Dans la soirée du 24 décembre 2003, dans la petite ville de Torbay, à Terre-Neuve, au large de la côte atlantique du Canada, des pas dans la neige se firent entendre. Les pas se rapprochèrent d’une petite demeure entourée d’un boisé, à l’écart des rues résidentielles. Un bruit survient à l’entrée de la maison. Des cris et le bruit des objets renversés résonnèrent à l’instant. Le jeune Ken, âgé de douze ans, descendit en trombe les escaliers, fébrile. Il arriva dans la cuisine d’où provenaient les cris. À sa plus grande stupeur, sa mère, son père et son jeune frère se trouvaient sur le sol. Ils étaient entourés par des assiettes, des verres éclatés et des traces de sang sur le corps. Ken, pétrifié, ne comprenait pas la situation. Les larmes envahirent ses yeux et son cœur se mit à battre la chamade. Son regard balaya les environs, mais il ne vit personne d’autre. L'atmosphère dans la pièce devint si lourde et si malsaine, qu'il prit, paniqué, la direction des escaliers et monta avec hâte se réfugier dans sa chambre. Il claqua la porte derrière lui et la verrouilla. Il se recroquevilla sur lui-même devant la porte, terrorisé par la scène dont il venait d’être témoin. Cette présence si désagréable et intimidante se rapprochait de sa chambre. Des larmes d’angoisse coulèrent le long de son visage. Ken sentit la mort derrière la porte, son cœur palpitait. En panique, désespéré, il se prit la tête, puis murmura en sanglotant : « S’il te plaît, ne me fais pas de mal…va-t’en… s’il te plaît… » Une boule de lumière vive fit son apparition dans la chambre. Abasourdi par cette lueur aveuglante qui l'entourait, Ken tenta de couvrir ses yeux. Puis, une sorte d'éclair le frappa et il perdit connaissance.

Une plume blanche tomba lentement au côté de Ken toujours inconscient. Au moment le plus inattendu, la présence malsaine disparut. Il ouvrit enfin les yeux lentement et vit les grands yeux ronds craintifs de son jeune chat Miko. Ken ne s’était jamais senti aussi rassuré en le voyant à ses côtés. Miko lâcha un miaulement lorsqu’il le vit pleurer à chaudes larmes, se glissa sous son bras et se blottit contre lui. Le jeune garçon le serra fort dans ses bras pour se réconforter.

Soudain, il entendit une voix lointaine qui lui semblait familière. Elle l’appela par son prénom et elle devint de plus en plus distincte. Miko balaya son regard vers le plafond, comme s’il voyait quelque chose voler au-dessus d’eux. Ken croyait enfin entendre sa mère. Puis entendit celle de son frère qui semblait confus. Celui-ci le questionna sur l’événement : « Ken, qu’est-ce qui s’est passé ? Où sont maman et papa ? » Les voix résonnèrent de plus en plus fort dans sa chambre. Toujours troublé, Ken s’agenouilla au sol tout en tournant frénétiquement la tête, ne comprenant pas d’où provenaient ces voix. Elles devinrent des échos et un silence sourd apparu soudainement. Des souvenirs lointains surgirent subitement à son esprit ; une faiblesse s’empara de lui et il devint inconscient à nouveau.

D’un sommeil profond, Ken, maintenant âgé de quinze ans, se réveilla en sursaut. Abasourdi de ce rêve, il retomba sur son oreiller lourdement. Allongé sur le dos, il déposa un moment ses mains sur son visage pour mieux se réveiller et tenta de se remettre de ce cauchemar atroce. Il sentit une pression près de ses pieds sur la couverture et regarda au bout du lit, là où se trouvait son chat, assis avec le regard doux et ensommeillé. Ken, rassuré, tendit sa main, puis Miko s'avança vers celle-ci. Il caressa le doux pelage gris et blanc du félin, tout en se questionnant sur ce rêve qui lui avait fait revivre l’assassinat de sa famille.