3. Un signe d’espoir
Pendant le souper, Ken était assis à la table entourée de sa tante et de ses deux petites cousines. Lora, l’aînée, âgée de dix ans, rigolait et échangeait des anecdotes cocasses, alors que la cadette Sonia, six ans, pouffait de rire après chacune de ses bouchées. À ses oreilles, tous ces rires et paroles joviales résonnant dans la salle à manger n’étaient que des échos et ne lui procuraient aucune émotion. La tête appuyée contre sa main, avec la fourchette dans l'autre, il piqua à répétition ses légumes d'un mouvement lent et mécanique. Il sembla simplement perdu et vide d’esprit. Elena échappa un dernier ricanement, pour ensuite tourner son attention vers Ken. Ce dernier fixa son assiette sans n’avoir pris aucune bouchée, depuis la dernière demi- heure. Elle dit accompagné d'un léger sourire :
– Alors Ken, tu peux nous raconter comment s'est passée ta journée aujourd'hui ?
Malgré cette ambiance tamisée et chaleureuse, il ne montra aucune énergie pour entretenir la discussion. Il n'échangea même pas un regard avec celle-ci.
– Ken ? Est- ce que ça s’est bien passé ? Tu sais que nous sommes toutes intéressées par ta première journée dans ta nouvelle école. Tu as eu la chance de te faire des nouveaux amis ?
Ken resta toujours silencieux, mais ces derniers mots venaient retentir en lui comme une insulte. Il laissa tomber lourdement sa fourchette dans l’assiette. Un silence déconcertant s'installa. Lora et Sonia avalèrent toutes les deux leurs dernières bouchées, puis balayèrent du regard Ken et leur mère, ne comprenant pas trop la situation. Ken se leva d'un bond en reculant bruyamment la chaise et monta rapidement à l'étage afin d'aller s'isoler dans sa chambre. Sa tante tenta de garder son calme sans intervenir. Sonia marmonna timidement à sa mère:
– Je crois que Ken n'a pas eu une bonne journée.
Lora acquiesça de la tête vers sa sœur. Puis, son doux sourire se baissa discrètement croyant peut-être comprendre la mélancolie de Ken.
Plus tard en soirée, Lora ouvrit lentement la porte de la chambre de Ken, entrouverte, elle jeta un coup d’œil dans la pièce sombre. Elle remarqua Ken toujours étendu sur son lit, dos à elle :
– Ken... Est-ce-que tu dors déjà ? demanda-t-elle timidement.
Mais le silence perdura. Lora sentit le chat se faufiler entre ses jambes et se diriger directement aux côtés de Ken en lâchant un doux miaulement. Rassurée de le voir caresser finalement le chat à la recherche d’attention, elle entra à son tour discrètement, les mains cachées derrière elle.
– J’ai quelque chose à te montrer... dit-elle, en s’approchant du lit.
Mais, il ignora toujours sa présence. Le chat ronronna de plus en plus fort et donna un léger coup de tête au visage de Ken ce qui l’incita à se détourner du félin, croisant le regard préoccupé de sa jeune cousine.
– Qu’est- ce que tu veux me montrer ? répondit-il enfin intéressé.
Elle sourit légèrement, heureuse d’avoir enfin son attention. Les mains toujours cachées derrière son dos, elle tint d’une main un dessin avec un gratte-ciel. Ken s’assit finalement sur le bord du lit, il prit la feuille froissée et remarqua que les étages étaient attribués par des émotions. On pouvait lire au rez-de-chaussée le mot peur et au fil des étages, il y avait écrit ; culpabilité, apitoiement, acceptation, service, joie, paix et amour. Une phrase écrite en haut de la feuille attira encore plus son attention. Il la lut à haute voix : « Objectif pour élever ma conscience... » Ken leva rapidement ses yeux vers Lora et lui demanda perplexe :
– C’est quoi ce dessin ? Dis-moi, c’est toi qui as fait ça…
– Non, mais je l’ai trouvé avec cette photo. Je crois que c’est ma maman posée dessus ? répondit – elle, en lui montrant de l’autre main une vieille photographie prise dans les années 80, prise en gros plan, deux jeunes femmes souriantes dans leur vingtaine.
Ken prit délicatement la photo croyant reconnaître ces visages. Ses yeux s’agrandirent de stupeur en réalisant que c’était bien sa mère et sa tante posées ensemble. Les traits de Ken s’adoucirent et avec nostalgie, il contempla le visage serein de sa mère. Il admira sa magnifique chevelure abondante brune bouclée et ses yeux verts. Elle reflétait le bonheur et la sagesse.
