Chapitre 1
- Regarde ! Tu la vois ? Là, c’est la Grande Ourse.
Je me concentre, plisse les yeux à la recherche de ces étoiles formant une casserole. Mais, non, je ne parviens à la voir. Je secoue alors la tête, un peu honteuse.
- Bon. L’étoile qui brille le plus fort, ici, tu la vois ?
- Oui… Je crois.
- Maintenant, suis mon doigt.
Je m’applique, suis ses indications, scrute le ciel et soudain, je la vois. La casserole, la fameuse. La Grande Ourse. Après un quart d’heure à tenter de relier les étoiles entre elles, je la vois enfin.
- C’est beau.
Il ne répond rien. Mais au fond, je sais qu’il pense la même chose. Que c’est beau. Majestueux. Un brin magique. Qu’on a l’impression que rien ne peut égaler la magnificence et la simplicité des étoiles. Les vagues qui s’échouent inlassablement sur la plage. Le ciel dégagé, sans aucun nuage. Le sable encore tiède, chauffé par le soleil durant la journée.
Allongée sur le sable, observant les étoiles, je ne veux me trouver nulle part ailleurs. Soudain, dans un sifflement discret, le spectacle commence et le ciel s’illumine de mille et une couleurs. Nous sommes le quatorze juillet et oui, tout ce que je désire est d’être ici, à ses côtés, étendus sur ce sable tiède, à regarder les étoiles entre les feux d’artifice. Je souris inconsciemment.
Les feux multicolores s’enchainent. En rosaces, en pluies ou en cascades. Ils éclairent le paysage, embrasent le ciel. J’ai brusquement l’impression d’être une enfant. Une enfant émerveillée par ces petits riens. Dans le noir, sans quitter une seule seconde le ciel resplendissant, je cherche à tâtons sa main. Noue mes doigts aux siens. Et les serre comme s’il risquait de s’en aller d’un moment à un autre.
Lorsque le bouquet final remplit une dernière fois la nuit sombre et que tout redevient silence, nous restons encore là, couchés dans le sable, durant quelques instants, ni l’un ni l’autre souhaitant rompre le charme de cette soirée. De percer cette bulle de bonheur. De casser la douce tendresse du moment. Je tourne alors la tête vers lui et le regarde un moment. Ses traits doux. Son visage fin. Ses cheveux un peu longs, blondis par le soleil d’été. Je me dis que j’ai de la chance. De l’avoir. Qu’il soit là, près de moi. Pour moi.
Il finit par tourner la tête et nous nous regardons dans les yeux. Ses yeux bleus dans mes yeux vairons. On dit souvent que les yeux sont la fenêtre de l’âme. Je veux bien y croire.
- Je t’aime, je chuchote.
- Moi aussi. Je t’aime. Plus que les étoiles réunies.
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