Chapitre 31
Layla
- Bonjour, Serge. Vous allez bien ?
- Bonjour, Mademoiselle. Oui, bien. Et vous ? Avez-vous passé un bon week-end ? me demande-t-il en démarrant la voiture.
- Excellent !
Je lui réponds en affichant un grand sourire. Un peu étonné, il me jette un regard par le rétroviseur. Mes yeux doivent briller un peu plus que d'habitude, mes joues sont sans doute un peu plus roses également, quand bien même je ne les ai pas couvertes de fond de teint. Je poursuis, souriant toujours :
- Serge, je vais vous confier un secret.
- Oh, bien, Mademoiselle. Je vous écoute, me sourit-il en retour.
- Il y a quelqu'un dans ma vie.
Nous sommes heureusement arrêtés à un feu rouge, lorsque je lui annonce la nouvelle. Car il se tourne vers moi, comme pour s'assurer de mes propos. Puis il se reconcentre sur la route, tout en affichant un grand sourire :
- J'en suis très heureux pour vous, Mademoiselle.
- Il s'appelle Alexis. Vous aurez certainement l'occasion de faire sa connaissance cette semaine. Nous nous sommes rencontrés à Antraigues, au printemps. Et revus cet été. Il est originaire de Paris, mais il va s'installer là-bas désormais, du moins, il l'espère. Il est médecin et comme vous l'aviez vu, il n'y a plus de généraliste à Antraigues.
- Oui, me confirme-t-il. Je me souviens bien de la banderole accrochée en bas du village. On ne pouvait la manquer.
- Il a pris contact avec François et les élus, et ils sont en train de lancer les démarches pour son installation. Il espère que cela pourra se concrétiser dans les mois prochains.
- Ce serait une très bonne chose pour les habitants, dit-il.
- Oui. Alexis est donc revenu sur Paris depuis vendredi. Il va rester une dizaine de jours.
- Très bien.
Je me renfonce dans mon siège, Serge poursuit la route. Je laisse mon regard se perdre au-delà des immeubles. Oui, nous avons passé un bon week-end. Je suis très heureuse d'avoir fait la connaissance de Pauline et Aglaé. Rien que d'y songer, j'en frissonne encore à imaginer Pauline découvrant son compagnon décédé. Comment peut-on se relever d'un tel drame, d'une telle épreuve ? Et encore, Alexis ne m'a pas raconté ce qu'elle avait vécu avant de le connaître, mais du peu que j'en ai conclu, elle a traversé des moments difficiles. Je suis touchée également par les confidences d'Alexis au sujet de son père. Pour eux aussi, certaines périodes n'ont pas été faciles.
Je pense à ce que nous vivons, Alexis et moi. A notre relation qui, à l'occasion de sa visite, se construit un peu plus. A ce naturel avec lequel nous nous sommes retrouvés, à ces premières heures à la fois tendres et intenses, complices. Et je souris à l'idée que lorsque je vais rentrer chez moi ce soir, il sera là.
Avec moi.
Alexis
Bon, il faut que je me décide. Je suis venu à Paris pour voir Layla en priorité. Nous avons vu Pauline et Aglaé dimanche après-midi, nous verrons Bruno, Adèle et Jules vendredi, mais je dois aussi passer chez moi. Ce mardi, c'est ce que j'ai au programme. Layla est partie travailler vers 7h30, elle apprécie d'être au siège pour 8h, pour commencer sa journée dans le calme, alors que la plupart de ses employés et collaborateurs arrivent pour 9h, voire 9h30. C'est souvent le cas à Paris, avec les délais de transport. Il est à peine 9h, je me suis levé en même temps qu'elle pour partager son petit déjeuner et là, je sors de la douche. Je fais un peu de rangement dans la chambre. Histoire de ne pas laisser traîner les dessous de Layla sur le tapis et nos vêtements un peu partout, pour ne pas offenser Nadine qui doit passer dans l'après-midi.
Puis je prends les clés de ma voiture, le double de celles de l'appartement, referme soigneusement derrière moi. Normalement, l'heure de pointe est passée et je devrais pouvoir m'engager sur le périphérique tout proche sans trop de difficulté. J'en ai quasiment la moitié à parcourir, au sud de Paris, pour arriver à Créteil.
