Chapitre 43
Alexis
A chaque fois que je retrouve Layla, j'ai le sentiment que les choses se mettent à leur place. A leur juste place. Elle est rayonnante, malgré l'heure tardive. Nous nous embrassons longuement sur le quai, au point de nous y retrouver seuls, alors que le train est reparti depuis longtemps et que les autres passagers ont déjà gagné la gare. Lorsque nous rompons notre baiser, je prends conscience du vent froid qui s'engouffre sur les quais et je lui dis :
- Allons vite nous mettre au chaud.
- Oh, mais je n'avais pas froid dans tes bras ! me répond-elle avec son beau sourire éclatant.
Et ce sourire renvoie directement le vent et le froid bien loin.
Nous sortons rapidement de la gare, rejoignons le parking. Puis je m'engage vers la sortie de la ville. Ce n'est pas la première fois que je viens à Montélimar et je commence à y prendre des repères. Néanmoins, comme à chaque fois, je suis bien content de m'éloigner de la ville et de la vallée du Rhône, pour retrouver la quiétude des montagnes.
En chemin, nous discutons du programme possible pour les quelques jours à venir, sachant que nous ne resterons pas longtemps à Antraigues, puisque nous repartons le 30 pour Bordeaux, pour passer le réveillon du Nouvel An avec les parents de Layla. Je ferai connaissance avec une partie de sa famille à cette occasion, notamment ses grands-parents maternels, son frère et sa sœur.
Il faut compter une bonne heure de route pour remonter jusqu'aux Auches et nous arrivons un peu tard. J'étais passé à la maison dans la journée, pour apporter le repas de ce soir et faire du feu, et dans la semaine, j'avais remonté le chauffage. La maison est donc bien accueillante quand nous y arrivons et le sourire lumineux de Layla est un nouveau cadeau.
- Oh ! s'exclame-t-elle à peine le seuil franchi. Tu as fait un sapin ?
- Oui, Jérémie m'en a proposé un. Il l'a déterré. On pourra le replanter si tu veux.
- Il est très joli. Je crois que tu as une âme d'artiste !
Je ris :
- D'où sors-tu cela ?
- Tu fais de belles photos. Et là, tu as décoré le sapin avec goût. Rien à voir avec celui qui trône à la maison, tu verras ! Justine trouve toujours qu'il n'y a pas assez de guirlandes, du coup, les branches croulent, on les voit à peine et elle en met de toutes les couleurs, il n'y a aucune harmonie. Là, c'est vraiment joli...
- Content que cela te plaise, dis-je en l'enlaçant.
Puis je la tourne rapidement vers moi et l'embrasse longuement. Sa main s'aventure sous mon pull, cherchant ma peau. Je lui réponds aussitôt en prenant son visage au creux de mes mains et en prolongeant notre baiser, l'embrassant plus profondément. Quand elle s'écarte légèrement, essoufflée, le regard brillant, nous n'avons pas besoin d'échanger le moindre mot pour nous retrouver à descendre l'escalier et à rejoindre sa chambre. J'ai fait le lit ce matin, préparé les affaires dans la salle de bain. Tout est prêt pour nous.
**
- Laisse-moi faire... soufflé-je à l'oreille de Layla alors qu'elle glisse déjà la main sous mon pull pour le soulever et me l'enlever.
Un frisson court sur sa peau, elle tourne son visage vers moi, entrouvre les lèvres. Un de ses sourcils se lève brièvement, comme étonné. Je lui souris, puis me place dans son dos. Je commence par prendre le bas de son pull, le relever et le faire passer par-dessus son visage. Elle porte en dessous un joli top qui moule admirablement ses formes. Je caresse sa poitrine, ses épaules, son ventre, avant de le lui retirer et de voir apparaître de fort jolies dentelles. La vision est ravissante et me plonge déjà dans un profond émoi.
Je m'agenouille ensuite, pour lui enlever son pantalon, ses chaussettes. Mes mains remontent lentement le long de ses jambes parfaites, les caressant et faisant courir de nouveaux frissons sur sa peau. J'embrasse le creux de ses reins, mordille ses fesses à travers ses dentelles. L'une de mes mains remonte plus haut, vient chercher son sein, alors que l'autre s'aventure entre ses cuisses. Elle gémit, se cambre déjà.
Je me repais de sa beauté, de chacun de ses frissons, de la chaleur de sa peau, de ses premiers soupirs.
Puis je me relève, demeure dans son dos et retire rapidement mes propres vêtements. Je l'enlace à nouveau, elle se colle à moi. Je la sens impatiente, mais jouant le jeu de me laisser mener le bal de cette première étreinte. Je la caresse encore, sans lui retirer ses dessous, puis la mène jusqu'au lit.
