Chapitre VIII
Norman s'éveilla, une douleur lancinante dans les jambes et une migraine terrible qui l'empêchait d'ouvrir les yeux. La souffrance s'amplifiant, il finit par écarter doucement les paupières. Dans la pénombre qui régnait, il voyait au loin des lumières clignoter. Le silence était total, il n'entendait même pas le vent. Il essaya de se lever et se rendit compte qu'il était couché sur un sol métallique glacial. Où suis-je ? Il se força à s'asseoir, malgré le mal de tête et les blessures aux jambes. Que m'est-il arrivé ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Comment suis-je arrivé ici ? Autant de questions auxquelles il ne pouvait répondre, son cerveau, comme pris dans un étau, ne raisonnait pas sainement.
Sa vue commençait à s'habituer à la pénombre qui règnait. Il palpa ses jambes, constatant qu'elles n'étaient pas fracturées, seulement (!) profondément entaillées par endroit et très sensibles au niveau des articulations. En s'appuyant sur la paroi, derrière lui, il tenta de se mettre debout en ignorant les pointes de feu dans ses pieds. Il sentit une sorte d'encoche dans le... mur ? Il s'y agrippa et parvint à se tenir debout.
Après avoir transféré la douleur au tréfonds de sa conscience, il put examiner son environnement, une salle plutôt vaste. Dans le fond, là où clignotaient par moment des points lumineux, il crut distinguer des sièges. Le sol paraissait encombré de diverses choses et objets qui ne lui disaient rien Le plafond était invisible, la paroi qui lui faisait face semblait située à une bonne dizaine de mètres ; s'il parvenait à l'atteindre, peut-être trouverait-il une échappatoire...
Se dirigeant vers la surface à sa gauche, Norman s'en servit comme d'un guide puis commença à avancer lentement vers le fond de la salle. D'après ce qu'il pouvait en voir, le sol sur lequel il évoluait était sombre, voire noir, et creusé de profondes striures. Il se baissa, suivit du bout des doigts plusieurs d'entre elles et fut surpris de constater qu'elles paraissaient similaires à certaines écritures hiéroglyphiques ; se pouvait-il que, sans le savoir, ils aient trouvé un vestige d'une ancienne civilisation... en plein Antarctique...? Et, si c'était le cas, pourquoi ceux qui l'avaient mis dans cet état auraient pris le risque de lui montrer leur trésor ?
À moins qu'il ne soit condamné...
Secoué par ce questionnement, il se releva vivement, ce qui eut pour effet de réveiller les douleurs qu'il avait, durant quelques minutes, oubliées. Il s'écroula, dos au sol et sombra à nouveau dans l'inconscience.
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Dans l'hélicoptère
Adolf Lüdke s'apprêtait à décoller quand il aperçut un homme sortant du chalet qui lui faisait de grands signes de la main :
— Madame Manson, quelqu'un arrive en courant, je l'attends ?
Norma jeta un coup d'œil par le hublot...
— C'est Simon, ouvrez-lui !
— Bonjour à tous, bonjour chérie, vous repartiez vers Byrd ?
— Byrd ? Pour quelle raison, tu as trouvé les disparus ?
— Nnn...on ! Mes équipiers les cherchent dans les galeries...
— Parfait tu conduiras Diego et Pepe jusqu'à eux. Adolf, demandez à Adi si elle a obtenu un contact !
— Oui, je viens juste de l'avoir, ils sont à cinq-cents mètres vers l'est, l'entée du boyau est à trois- cents mètres devant nous... voilà, nous y sommes, je me pose à côté.
— Allez-y les gars ! Simon, prends ce "talkie" pour communiquer avec moi, Adi et ceux qui sont devant.
— Et toi ? Que vas-tu faire ?
— Voir un endroit où le satellite a repéré une construction métallique à environ six kilomètres vers l'est... peut-être l'endroit où se trouve l'assaillant.
— Ou LES assaillants, je viens avec toi, Pepe prends la radio avec toi et faites gaffe on ne sait ni de qui il s'agit ni combien ils peuvent être !
— Simon ! Mon plan n'est pas de le prendre à revers, mais de découvrir l'endroit où se trouvent nos hommes depuis l'hélico pour vous guider, je n'ai besoin de personne pour ça, tu seras bien plus efficace avec eux, dépêchez -vous de sortir tous les trois. !
— Bien Madame, dit Joseph en rendant la radio à Simon que Diego poussait déjà dehors.
Lüdke décolla sans attendre, cinq-cents mètres plus loin, il crut voir des lueurs sous la glace.
— C'est peut-être leur projecteur qui éclaire la galerie s'ils ne sont qu'à deux ou trois mètres de profondeur, je pense qu'on peut les voir, réfléchit Norma à voix haute, puis : essayez de les contacter, ou demandez à Adi de le faire. Pour l'instant dirigez-vous vers les coordonnées du bâtiment soutrerrain il ne doit pas être à plus de six kilomètres.