– C’est ma mère et la tienne sur cette photo… répondit-il d’une voix basse sans quitter ses yeux du doux sourire de sa mère.
– Ah oui ! s’exclama Lora toute enjouée, elle grimpa sur le lit, afin de s’asseoir à côté de Ken. Sans hésiter, il montra du doigt Elena qui exprimait un tel bonheur en souriant pleinement. On distinguait une très belle complicité entre sa mère et Elena.
– C’est ta maman ici, celle avec les cheveux brun pâle et courts.
– Wow ! Elle est jolie !
– Lora… Où as-tu trouvé ça ?
– Dans une boîte sous le lit de maman.
– Une boîte ? demanda Ken intrigué en tournant toute son attention vers Lora.
– Je jouais à la cachette avec ma petite sœur, et je me suis cachée sous son lit. Puis, il y avait une boîte et j’étais curieuse de savoir ce qu’il y avait dedans. En fouillant à l’intérieur, j’ai trouvé de vieilles photos que je n’avais jamais vues et ce dessin était là... J’ai pensé que ce dessin pourrait te remonter le moral…
– Me remonter le moral ?
– Oui... Tu as l’air si triste depuis un moment...
Ken dévisagea Lora un moment, étonné de sa perspicacité.
– C’est nous qui te rendons triste ? Tu nous aimes plus ? ajouta-t-elle avec tristesse en voyant Ken fuir son regard, ajouta-t-elle.
– Quoi ? Ne pense pas comme ça, tu sais que ce n’est pas vrai. Je suis désolé de donner ce sentiment... expliqua aussitôt Ken blessé par cette remarque.
Il se tourna vers sa petite cousine et la serra contre lui, puis d’une voix rassurante il lui dit :
– C’est plus compliqué que ça, mais ne t’inquiète pas, je vous aime.
Un petit sourire s’afficha sur le visage apaisé de Lora. Elle se contenta de simplement hocher la tête. Elle se ressaisit de ses émotions en essuyant ses petites larmes au coin de ses yeux, puis elle sauta hors du lit afin de lui souhaiter une bonne nuit.
– Une dernière question, est-ce que la boite est toujours sous lit ? s’enquit-il.
– Humm... Je crois que oui, Bonne nuit ! répondit-elle amusée en refermant la porte derrière elle.
Un doux sourire se dessina sur les lèvres de Ken, enfin heureux de ce petit moment de bien-être intérieur qu'il n'avait pas vécu depuis un moment. Il déposa le dessin et la photo sur sa table de chevet à côté d’un cadre dans lequel il y avait une photographie de ses parents à leur mariage. Puis, à côté de celle-ci, on retrouvait une autre photo encadrée de son frère et lui tous deux souriants et enjoués.
Ce soir-là, Brendan arriva plus tard qu’à l’habitude. Il se sentait fatigué et déprimé. Il ne se sentait pas d’humeur de faire face à son père et sa belle-mère. En passant près de la salle à manger, il les vit à table en train de remplir leur assiette du souper.
– Ah te voilà enfin. Tu viens te nourrir, dit son père nonchalant en terminant de se servir de la salade.
Brendan déposa son sac à l’entrée et s’approcha lentement de la table en hésitant de prendre sa place.
– Quelle est ta raison pour arriver aussi tard ? s’enquit Karen de son ton autoritaire.
Brendan soupira en fixant son assiette vide d’un air agacé.
– Allez, assieds-toi. Mange pendant que c’est chaud, ordonna son père sans lever son regard de son assiette, pendant qu’il coupait son bout de steak.
– Je suis resté après l’école pour une pratique de basketball, avoua finalement Brendan en défiant du regard Karen.
Son père leva enfin les yeux vers son fils.
– Quoi ? On a pourtant été assez clairs à ce sujet, s’exclama son père sévèrement.
– Non, je suis tanné que vous décidiez ce que je dois faire !
– Et ta réussite scolaire qu’est-ce que tu en fait ? questionna Karen.
– Arrête ! explosa Brendan en donnant un coup sur la table, je vais faire de mon mieux !
Karen sursauta sur sa chaise, soudainement intimidée par la colère de celui-ci.
– Ça suffit Brendan ! Et moi j’en ai marre de ton attitude ! cria son père en se levant d’un bond.
