racler la gorge pour poursuivre, après, ça a été très dur. Il a fallu gérer le deuil, pour Aglaé qui était si petite et ne comprenait pas. Elle a longtemps fait des cauchemars, mais ça va mieux. Puis il y a eu tout le matériel, le quotidien. Papa était presque propriétaire de son appartement, mais il restait encore trois années de remboursements à verser. Pauline n'avait pas les revenus suffisants pour y demeurer et je ne pouvais pas l'y aider. J'ai fait mettre l'appartement en vente, ce qui m'a permis de rembourser la banque, quelques autres frais et de placer l'argent. Pauline est venue habiter durant quelques mois chez moi. Puis elle a finalement pu obtenir une place en HLM, mais comme toujours, à une situation douloureuse s'ajoutent des soucis matériels et tu as l'impression de perdre pied, de ne pouvoir te raccrocher à rien. Les services sociaux te baladent de bureaux en bureaux, de formulaires en formulaires. Tu vois passer des gens qui ont plus que toi et qui ont droit à tout, et à toi on te répond que non, tu gagnes trop pour avoir droit à telle aide... Alors que tu ne manges qu'un repas par jour pour que ta fille, elle, puisse faire ses trois repas. Je t'en passe et des meilleures. Papa avait mis un peu d'argent de côté, en disant qu'une fois à la retraite, il revendrait l'appartement et il achèterait une petite maison à la campagne, peut-être en Normandie pour se rapprocher de sa sœur, ou dans un autre endroit où ce ne serait pas trop cher et où ils seraient bien, tous les trois. C'est moi qui ai hérité de cet argent et pourtant, je pensais que Pauline et Aglaé y avaient autant droit que moi : c'était pour elles qu'il faisait cet effort-là, pas pour moi. Moi, il m'avait déjà élevé, il m'avait déjà apporté ce dont j'avais besoin. J'avais passé mon diplôme, je commençais à travailler. Je pouvais me débrouiller.
- Elle n'en a pas voulu...
- Tu as bien compris. Alors j'ai rusé. J'ai demandé conseil au notaire qui s'était occupé de la succession et il m'a proposé la solution de l'assurance-vie. Je plaçais la somme que je voulais sur un compte, au nom d'Aglaé. C'est ce que j'ai fait et depuis, j'ajoute chaque mois un versement pour elle. Pour l'aider plus tard.
- C'est généreux, Alexis... me dit Layla avec les yeux humides.
Sa voix est douce, comme une caresse, comme son regard aussi, d'ailleurs. Et ça me fait du bien après avoir évoqué ces moments douloureux.
Layla
En ce frais début d'après-midi de novembre, Alexis et moi attendons tranquillement devant l'entrée du Muséum d'Histoire Naturelle. Cela fait longtemps que je n'y suis allée. Je suis donc bien curieuse de faire cette visite, mais aussi curieuse de faire la connaissance de Pauline et d'Aglaé. J'avais été surprise, quand Alexis les avait mentionnées la première fois, au tout début de l'été. C'était un peu avant que je ne parte au Japon, il m'avait écrit dans un message qu'il venait de recevoir des nouvelles de l'ancienne compagne de son père et qu'elle avait accepté de venir passer quelques jours de vacances à Antraigues, avec sa fille. Il ne m'en avait rien dit de plus et je me demandais si cette enfant était la demi-sœur d'Alexis ou pas. Pourtant, il m'avait mentionné qu'il était fils unique...
Je ne m'étais pas trop arrêtée à cela, mais quand j'avais vu la photo d'Aglaé avec ses petits cailloux, j'avais vraiment été surprise : elle était beaucoup plus jeune que je ne le pensais ! Et je m'étais alors demandé si sa mère aussi était jeune... J'en avais ressenti une petite pointe de jalousie, ce qui m'avait agacée, même si je n'imaginais pas trop qu'une aventure soit possible entre Alexis et cette femme, Pauline. Mais après tout, Alexis et moi nous nous connaissions encore bien peu et à l'époque, j'ignorais beaucoup de choses de lui !
Aujourd'hui, c'est dans un état d'esprit totalement différent que je m'apprête à faire leur connaissance. D'une part, notre relation à Alexis et moi a évolué, nous nous sommes avoué nos sentiments et nous avons à l'esprit de faire notre possible pour construire notre histoire, quand bien même il n'a pas encore trouvé de stabilité professionnelle - même si cela avance bien sur ce plan avec le projet d'installation à Antraigues -, et que moi-même, j'ai de gros projets en tête pour mon entreprise. Tout cela bouillonne beaucoup pour moi, mais j'avoue que j'aime assez cela : relever des défis ne me fait pas peur, faire des choix non plus. J'espère juste pouvoir pleinement y associer Alexis dans les années à venir.