Cependant, comme pour mon arrivée vendredi soir, je me prends quelques sueurs froides et c'est presque épuisé que j'arrive enfin devant mon immeuble. Les lieux me paraissent impersonnels au possible, alors que lorsque j'avais acheté l'appartement, j'avais trouvé le quartier agréable. Et pour un quartier de banlieue parisienne, il l'est : les immeubles, récents, ne sont pas trop hauts. Les allées sont arborées, il y a de petites places et de nombreux commerces à proximité. Mais aucune ne peut rivaliser avec celle d'Antraigues. Et il n'y a même pas de joueurs de pétanque.
Arrivé chez moi, c'est comme si je franchissais la porte d'un lieu étranger. Pourtant, tout est resté en place, rien n'a bougé depuis mon départ. Adèle et Bruno sont passés de temps en temps, pour relever le courrier et me faire suivre ce qui était important. Une pile de prospectus m'attend sur la table de la cuisine, que je fiche bien vite à la poubelle.
Pour transporter les affaires que je compte ramener à Antraigues, je ne me suis pas embarrassé. Dans un vieux sac de voyage, je range les livres de médecine et dans des sacs poubelles, je glisse les vêtements que je veux emporter. Je fais le tour des placards, j'avais dit à Adèle de ramener les provisions et il ne reste quasiment rien. Même pas de quoi me faire des pâtes ou du riz pour mon déjeuner. Je fais donc un tour chez le traiteur chinois du quartier pour m'acheter un plat que je mange rapidement, assis au bar qui sépare le coin-cuisine du salon.
Puis je charge la voiture, refais un tour rapide pour voir ce que je pourrais encore emporter avec moi. Quelques affaires de toilette, serviettes, bouteilles de shampoing et de mousse à raser que j'avais laissées au printemps. Puis je repars.
Sans état d'âme.
**
Layla m'avait conseillé de ne pas laisser mes affaires dans la voiture, même si le parking est sous surveillance, on ne sait jamais. Je fais donc à nouveau plusieurs trajets entre la voiture et l'ascenseur pour tout déposer dans son appartement. Je laisse mes affaires dans la deuxième chambre qu'elle n'occupe jamais et qui, depuis qu'elle vit à Paris, n'a servi qu'à de rares occasions : lors de deux visites que ses parents lui ont rendues, quand son père allait mieux, et quand sa sœur est montée à la capitale pour faire un peu de tourisme. J'y glisse donc mes sacs, puis je passe dans la cuisine où je récupère une bière. C'est une irlandaise, je laisse les provisions ardéchoises à Layla. Pas question de taper dedans, surtout sans elle.
Le petit mot sur la table de la cuisine m'indique que la femme de ménage est passée, je ne la verrai donc pas aujourd'hui. Je m'installe ensuite au salon en feuilletant un des livres que j'ai ramené avec moi, tout en sirotant ma bière. Relire certains éléments n'est pas inutile et me permet aussi de me préparer pour le rendez-vous avec l'ARS, dans trois semaines. Pas que j'ai oublié mes fondamentaux, mais certaines procédures de soins sont un peu différentes. Autant montrer que je suis capable d'être généraliste et pas seulement médecin urgentiste. A l'hôpital, je ne prescrivais que rarement des médicaments, puisqu'en général, les patients étaient orientés selon leurs pathologies vers les services appropriés et que ceux qui venaient juste pour un bobo repartaient avec une prescription simple : compresses, désinfectants, antidouleurs de base. Un généraliste, lui, doit pouvoir rédiger des ordonnances beaucoup plus élaborées et ce n'est pas un mal que je me replonge là-dedans.
Je ne vois pas le temps passer, ma bière est terminée depuis longtemps, lorsque la porte de l'appartement s'ouvre. Je lève les yeux de mon livre, étonné de constater qu'il fait déjà presque nuit.
Et une Layla belle au possible me tombe dans les bras.
J'ai droit à tout ça, moi ?