– Mon attitude ? Et bien tu n’es pas mieux ! Tu ne t’es jamais questionné d’où je retenais mon impatience ? lança Brendan le fusillant du regard, au moins contrairement à toi, je me soucie des autres, ajouta-t-il en retrouvant un ton plus calme, mais gardant les poings serrés.
– Qu’est-ce que tu insinue par-là ? s’enquit son père renfrogné.
– Tu t’es toujours foutu de moi. Tu t’es rarement intéressé à ce que j’aimais réellement et de comment j'allais, tout comme ma mère.
– N’évoque pas ta mère là-dedans ! cria son père en s'avançant d’un pas menaçant face à Brendan.
– Jamais tu t’es donné la peine d’être là pour elle et de la respecter.
– Tu es mieux de te taire immédiatement !
– Non ! cria Brendan colérique en défiant son père qui se tenait maintenant très près de lui.
– Brendan calme toi ! s’écria Karen se mêlant finalement à la dispute en se levant d’un bond.
– Tais-toi ! lança sauvagement Brendan contre Karen qui resta saisi sur place.
– Ok là tu vas trop loin ! Tu vas commencer à la respecter !
– Oh je vois, pour elle tu vas toujours la défendre, la choyer, mais avec ma mère... c’était tout le contraire, c’était plus facile de la rejeter… surtout quand elle avait le plus besoin de toi… fit Brendan d’un ton plus calme, mais rempli de rancune.
Ces derniers mots restèrent pris dans sa gorge, puis il se rétracta soudainement en reculant de quelques pas vers le mur derrière lui.
Son père garda un silence effrayant, une grande colère bouillonnait en lui. Il cherchait à répliquer, mais cela n’allait qu’escalader au point d’en perdre son sang-froid.
– J’ai besoin que tu partes, dit-il d’un ton sec
Sans hésiter, Brendan se retourna, puis frappa le mur d’un coup de poing qui craqua la peinture et émietta le plâtre. Il reprit son sac à dos et quitta la maison pour aller décompresser en reprenant le chemin de l’école.
Zoé s’aventurait dans le couloir de l’école s’apprêtant à enfin quitter après être restée tard. En passant près du gymnase, elle entendit le son d’un ballon résonner sur le plancher. Curieuse, elle s’approcha des portes et en ouvrant une, elle fut étonnée de trouver Brendan, seul, en train de faire des lancers dans le panier de basket-ball.
– Brendan ? Mais que fais-tu ici seul et tard après la fin des cours ? questionna Zoé.
Surpris, il se tourna vers celle-ci en rattrapant le ballon au vol après qu’il eut rebondit sur le panneau du panier.
–Zoé ? Que fais-tu encore ici ?
–J’ai aidé une amie à étudier après les cours et toi, tu as décidé de te pratiquer seul ? supposa-t-elle en marchant vers lui.
– Ouin… plus ou moins… j’avais besoin de décompresser, soupira -t-il en rabaissant son regard sur le ballon.
– Ç’a pas l’air d’aller ?
Brendan laissa tomber le ballon qui roula jusqu’au pied de Zoé, puis s’assied au sol les genoux recroquevillés. Elle fit quelques pas vers lui, mais s’arrêta abruptement lorsqu’elle remarqua du sang sur les jointures de sa main droite.
– Oh non tu es blessé ! s’inquiéta-t-elle.
Brendan lança un coup d’œil à sa main ; il ne ressentait même pas la douleur. Il fut étonné lorsque Zoé sortit en courant pour, finalement, revenir quelques minutes plus tard avec du papier brun humecté d’eau froide.
– Tiens applique ça sur ta main, dit-elle attentionnée en s’assoyant à ses côtés.
– Merci, répondit-il en esquissant un léger sourire.
– Tu veux en parler ? Parce que tu n’as vraiment pas l’air d’aller ?
– Je me suis fâché contre mon père … je lui en veux tellement…
– Oh…je suis désolée d’entendre ça …répondit-elle attristée.
Brendan passa sa main dans ses cheveux essayant de maîtriser ses émotions. Du coin de l’œil, il pouvait voir l’empathie de Zoé. Il percevait sa grande écoute et savait qu’il pouvait lui faire confiance. Il se sentit enfin plus calme et s’ouvrit finalement à elle.
– Je n’ai jamais accepté comment il a traité ma mère.
–Que veux-tu dire ?
