Chapitre 107
Layla
En ce matin de début août, je savoure. Tout. L'aube naissante, le café qui fume dans ma tasse, Antraigues encore endormie dans la vallée, les premiers rayons du soleil qui viennent timidement caresser le volcan, le chant des oiseaux. Bientôt, le ballet des hirondelles et des martinets va commencer dans le ciel. Déjà, les insectes bourdonnent autour de la vigne et des fleurs sauvages qu'Alexis a laissé pousser dans les murettes. Son premier potager est assez réussi : les pieds de tomates croulent sous les fruits, les salades sont petites, mais croquantes, les rangs de haricots verts ont survécu au coup de chaud de la mi-juillet. Il a suivi les conseils des uns et des autres - et des champions en premier lieu - pour le choix des variétés adaptées au sol léger et à la chaleur. Il a aussi dégagé tout un carré de framboisiers envahi par les herbes folles. C'est mon délice et me revient à l'esprit le parfum des tartes et surtout des confitures de Tantine. Cette petite gelée délicieuse que l'on mangeait avec les fromages frais, du temps où elle avait encore quelques chèvres.
J'ai laissé Alexis endormi. C'est sa première matinée de vacances et il peut bien en profiter. Pour ma part, après dix jours à naviguer entre Paris, Libourne et l'Ardèche, j'ai fini par me poser ici depuis mercredi soir. J'ai pu assister à la toute dernière réunion de chantier, même si nous ferons le point fin août avec toute l'équipe au complet : Laurent, Alban, Maïwenn, Louis Grévin et les différents artisans. A partir du 26 août commenceront les tests de la chaîne de fabrication à Labégude. Cette semaine s'est achevée toute la phase d'installation, ce qui n'était pas gagné compte tenu des délais et des vacances qui approchaient. Je n'ai pas mis la pression aux équipes : nous avions convenu dès le printemps que nous aurions encore tout le mois de septembre pour préparer la mise en route de l'usine. Le sérieux de tous, les compétences, une équipe rodée et dynamique, sans oublier l'engagement des ouvriers chargés de la maintenance ont permis de terminer cette première phase. J'ai pu voir bien des sourires sur les visages en cette semaine.
Les sourires dont je profite aussi depuis quelques jours sont ceux d'Aglaé. Dès mon arrivée, il nous a fallu à Alexis et moi aller dîner dans leur "chez elles". J'avais bien identifié de quelle maison il s'agissait, quand Alexis me l'avait décrite. Elles y seront bien et Aglaé a les yeux qui brillent rien qu'à l'idée de contempler "son" volcan tous les jours désormais. Julien était là aussi, au moins aussi heureux qu'Aglaé.
Et les doux sourires que Pauline lui adresse ne sont pas une mince récompense. Plutôt une belle. Je m'en réjouis pour eux deux, et même pour eux trois ! Car Aglaé adore Julien et celui-ci le lui rend bien. Je comprends qu'ils n'envisagent pas encore d'habiter ensemble, il faut du temps pour franchir ce cap. Je ne doute pas que cela viendra.
Et je profite bien entendu des sourires d'Alexis, de son regard caressant et amoureux, de ses paillettes dorées.
D'ailleurs, en parlant d'Alexis...
Alexis
Une légère fraîcheur m'a réveillé. Layla n'est plus couchée à mes côtés. Un coup d'œil en direction de la fenêtre et je devine que le jour est en train de se lever. Je souris : elle a dû vouloir admirer l'aube naissante depuis la terrasse, ce qu'elle fait très souvent quand elle est ici, même en hiver. J'attrape un caleçon et un t-shirt et gagne l'étage. La porte est ouverte et j'aperçois la silhouette de Layla, face à la vallée. Le café est encore chaud dans la cafetière et je m'en sers une tasse avant de la rejoindre.
Avant de l'enlacer, je pose la tasse sur la table, puis entoure Layla de mes bras, niche ma tête entre son cou et son épaule. Je ferme les yeux et m'enivre de ses parfums qui se mêlent déjà à ceux de la montagne.
- Bonjour, mon amour. As-tu bien dormi ?
- Oui... Bonjour, toi, me sourit-elle.
- L'aube est-elle à ton goût ?
- Toujours ici. Et plus encore, quand je peux la partager avec toi.
Je la serre un peu plus fort contre moi.
- Pour moi aussi. C'est que du bonheur. Veux-tu encore un peu de café ? J'ai pris une tasse...
- Non, ça va.
Elle appuie sa tête contre mon épaule, ferme les yeux. Je la laisse savourer. Tout. Les parfums, le premier rayon du soleil qui éclaire maintenant la terrasse et chauffe déjà les pierres, le bourdonnement des insectes, les stries des hirondelles qui tournent dans le ciel, chassant les moustiques et autres moucherons pour leur petit déjeuner.
Et ma présence.
Puis elle se tourne lentement, enroule ses bras autour de mon cou et m'embrasse longuement. Son corps qu'elle a tout juste couvert d'une petite nuisette se colle au mien et le désir se réveille dans mes reins. Mes mains se posent sur ses fesses, les cajolent déjà. Son soupir contre mes lèvres est le signal, et je l'entraîne à l'intérieur de la maison sans attendre.
**
Nous nous retrouvons vite dans la chambre, nos maigres vêtements ont à peine touché le sol que j'étends Layla sur le lit. Les draps froissés nous accueillent et alors qu'elle laisse entendre son premier gémissement, j'entreprends de l'éveiller totalement. Pas un centimètre de sa peau n'échappe à mes lèvres, à mes doigts. Je m'aventure le long de ses chemins, parcours ses monts et ses vallées.
J'ai faim d'elle comme si nous ne nous étions pas vus depuis des semaines, alors que cela fait déjà quelques jours qu'elle est de retour et que je peux profiter d'elle. Mais c'est quand même le premier matin des vacances, sans obligation quelconque. Et c'est réjouissant.
Sa peau est douce sous mes doigts, parfumée sous mes lèvres. Je la déguste à petites bouchées, excitant la pointe de ses seins, éveillant l'onde chaude de sa fleur, cueillant ses plaintes en un baiser enfiévré.
Mais c'est elle qui me fait chavirer. C'est elle qui me fait succomber. Entre ses bras, entre ses jambes. Au creux de son ventre accueillant.
Layla
La matinée est déjà bien entamée. Nous demeurons blottis dans les bras l'un de l'autre, savourant ce repos délicieux d'après l'amour. Ma tête repose sur le torse d'Alexis, ses doigts passent lentement dans mes cheveux. Sous ma main, son cœur bat lentement.
Je n'ai pas envie de bouger.
Lui non plus.
Et c'est très bien ainsi.
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