Chapitre VII

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   Le pilote était parti depuis près d'une demi-heure, lorsqu'une explosion retentit à quelques mètres du chalet. Fish se rua vers l'unique fenêtre donnant sur l'arrière de l'habitation, découvrant avec horreur que l'hélicoptère s'était crashé. Saisissant l'une des armes alignées contre le mur, il se précipita vers la porte avant de sortir, l'un des hommes lourdement armé de l'unité, l'ukrainien Sergeï Chikatilo, sur les talons.
  Courant à en perdre haleine, les deux hommes parvinrent bientôt auprès de l'appareil. Aucun trace de Kroll ; il avait dû réussir à s'extirper de la carlingue avant que cette dernière s'écrase. Il fallait qu'ils le retrouvent, et vite. S'ils ne mettaient pas la main sur lui, jamais ils ne pourraient repartir de cet endroit ; un seul hélico ne pourrait jamais tous les ramener, et la station était bien trop éloignée pour espérer l'atteindre à pied.
  Chacun allait partir de son côté quand un craquement se fit entendre. Cela venait du dessous. Un second eut lieu puis un grondement assourdissant s'éleva, le sol se mit à trembler et des tonnes de neiges furent aspirées découvrant une large tranchée creusée à même la glace.
  Dos à dos, Fish et Chikatilo regardaient, bouche bée, le spectacle qui s'offrait à eux. Ce n'était pas un tunnel que l'éboulement avait découvert, mais un réseau complet de galeries qui courait sur ce qui semblait être des kilomètres.
  Heureusement, les boyaux étaient assez éloignés les uns des autres, permettant à Simon ainsi qu'à son compagnon de se déplacer avec aisance.

   Au moment où ils se séparaient pour aller chercher le pilote, ce dernier s'avança vers eux. Il semblait en un seul morceau. Néanmoins, sur son visage, dansait un masque de terreur presque palpable.
Sergeï s'avança vers lui et le retint juste avant qu'il tombe. Aidé de Fish, il le ramena au chalet où il l'allongea à même le sol.
  Le pauvre délirait à propos d'un monstre qu'il aurait vu juste avant que l'hélicoptère s'écrase. Une chose énorme, noir violacé, dotée d'une dizaine d'yeux froids et inexpressifs qui le fixaient.
—Je crois bien que le choc lui a fait perdre un peu la raison ! Déclara Sergeï.
— Juste un peu ? Railla Simon, exaspéré. Il s'imagine avoir vu le diable.
  L'acte de Fish aurait pu passer pour de l'héroïsme, mais Kearney, l'un de ses plus anciens collègues, savait très bien qu'il n'en était rien. Simon avait beau faire le brave, il n'en menait pas large lui non plus. La vérité était qu'il voulait repartir de ce merdier, et sans pilote, c'était impossible... Cependant, Brian "spécial K" comme le surnommait son équipe, ne désespérait pas ; un jour, il prouverait à ses supérieurs qu'il s'avérait plus digne de confiance que cet avorton infatué !

— Je vais appeler Carl pour lui signaler tout ça, termina Fish en s'asseyant devant la radio. Nous irons ensuite explorer ces galeries, nos disparus y sont peut-être coincés. Regroupe tous les gars, prends la radio portable je vais garder le chalet et surveiller le pilote. Nous resterons en contact avec les talkie-walkie.