D'autre part, les confidences qu'il m'a faites au sujet de son père, de la relation que ce dernier a eue avec Pauline, le soutien financier discret mais réel qu'Alexis lui apporte, forcent aussi mon admiration. Pour cette femme que je ne connais pas encore, mais qui lutte pour élever seule sa fille, porter son deuil, se reconstruire. Et pour la générosité d'Alexis dont je reçois, avec cet exemple, une preuve supplémentaire. Si le médecin prend soin du corps de ses patients, l'homme veille aussi sur l'âme de ses proches.
- Les voilà, me dit Alexis en tendant le bras vers deux silhouettes qui s'approchent, en traversant les allées devant nous.
Il me prend la main et nous faisons quelques pas en leur direction, jusqu'à ce que la petite fille lâche celle de sa mère et se mette à courir en reconnaissant Alexis. Elle lui saute dans les bras, il parvient à la tenir quelques secondes avant de la reposer au sol. Puis il se tourne vers moi et dit :
- Aglaé, je te présente Layla.
- Bonjour, Aglaé, dis-je en souriant. Tu vas bien ?
- Bonjour, Layla ! me répond-elle avec un grand sourire. Oui ! Je suis contente de te voir ! Et de voir Alexis aussi. Et maman m'a dit qu'on découvrirait des belles choses, tantôt !
- Je crois aussi. Je ne suis pas allée dans ce musée depuis longtemps, et je suis donc très curieuse d'y retourner et de te le faire visiter.
A ce moment, Pauline arrive. A petits pas, un rien hésitante, comme si elle voulait éviter de se faire remarquer. Une silhouette élancée, de longs cheveux bruns, un visage un peu creusé, mais souriant. Les marques du deuil sont encore visibles, même si je vais m'efforcer de ne pas m'y attarder. Pour leur faire passer à toutes les deux un bel après-midi, comme Alexis en a aussi l'intention. Avancer ensemble. Faire des choses ensemble. Pour nous deux, mais aussi pour nos proches.
**
Nous passons effectivement un bel après-midi. La visite dure deux bonnes heures, Aglaé est enchantée, sourit, commente, s'émerveille. Alors que d'autres enfants restent ébahis devant l'immense squelette de dinosaure ou les animaux empaillés, Aglaé se plonge dans la contemplation des fossiles. Alexis se tient à côté d'elle, prêt à répondre à ses questions.
Pauline en profite pour me glisser à l'oreille :
- Je suis certaine qu'elle va regarder ceux qu'elle avait ramassés le long de l'Ibie, ce soir. Elle va vouloir comparer.
- C'est étonnant cet intérêt qu'elle présente. Et pour les volcans aussi.
- Ne lui en parle pas ! rit doucement Pauline. Elle a accroché des posters d'éruptions volcaniques sur les murs de sa chambre. Sur une étagère, elle a rangé ses petits cailloux. Dans un cahier, elle colle des images qu'elle trouve dans des vieux magazines...
- Elle pourrait faire des études de géologie, plus tard, fais-je remarquer. En tout cas, je suis contente qu'elle ait pu voir de vrais volcans, en Ardèche !
- Ah ça... Quand Alexis lui a dit qu'elle en verrait tous les jours, et des différents, et qu'on irait même marcher dans le cratère de l'un d'entre eux... Sans oublier l'ascension du Mont Gerbier.
- Vous l'avez faite ? Jusqu'en haut ?
- Pas moi. Je me suis arrêtée à mi-chemin, avant que ça devienne trop dur dans les éboulis. Je n'avais pas de bonnes chaussures pour continuer, dit-elle comme pour s'excuser. Mais Alexis a pu emmener Aglaé jusqu'en haut. Elle est redescendue avec un sourire jusqu'aux oreilles.
- Et elle a ramassé un petit caillou.
- Hé oui...
A ce moment, Aglaé se tourne vers nous et dit :
- Maman, viens voir...
Pauline s'approche alors d'elle et la petite commence à lui montrer les détails d'une ammonite. Bon, je ne sais pas ce qu'Alexis a l'intention d'offrir à Noël à Aglaé, mais moi, j'ai une idée toute trouvée...
En sortant, nous nous promenons dans le Jardin des Plantes, puis nous parvenons à les emmener dans un café, quelques rues plus loin. Attablée devant un chocolat chaud et une belle pâtisserie, Aglaé a les yeux qui brillent. C'est trois fois rien de faire plaisir à une enfant, et je suis ravie de mon idée. Cette petite est adorable et j'espère que sa mère et elle avanceront dans la vie, s'en sortiront. Elles avaient eu de l'espérance, de la joie, du bonheur tout simple, avec le père d'Alexis. Tout cela a été brisé par une bête fragilité cardiaque. Tout cela s'est arrêté trop tôt.
Alors que nous les regardons s'éloigner vers la station de métro, Alexis et moi le prenant dans une autre direction, je me demande bien ce que je pourrais faire pour elles. Moi aussi.
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