Layla
La semaine passe à une vitesse folle. Le soir, avec Alexis, nous allons par deux fois au restaurant et même une fois au cinéma. Une éternité que je n'avais pas vu un film. Le restaurant, cela m'arrive plus souvent, quand je reçois à Paris les responsables des différentes usines ou représentants de nos implantations à l'étranger, voire quand il faut faire un peu de lobbying auprès des responsables du MEDEF, le syndicat des patrons, ou des politiques. En général, dans ces deux derniers cas, Laurent m'accompagne : ce sont des requins, qui ne voient que ma plastique et me traitent généralement comme quantité négligeable ou avec condescendance car je suis une femme. Et jeune de surcroît. Plus d'une fois, j'ai été confrontée à leur attitude déplorable, quand ils s'adressaient à Laurent sans me "calculer". Nous les écoutions tous deux poliment, puis au moment de répondre, il me laissait la parole. Nous ressentions alors, lui et moi, comme une petite victoire à voir leur air étonné, et même les voir se confondre en excuses : "ah oui, c'est vrai, Mademoiselle Noury... Mais bien entendu..."
Bande de machos, oui ! Et encore, je reste polie...
Enfin, passons. Les soirées avec Alexis sont bien plus agréables que ces repas d'affaires. Il s'est rendu une fois chez lui, à Créteil, mais n'a pas besoin d'y retourner. Dans la journée, il se balade un peu dans Paris, va voir une ou deux expositions. Le vendredi soir, nous sommes invités chez ses amis, Bruno et Adèle. Comme ils habitent à l'autre bout de Paris et qu'on est soir de week-end, la circulation est dense et je demande à Serge de nous y conduire. C'est aussi l'occasion pour mon chauffeur et Alexis de faire connaissance.
Ils se saluent avec courtoisie et plaisir, la poignée de mains entre les deux est des plus cordiales.
- Ravi de faire votre connaissance, Serge, dit Alexis. Layla m'a beaucoup parlé de vous.
- De même, Monsieur, répond Serge en ajoutant avec un petit sourire : j'ai entendu parler de vous aussi. Passez-vous un bon séjour à Paris ?
- Ma foi, oui. En plus de passer du temps avec Layla, cela me permet de revoir des proches et de m'occuper de quelques affaires. Merci de nous conduire chez mes amis Bruno et Adèle.
- Ce n'est pas un souci, répond Serge en reprenant place derrière le volant, pendant qu'Alexis et moi nous nous installons à l'arrière.
Je devine que Serge était très curieux de faire la connaissance d'Alexis, depuis que je lui ai parlé de lui lundi matin. Un peu comme Nadine... Quant à moi, je suis bien curieuse de rencontrer Bruno et Adèle. Après tout, c'est grâce à eux qu'Alexis s'est retrouvé à Antraigues et qu'indirectement, nous avons pu nous croiser. De ce qu'il m'en a dit, si ses amis n'avaient pas insisté pour qu'il quitte la capitale pour faire son break, il ne serait sans doute jamais allé en Ardèche. Un bon point pour eux, donc. L'autre bon point, c'est qu'ils ont un petit garçon, Jules, qui se situe à mi-chemin entre mes deux neveux, par son âge. Il paraît qu'il adore Alexis.
J'ai demandé à ce dernier s'il fallait apporter quelque chose chez ses amis, il m'a dit qu'il s'en chargeait. Il a prévu une bouteille de vin, un bouquet de fleurs. Les petits cadeaux classiques. Plus deux paquets dont il ne veut rien me dire. Il me précise simplement que l'un est un petit cadeau pour Jules.
Nous arrivons un peu après 20h. Je m'étais débrouillée pour partir assez tôt du travail, mais le temps de rentrer à la maison, de me changer, puis de nous rendre à l'autre bout de la capitale, il était difficile de faire plus rapide. De toute façon, Bruno a terminé tard lui aussi contrairement à Adèle qui était de bonne heure chez elle, car elle ne travaille pas le vendredi après-midi. Elle a fait des courses pour le repas, a récupéré son fils à l'école, s'est occupée de lui, puis a tout préparé pour ce soir. Une vraie working-girl. Je ne sais pas si j'arriverais à suivre le même rythme de vie qu'elle. Elle a beau dire qu'il suffit d'être organisée, cela n'empêche.