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Base Mac Murdo

  Quelques flocons de neige voletaient dans l'air lorsque l'avion atterrit sur ses skis et vint s'immobiliser à trois cents mètres de l'hélicoptère.
  A. Wuornos, décidée, se dirigea vers l'appareil dans un petit véhicule électrique afin de les récupérer sans perdre de temps.
— Dépêchons-nous, les gars, les pressa Norma, Adélaïde doit nous attendre dans l'hélico, on part immédiatement pour la station Byrd.
— Regardez, Madame, on vient vous chercher en voiture, lança le pilote
— Parfait, nous n'aurons pas à porter toute cette artillerie !
  La voiture stoppa devant leurs bagages.
— Bonjour Madame Manson, salut les gars ! Avez-vous fait bon voyage ?
— Parfait Adélaïde, merci répondit Norma.
  Elle s'interrompit une seconde avant de demander :
— Alors, quelles sont les nouvelles ?
— Il semble que ça ne se passe pas bien là-bas, le pilote de l'hélico s'est crashé et des failles sont apparues dans le sol découvrant toute une série de galeries creusées en profondeur dans la glace. Le pilote s'en est sorti, mais souffre d'hallucinations ; il dit avoir vu le diable. Ceux qui sont allés voir le tunnel ainsi que la grotte n'y ont rien trouvé. Il me semble également que Monsieur Fish a parlé de charger Chikatilo et Knowles d'aller explorer les boyaux découverts par l'éboulement au cas où Norman, Richard et Jack s'y seraient laissé piéger.
— Bien, embarquons, lâcha Norma. Allons voir tout ça sur place. Nous possédons un armement digne d'un régiment, on peut faire face à d'éventuels agresseurs.
  Adolf Lüdke, le pilote, les aida à charger leurs bagages.
  Une fois installés, Norma l'interrogea :
— Dans combien de temps serons-nous à la station byrd ?
— Environ une heure et demi, Madame répondit Lüdke en amorçant son bruyant envol.
— Bien ! Le chalet est à une trentaine de kilomètres, soit dix minutes de plus nous irons donc directement. Prévenez Carl. Vous vous poserez à proximité du chalet afin de nous permettre de décharger nos sacs ainsi qu'une partie de nos armes.
  Puis elle pivota pour se retrouver face à Adélaïde.

— Adi, vous resterez à l'intérieur du bâtiment et serez notre contact radio. Vous essayerez de savoir où sont Simon et les autres. Je suppose qu'ils ont une radio avec eux. Nous survolerons ensuite le site où sont apparues les galeries souterraines ; Diego et Joseph, vous y descendrez bien armés, pour y retrouver nos collègues qui sont partis avec mon mari à la recherche de nos hommes disparus et des éventuels agresseurs ou du moins celui qui a tué le pilote.
  Norma se tut un instant, pensive, puis reprit :
— Pendant ce temps, j'irai vérifier ce que le satellite nous a indiqué.

  Elle fouilla dans les cartes, puis étala devant elle celle indiquant l'emplacement du chalet :
— À six ou sept kilomètres à l'est du chalet, notre satellite a découvert une masse métallique enfouie sous la glace. Il s'agit sans doute d'un bâtiment qui sert de repaire à notre ou nos agresseurs.
  Galan hocha la tête de façon mécanique, puis repartit dans ses pensées, un sourire béat flottant sur le visage.
— Lüdke, veuillez contacter Mac Murdo pour qu'ils vous donnent les coordonnées précises.
  Norma reprit son souffle avant de questionner :
— C'est clair pour tout le monde ?
— Bien Chef ! Répondirent d'une seule voix Diego et Joseph.
— Oui, Madame ! Acquiesça Wuornos
— J'appelle Mac Murdo tout de suite...! fit le pilote.

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Le chalet

  Dans un nuage de particules de glace soulevé par les pales de l'hélicoptère atterrissant près du bâtiment et dans le vrombissement assourdissant du moteur, Diego sauta à terre et déchargea armes et sacs qu'il transporta avec Joseph dans la bâtisse. Adi les précédait et fut surprise d'y trouver Simon et le pilote blessé.
  Alors que Galan et son équipier repartaient, Wuornos fit part de son étonnement :
— Bonjour Monsieur Fish, nous pensions que vous étiez en train d'explorer les galeries...
— Il fallait surveiller le pilote qui est blessé et maintenir le contact radio avec Byrd et l'équipe qui progresse dans les failles, de plus il fallait aussi protéger le chalet contre d'éventuels agresseurs, nous avons quand même trois disparus et un mort sans compter un hélico abattu...
— Abattu ? Ce n'était pas un accident, vous êtes sûr ?
— D'après les dires, même incohérents, du pilote, c'est plus que probable.
— Madame Manson, m'a demandé de m'occuper du blessé et de la radio...
— Ma femme est là ?
— Oui dans l'hélico, dépêchez-vous ils vont repartir...

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Ad'H & JI 15/09/20

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