–Il l’a trompé avec une autre femme il y a 6 mois et se sont mariés le mois passé. Ma mère a toujours voulu défendre son mariage et tenait à mon père, mais il a préféré être avec une autre. Je n’ai jamais compris pourquoi il a fait ça... Juste avant leur divorce, elle a commencé à boire plus qu’à l’habitude, je ne la reconnaissais plus… Et mon père ne l’a jamais aidée, il l’a rejeté davantage.
–Je vois… mais pourquoi n’es-tu pas parti vivre avec ta mère au lieu de ton père si tu ne t’entends bien avec lui ? s’enquit-elle.
–J’ai essayé…mais quand elle a emménagé seule, elle était devenue très négative et toujours triste. Toute ma vie, ma mère m’a soutenu dans ce que je faisais et respectait toujours mes choix…
Zoé inclina la tête légèrement et lui toucha l’épaule par compassion.
–Mais je ne savais juste pas comment agir ou quoi faire quand elle se mettait trop à boire… Je devenais aussi malheureux qu’elle…
– Je comprends.
Les yeux de Brendan se remplirent par la tristesse qui montait en lui.
– Je blâme mon père … mais je me blâme aussi… Je l’ai moi aussi abandonnée…finit-il par ajouter.
–Ça va aller, ce n’est pas facile effectivement. Mais tu sauras aider ta mère éventuellement. Donne-toi du temps.
Brendan acquiesça en soupirant, comme si on l' allégeait d’un poids.
– Je l’espère… mais quand j’y pense, je regrette comment j’ai agi avec Ken. J’ai l’impression que j’ai projeté la frustration que j’éprouvais envers mon père contre lui, avoua-t-il piteusement, Je me suis senti vraiment mal, surtout après ce qu’il m’a dit…
–Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
– Il m’a reproché de dépendre du bonheur des autres. Pour ensuite me dire que, pour lui, ça ne changera rien de ce qu’il a perdu.
– Vous n’êtes peut-être pas si différent que ça finalement, remarqua-t-elle.
–Peut-être…
–Vous voulez tous les deux être écouté et compris, dit Zoé souriante, dotée d’une grande compréhension.
Brendan approuva sa réponse qui résonnait en lui comme étant très juste. Puis, il lui échangea à son tour un doux sourire, les traits du visage maintenant plus serein.
Le lendemain après les cours, Ken s'assied sur un banc dans le parc près de l’école. Le doux vent d’été caressa ses cheveux et les rayons du soleil traversèrent les branches pour se refléter vaguement sur son visage pensif. La vision de ce garçon aperçu plus tôt obséda son esprit. Il tenta de se résonner ; ce ne pouvait pas être réellement son frère... Soudainement, ses pensées prirent de l’ampleur dans sa tête et tout devint noir. Des scènes de son passé resurgirent sous ses yeux dans un environnement ténébreux dont la mort de ses parents. Hanté par ses souvenirs négatifs , son visage se crispa et il se prit la tête voulant faire cesser ce cauchemar. Il reposa son dos contre le banc en respirant profondément. Ensuite, il pencha sa tête vers l’arrière afin de regarder droit vers la cime des arbres. Il admirait les feuilles dans les branches, qui se faisaient chahuter par la brise. Soudain, son regard croisa en plein vol, une petite plume blanche qui passait au-dessus de lui en virevoltant sous le vent. Ken la suivit du regard inconsciemment et ressentit à cet instant une quiétude d'esprit.
D’un air perdu, il marcha les mains dans les poches en direction de chez lui. Malgré ce bref sentiment de quiétude à la rencontre de cette plume, une désolation remonta en lui. Arrivé chez lui, Ken franchit à peine le seuil de la porte, lorsque sa tante l’interrogea :
– Mais où étais-tu ? Ça fait une heure que tu es supposé être de retour !
Ken l’ignora et monta l’escalier sans hésiter.
– Ken ! Réponds-moi à la fin ! Cria-t-elle offusquée en le regardant monter à l’étage.
Ken s’enferma dans sa chambre pour éliminer tout bruit extérieur. Il lança son blazer sur le dossier de sa chaise en face de son bureau. Il laissa tomber son sac sur le sol tout en continuant d’avancer, puis s’écroula sur son lit. Il se sentait sombrer et déconnecter de tout. Sonia, la cadette, pénétra dans la chambre de Ken avec le chat dans les bras. Elle marcha à pas lents vers lui et remarqua qu’il avait le visage enfoui dans son oreiller, ignorant son entourage.