Etendu à ses côtés, je poursuis mes caresses, l'embrasse, la retrouve. Son impatience grandit, mon désir aussi. Je finis par lui ôter ses dernières petites fleurs de dentelle, pour savourer pleinement ce qui s'y dissimulait encore. Ses mains parcourent mon dos, se perdent dans mes cheveux, s'arrêtent dans le creux de mes reins. A elle de me faire frissonner, de provoquer mon premier râle.
Elle m'embrasse à son tour, sa langue danse un ballet fou avec la mienne. Nos corps se frôlent, s'harmonisent et bientôt nous ne savons qui d'elle ou de moi emporte l'autre.
Lorsque la tension reflue, que le bien-être nous envahit, que nous demeurons étroitement unis, j'ai alors le sentiment profond d'être à ma place.
Layla
Antraigues sous la neige. Le volcan sous la neige. Des années que je n'avais pas vu cela. En ce froid matin de décembre, je me tiens sur la terrasse des Auches. J'ai fait le voyage hier par le train, jusqu'à Montélimar, Alexis m'attendait comme prévu à la gare. Nous sommes arrivés de nuit et je ne peux prendre la pleine mesure du paysage hivernal que ce matin.
Je me suis bien emmitouflée pour sortir sur la terrasse, une tasse de café chaud à la main. Quand il m'a vue faire, Alexis a eu un petit sourire, mais n'a rien dit.
Au cours des trois dernières semaines, il est venu régulièrement aux Auches. Sachant que j'allais être de retour pour le 21 décembre, il avait jugé idiot de couper le chauffage alors que nous avions mis plusieurs jours à rendre la maison confortable. Sans faire de feu dans la cheminée - sauf la veille de mon arrivée -, il avait allumé le poêle à chaque visite. Il faisait très bon hier soir, pour mon retour. C'était comme retrouver mon cocon, confortable, agréable. Et encore mieux, car je pouvais profiter des bras d'Alexis.
Comme pour mon séjour de novembre, nous avons convenu de rester ici. D'autant qu'il m'a réservé une belle surprise : dans le recoin entre le canapé et la porte de la chambre de Tantine, il a installé un petit sapin. C'est Jérémie qui l'a déposé sur la terrasse, un matin. Il l'avait déterré un peu plus haut, dans un de ses terrains. Et Alexis l'a joliment décoré.
Impossible d'y échapper, c'est vraiment Noël : la neige, les jours très courts, le sapin.
Mon regard se perd sur la ligne de crêtes, puis se pose sur les toits d'Antraigues. On devine bien les dessins des murettes, avec la neige. Les cheminées fument. Il n'y a pas un souffle de vent. Un grand sentiment de calme, de paix, m'envahit.
Je suis bien.
Deux bras m'enlacent, le menton d'Alexis s'appuie sur mon épaule, ses lèvres déposent un baiser sur ma tempe. Je me colle à lui.
- C'est beau, me dit-il.
- Oui. Tu m'as vraiment fait très plaisir avec la photo de la première chute de neige. Des années que je n'avais pas vu Antraigues sous la neige, les montagnes autour... En plus, il ne neige pas souvent en quantité, ici. Contrairement au plateau.
- Tu crois qu'on pourra y monter ?
- Pas sûre... Tu sais, j'ai rarement eu l'occasion de conduire sur des routes enneigées. J'ai passé mon permis à Bordeaux, j'étais en études. Je venais rarement ici à la mauvaise saison, surtout après le décès de Tantine... Et toi ?
- Pareil. En région parisienne, je prenais peu ma voiture. J'allais travailler en bus. L'appartement n'est pas très loin du CHU, j'en avais pour une vingtaine de minutes au maximum. On va éviter, alors.
- Oui. Je crois que ce sera plus prudent. Et puis, rien qu'ici, on a de belles choses à voir et à faire.
Je me penche pour déposer ma tasse sur le muret, puis je me tourne vers lui, lève mon visage vers le sien. Son regard brille doucement, comme ces jolis reflets que le feu de cheminée renvoie sur les boules dorées accrochées aux branches du sapin. Un léger sourire flotte sur ses lèvres.
J'ai juste envie de profiter.
Et j'en profite. Nous en profitons. Cette première journée, nous sortons à peine. Nous la passons entre ma chambre - et plus précisément mon lit - et le canapé, blottis l'un contre l'autre près de la cheminée. Je me laisse chouchouter, et ça me fait tout simplement du bien après des semaines bien remplies. Je prends conscience aussi que je parviens à bien mieux refermer les tiroirs du travail grâce à la présence d'Alexis. Pour un peu, je rédigerais une équation : les Auches + Alexis = détente, repos.
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Pour les lecteurs du quotidien : il n'y aura pas de publication demain. La suite vendredi normalement, mais je ne sais pas à quelle heure. Belle journée à vous !
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