Ils nous accueillent avec simplicité et plaisir tous les deux, ou plutôt tous les trois, car à peine franchissons-nous le seuil, et avant même que je puisse faire la bise à Bruno, que Jules saute dans les bras d'Alexis. La dernière fois qu'ils se sont vus, c'était avant qu'Alexis ne quitte la capitale, soit près de six mois. Je comprends la joie du petit garçon à ces retrouvailles, mais Alexis est tout heureux lui aussi. Jules m'offre un grand sourire et me fait la bise. Il est très mignon.
Ils vivent dans une jolie petite maison à Saint-Maur. C'est un coin de la banlieue parisienne que je ne connais pas, je sais juste que certaines communes sont assez chic. Le quartier a l'air bien tranquille, on se sent loin de Paris et des barres d'immeubles de certains quartiers.
Nous passons vite au salon alors qu'Alexis parvient à lâcher Jules pour offrir le bouquet à Adèle tandis que je tends la bouteille à Bruno. Je fais remarquer qu'on aurait pu faire l'inverse, ça aurait été moins "cliché". Puis un des petits paquets mystères atterrit dans les mains de Jules, ravi, qui s'empresse de déchirer le papier et de sortir une jolie toupie en bois.
- Une vraie ! s'exclame le petit garçon avec les yeux brillants.
- Oui, Jules, une vraie, répond Alexis. Fabriquée par un vrai artisan. Tu vas voir, elle tourne encore mieux que les autres. Et elle fait de très jolies couleurs.
Ni une, ni deux, les voilà agenouillés par terre pour faire une démonstration.
- Assieds-toi, Layla, dit Bruno en m'invitant à prendre place dans un confortable canapé. Jules va occuper Alexis un petit moment... Que veux-tu boire ?
- Que proposes-tu ?
- Et bien, on a mis une bouteille de champagne au frais, car on avait un anniversaire à fêter... Avec un peu de décalage, nous le reconnaissons, mais c'est notre quatorzième anniversaire de rencontre à Adèle et moi !
- Alors va pour le champagne ! dis-je avec le sourire.
Il sort les verres alors qu'Adèle revient de la cuisine et s'installe dans le fauteuil en face de moi. Sur la table basse sont déjà déposés des gâteaux apéritifs et quelques petites préparations à base de légumes crus et de sauces qui ont l'air fait maison : guacamole de ce que je peux estimer, sauce moutarde et peut-être même une sauce piquante.
Après quelques moments passés à s'amuser avec Jules, Alexis se lève et me rejoint. Le champagne pétille dans les verres, nous trinquons. Puis Alexis tend le dernier paquet mystérieux à Adèle.
- Tiens, un petit souvenir d'Ardèche.
Et la voilà qui déballe un saucisson. Elle en éclate de rire et nous rions bien nous aussi. Quelle idée, il a eue !
- J'aurais pu vous ramener du fromage, aussi, mais il n'aurait pas tenu jusqu'à la fin de semaine. Il y a une gourmande qui l'aurait mangé avant.
- Taquin ! lui répliqué-je. Tu m'aurais bien aidée !
**
La soirée se poursuit ainsi, entre échanges cordiaux, mets délicieux et petits moments amusants et tendres avec Jules. Une fois ce dernier au lit, nous en venons cependant aux questions plus personnelles. Et notamment, celles me concernant. Je sais qu'Alexis a raconté à Bruno et Adèle que nous nous sommes rencontrés en Ardèche et que je vis en région parisienne, mais sans plus. Ils se doutent aussi que je suis un peu plus jeune que lui, et qu'eux en toute logique.
- Alors, Layla, commence Bruno, Alexis nous a dit que tu étais originaire d'Ardèche. D'Antraigues aussi ou bien ?