– Ken... est-ce que ça va...? bafouilla-t-elle d’une petite voix préoccupée.
Il tourna lentement sa tête en ouvrant les yeux, toujours dos à Sonia, mais ne dit aucun mot. Désespérée, elle fit une dernière tentative pour attirer son attention. Elle déposa Miko sur son lit, puis tapota d’une main le bras de Ken. Malheureusement, il ne réagit pas à ce geste de réconfort. Sonia abandonna en lâchant un court soupir et quitta alors la chambre. Le chat se frotta la tête affectueusement contre Ken pour finalement s’endormir à ses côtés.
Cette même nuit, profondément endormi, Ken rêva à des images embrouillées qui peu à peu se développèrent en une silhouette sombre qui lui rappelait son frère. Une grande tristesse l’envahit et il se dégagea alors de lui une énergie tourmentée. De plus en plus, il devint agité plus il plongea dans le cauchemar de son enfance. Au loin, il entendait des cris de souffrance qui se mélangeaient à des rires machiavéliques. Ils résonnèrent dans l’espace ténébreux et tranquillement la noirceur s’éclaircit pour laisser apparaître devant ses yeux la cuisine de son ancienne maison. Il entendit en écho sa mère et son père crier : « Ken, tu ne peux l’affronter seul ! Il est trop puissant ! » Un rire grave se fit entendre de plus en plus fort, puis se distordit. Cela créa un effet étourdissant dans l’esprit de Ken, il tourna brusquement la tête vers la porte du sous-sol et elle claqua brutalement, puis le rire cessa aussitôt. Ken se réveilla en sursaut au milieu de la nuit. Il reprit son souffle, mais il se sentit envahi par une peur incontrôlable et son corps restait encore sous l’émotion de ce qu’il venait de revivre. Tout ça paraissait si réel et ce rêve troublant devait probablement apporter des réponses à ce qu'il recherchait…
Il tenta de retomber dans son sommeil en fermant les yeux, mais il éprouva une grande difficulté à calmer ses pensées, ébranlé. Tout à coup, une petite lueur blanche sphérique se forma au-dessus de Ken. L’énergie qu’elle dégagea réussit à dissiper toute son amertume. Ken ouvrit à peine les yeux encore somnolents, mais ses paupières devinrent lourdes emportées par la fatigue et il se laissa submerger par ce sentiment de quiétude si présent. Cette boule de lumière apaisante et vive apporta à Ken une grande gaieté et beaucoup de bienveillance pour le reste de la nuit. Tous ses soucis et souvenirs hantés, furent également oubliés et il rêva dorénavant qu’à des choses agréables.
Ce matin-là, Ken se réveilla une heure avant son alarme. Toujours allongé dans son lit sous les couvertures, il frotta ses yeux, puis réalisa qu’il ne s’était jamais senti aussi bien après une nuit de sommeil. Il avait enfin l'impression d'être reposé et avoir l’esprit plus clair. Il observa autour de lui perplexe, en se questionnant sur cette sensation si agréable qu’il a ressentie durant toute la nuit.
Avec une bonne mine, Ken descendit dans la salle à manger et vit Elena en train de servir des céréales dans le bol de Sonia, puis il dit alors d’une voix claire :
– Bon matin.
Elena sursauta en lâchant un cri interloquée, elle versa le lait à côté du bol. Elle se retourna brusquement vers Ken et les filles éclatèrent de rire.
– Wow Ken ! Ce n’est pas dans tes habitudes de te lever si tôt, répondit-elle surprise, en tentant de reprendre son calme.
– Désolé, je ne voulais pas t’effrayer. Qu’est-ce qu’il y a à manger ? demanda-t-il calmement en marchant vers la cuisine.
Elena le regarda déstabilisée face à son attitude soudainement sociale et éveillée. Sonia et Lora s’échangèrent un regard étonné, puis un grand sourire s’afficha sur leur visage.
En marchant sur le chemin de l’école, Ken ressentit à nouveau cette douce présence au-dessus de lui. Il s’arrêta brusquement pour regarder immédiatement vers le ciel et vit avec stupéfaction, une plume blanche tomber vers lui. Il l’attrapa dans les airs et l’admira un instant, puis à sa grande surprise la plume se désintégra et toutes ses particules s’évaporèrent. Complètement ébahi, il leva les yeux vers le ciel et dit intérieurement « Je ne suis pas sûr de bien comprendre …qu’est-ce que cela signifie ? »
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