— Un peu moins, nous y serons dans trois ou quatre minutes. D'après les infos fournies par Mac Murdo, il n'y a jamis eu de construction à cet endroit, du moins pas officiellement, de plus elle serait enterrée à près de cent-quatre-vingt mètres de profondeur, ce qui signifie, selon eux, qu'elle aurait été construite il y a plus de cinq mille ans, et aurait été peu à peu recouverte de neige, transformée en glace au fur et à mesure du temps qui passe. Bien sûr, il peut aussi s'agir d'un bâtiment militaire secret, enfoui sous la glace avec du matériel moderne, mais cela ne serait pas conforme au statut international du continent qui en a proscrit toute implantation et utilisation à titre militaire.
— Leur conclusion est intéressante, mais ne prouve rien, ce n'est que de la théorie, si un état a construit une base secrète, il ne va pas le crier sur les toits...
— Nous y sommes, madame, pile au dessous de nous. On ne voit rien.
— Regardez, à onze heures, à deux-cents mètres, on distingue une sorte de renflement de glace allons voir... on dirait une ouverture dissimulée... allez vous poser sur ce monticule à trois heures, oui, à droite...
Norma sauta de l'appareil munie d'un lance-rocket, son fusil ainsi que sa paire de jumelles. Elle se positionna et lâcha dans le talkie qui crachota :
— parfait, je suis à environ quatre-cents mètres de l'entrée, dissimulée par la glace et avec mes jumelles, je vois parfaitement le passage, repartez chercher une partie de l'équipe. Nous prendrons le ou les assassins à revers.
Après le départ de l'hélico, Norma demeura à son poste de surveillance durant quelques minutes, observant l'ouverture et ses abords. Cependant, sa curiosité fut plus grande que son envie de suivre ses propres directives. Récupérant les armes qu'elle avait abandonnées au sol, elle se dirigea à pas de loup vers le monticule repéré en arrivant. Pas de doute, c'était bien une entrée, et pas celle d'une grotte.
Mettant le lance-rocket en bandoulière derrière son dos, elle alluma la lampe placée sur le fusil, l'arma, juste au cas où, puis pénétra sous l'alcôve que formait le métal noirâtre qui changeait légèrement de couleur suivant le sens d'où provenait la lumière. Jamais elle n'avait vu quelque chose de semblable ; avec ces signes hiéroglyphiques gravés partout, autour d'elle, elle aurait pu se croire au cœur d'un tombeau égyptien.
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Dans l'étrange repaire
Elle s'approcha de la surface sombre avant de suivre du bout du doigt les striures parfaites ; on avait, sans aucun doute, fait appel à une machine pour faire ça. Les lignes étaient bien trop droites et régulières pour avoir été dessinées de la main de l'homme.
S'écartant du mur, Norma reprit sa route. Elle chemina à pas lents et s'arrêta à quelques mètres de la fin du "couloir", l'oreille aux aguets. Un bip intermittent, qui semblait se calquer sur une lumière rouge clignotante retentissait approximativement toutes les secondes, mais hormis cela, elle ne détectait aucun autre son. Pointant de nouveau l'arme devant elle, elle avança jusqu'à l'entrée d'une salle gigantesque sur le sol de laquelle traînait un nombre d'objets impressionnant. Elle en reconnaissait certains, mais d'autres lui étaient parfaitement inconnus.
Tout en prenant soin de raser les murs, elle atteignit un deuxième couloir qui ressemblait étrangement au premier. Cette fois, elle le traversa en vitesse avant de s'arrêter net devant l'entrée d'une nouvelle pièce plus gigantesque encore que celle visitée peu avant. La bouche ouverte sur un "oh" de stupéfaction, elle promena le faisceau de sa lampe sur ce qui se trouvait autour d'elle : des sièges immenses, au nombre de quatre, des panneaux de contrôle éteints, mais sûrement en état de marche, des écrans, qui semblaient faire sa taille et bien plus encore... Une chaleur méconnue l'envahit peu à peu. Tout ça n'était pas humain ! Peut-être que le pilote ne délirait pas après tout... Et s'ils étaient en présence d'une autre intelligence ? D'un être venu d'ailleurs ? Tout ce qu'il y avait de sûr, c'était qu'il était hostile...
Elle allait repartir dans l'autre sens pour prévenir son équipe lorsqu'un son retentit quelque part derrière son dos. Une respiration lourde, une sorte de pas traînant. Elle fit volte-face, éteignit la lampe de visée, mit le fusil en joue et se cacha derrière l'un des hauts sièges à son côté, attendant le bon moment pour tirer.
Peu après une ombre voûtée se découpa sur la paroi, Norma se préparait, le doigt sur la détente lorsqu'elle s'aperçut que la menace n'en était pas une, il s'agissait d'un homme qui se déplaçait avec difficulté et avait l'air mal en point. Courant vers lui, elle put bientôt se rendre compte qu'il s'agissait de Norman. Salement amoché, respirant avec peine, mais encore en vie.
Heureuse comme elle l'avait rarement été depuis des années, elle se rua vers lui avant que son amant s'écroule dans ses bras, un léger sourire reconnaissant dessiné sur les lèvres. Au moment où elle se laissait glisser à terre, des coups de feu tirés par des armes automatiques retentirent dans le lointain...
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Ad'H & JI 20/09/20
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