Chapitre 82

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Alexis

La fin des vacances approche pour Layla. Ce vendredi soir, elle est venue m'attendre au cabinet. De là, nous avons gagné à pied le coin baignade et nous voilà à profiter d'un moment de calme, presque tous les deux. Une famille s'attarde encore, quelques adolescents traînent un peu avant de regagner leurs pénates.

Nous déposons nos affaires dans un petit coin. Même si Layla avait enfilé son maillot à la maison, avant de me rejoindre, je suis le premier dans l'eau. Cette semaine de reprise est bien remplie. Hier soir, nous avons traîné à Antraigues avec Bruno, Adèle et Jules : nous ne nous sommes pas couchés tôt. J'ai besoin de nager un peu et de me détendre. Après quelques brasses, je reviens vers la rive. Layla s'y trouve encore, de ce que je peux voir, elle n'a pas mis les pieds dans l'eau. Debout, elle observe tout autour d'elle. Demain, nous emmènerons nos amis sur le plateau, c'est donc la dernière fois qu'elle peut profiter du coin baignade. Je la devine sensible, s'ouvrant à toutes les sensations que l'endroit lui inspire et lui apporte : parfums, sons, et la vue. La paix aussi, à cette heure. Le vieux pont de pierre, les orgues basaltiques, le feuillage qui bruit doucement au-dessus de nos têtes, le doux clapotis de l'eau sur les rochers. Dans le ciel, le ballet des hirondelles ne faiblit pas. Elles sont encore là. Non, l'automne n'est pas encore arrivé.

En une longue brasse coulée, j'arrive à la berge. Je me redresse et lui tends la main en souriant. Elle me regarde, s'accroupit pour être à ma hauteur et prend ma main.

- Viens, lui dis-je avec un grand sourire. Elle est délicieuse.

Layla

Comment lui résister ? Je ne peux pas. Quand il me dit "viens", là, sur la rive du Mas, avec ses paillettes qui scintillent, avec son sourire charmeur. C'est une invite, à la fois tendre, sensuelle, amoureuse. Je ne peux qu'accepter. Je ne peux qu'en profiter.

Je me glisse dans l'eau aux côtés d'Alexis et nous voilà à nager côte à côte. Le plan d'eau n'est pas bien grand, nous faisons plusieurs allers-retours. Les jeunes sont remontés au village, la famille rassemble ses dernières affaires. Dans quelques minutes, nous ne serons que tous les deux à profiter de la douceur du soir, du calme de l'endroit et de la fraîcheur de l'eau.

Cette baignade, c'est un nouveau petit moment de partage avec Alexis. C'est aussi un nouvel au revoir à mon village, même si nous y passerons demain. Mon cœur est toujours serré quand je pense que je vais me retrouver à Paris dans deux jours. Alexis sera avec moi et cela me console un peu. Pas longtemps, mais cela rend le départ moins difficile à envisager. Et puis, je vais vite revenir : avant la mi-septembre se tiendra le comité central d'établissement qui aura pour objectif de faire un choix définitif entre les options proposées pour la relocalisation. L'option ardéchoise avec la production des deux types d'emballages à Labégude est viable. Reste à déterminer si nous en profitons pour transférer à Ucel la fabrication de la gamme de luxe. Je pense que c'est une bonne option, mais je crains que certains ne pensent que je vais trop vite, trop loin. Je veux profiter des opportunités : aides à la mise aux normes environnementales, aides à l'embauche et à la formation, mais aussi contexte favorable dans le bâtiment, dans l'équipement des usines.

Dès que le CCE aura tranché, je reviendrai sur place pour rencontrer les élus, présenter le projet en détails, discuter déjà des procédures administratives. Des devis ont été réalisés, le chantier pourrait débuter avant la fin de l'année, si nous ne rencontrons pas trop de difficultés, ni d'entraves. Mais je pense que les élus, locaux ou même députés, voire sénateurs, ne seront que trop contents de favoriser la réindustrialisation du site. Parfois, cela m'écœure quand je pense qu'il suffit de dire '"emploi" pour pouvoir à peu près tout se permettre, comme la destruction d'un site protégé, des aides qui tombent à foison. Tout cela pour en profiter juste durant quelques années et fermer tout ensuite. L'argent public ou les crédits d'impôts dont nous allons bénéficier ne doivent pas être investis à perte. Ce que nous faisons, c'est du durable. Même si c'est un mot "à la mode". Dans dix ans, dans vingt ans, je veux que les usines tournent encore. Même s'il faudra s'adapter, changer, proposer d'autres produits, d'autres façons de fabriquer. Je ne relance pas les usines juste pour quelques années.

Une araignée d'eau qui sautille devant moi me fait sourire et j'oublie l'entreprise, les défis, les réunions à venir. Je suis encore à Antraigues. Je suis encore à profiter d'un bain bien agréable.

Et je suis encore avec Alexis qui nage à mes côtés, dont la main, parfois, frôle mon épaule ou ma hanche.

Et je suis bien.

**

- Viens...

Comment lui résister ? Je ne peux pas. Quand il me dit "viens", là, alors qu'il est étendu dans le lit, que mes doigts parcourent ses muscles, son torse. Que mes lèvres s'attardent sur ses mamelons. Que ma plainte se perd dans son cou.

Comment lui résister ? Je ne peux pas. Alors je le recouvre de mon corps, je le prends tout au creux de moi et tendrement, longuement, je fais monter notre plaisir.

Et c'est moi qui le supplie, gémis et crie :

- Oui, viens !

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