- D'Antraigues, oui. Enfin, plus exactement d'un petit village juste à côté qui s'appelle Aizac. Ma famille paternelle en est originaire. J'y suis née, j'y ai passé une partie de mon enfance, avant que nous ne déménagions à Bordeaux. Mais j'y ai gardé des attaches très fortes.
- Ca a l'air très beau, fait remarquer Adèle. Alexis nous a envoyé quelques photos et j'ai regardé un peu sur internet aussi. Je ne savais pas que c'était le village de Jean Ferrat.
- Et de quelques autres artistes, moins connus, mais oui. Il s'y était installé dans les années 60 et y est toujours resté fidèle. Beaucoup de raisons ont fait qu'il s'y est plu.
- Au point de chanter cette région ! fait Bruno avant de commencer à fredonner "La Montagne".
Je souris. C'est presque un cliché, mais j'en retiens toujours que c'est une chanson magnifique, écrite sur mon pays, et que tout le monde la connaît. Tout le monde ou presque. Ce ne sont pas tous les villages, ce ne sont pas tous les volcans qui ont cette chance.
- Et alors de Bordeaux à Paris... A cause du travail ? demande encore Adèle.
- Oui. Même si ce n'est pas tout à fait ce que j'envisageais en commençant mes études supérieures.
- Tu travailles dans quel secteur ?
J'échange un petit regard avec Alexis. Il m'avait prévenue qu'il n'avait pas parlé de mon travail à ses amis, ne sachant pas ce que je souhaitais en dire. Il préférait que cela vienne de moi. J'ai apprécié, car en effet, si je ne me sentais pas tout à fait à l'aise, je resterais vague. Or ce n'est pas le cas et je réponds très simplement :
- Je suis cheffe d'entreprise. PDG de l'entreprise Noury.
Cette fois, ce sont Bruno et Adèle qui échangent un regard. Je devine leur surprise, et même plus : qu'ils en tombent carrément des nues.
- Eh bien... commence Bruno.
- Wahou ! fait Adèle. Bon, ça va faire "je te cire les pompes", mais ce sont de super produits ! Et la gamme pour les enfants, elle est top !
- Merci, souris-je. Mais je n'y suis pas pour grand-chose : la grande majorité des produits proposés a été créée sous la direction de mon père, voire de mon grand-père.
- Et comment se fait-il que tu sois, si jeune, déjà à la tête d'une telle société ? demande Bruno qui s'est remis de sa surprise.
- Mon père a fait un AVC il y a quatre ans, il s'en est heureusement plutôt bien remis, même s'il lui reste des séquelles. Il mène aujourd'hui une vie presque normale, mais n'est plus capable d'assurer la direction. Des trois enfants, j'étais la seule intéressée par le monde de l'entreprise et, voyant cet intérêt, mon père m'avait encouragée dans mes études. Nous avions aussi prévu que j'intégrerais son équipe une fois diplômée et que, petit à petit, il me confierait des responsabilités, que nous puissions assurer une transition en douceur à la tête de la société.
- Sauf que les circonstances ont fait que cela n'a pas pu se passer comme prévu, intervient alors Alexis.
- Exactement, renchéris-je. Cela a été le plongeon dans le grand bain, mais je ne regrette pas, car nous avons ainsi pu éviter le démantèlement ou tout du moins le rachat dans des conditions qui n'auraient pas forcément été très favorables.
- Ca a dû être un sacré chantier pour toi ! fait Adèle avec admiration.
- Ca a été très prenant, surtout la première année. Vraiment. Je reconnais ne pas avoir vu le temps passer durant cette période, mais j'étais bien soutenue par mes collaborateurs, ils me faisaient confiance et réciproquement. Et ma famille m'encourageait aussi. Papa, bien qu'encore très diminué, ne manquait pas de le faire à chaque occasion, de dire que je ferais les bons choix, qu'il avait confiance en moi. Cela m'a aidée, parfois, à passer certaines difficultés.
- Et depuis, tu te sens à l'aise ?
- Oui, ça va. C'est prenant, mais passionnant aussi. Mais enfin, les journées bien remplies, je pense que vous connaissez aussi !
Ils sourient. Après tout, pas de raison de ne pas renvoyer la balle.
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