Chapitre 7

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Tom,

Un mois est passé depuis ma dernière lettre et je n’ai reçu aucune réponse. Aucun retour. Aucun “Je vais bien, ne t’en fais pas”. Dis-moi que tu le fais exprès. Dis-moi que tu m’ignores, nous ignores pour un mieux. Pour ton bien. Mais dis-le-moi, juste une fois. Donne-moi signe de vie. Que deviens-tu bon sang Tom ?

Après réflexion, j’ai décidé de te parler d’ici. Ce que tu as quitté. Fui. Comme ça, sans prévenir. Peut-être que ça te fera revenir. Qui sait ? Tom, tu me manques. J’ai besoin de toi. Tu es tout ce qu’il me reste. Je suis tout ce qu’il te reste. Ne me rejette pas. Accepte-moi.

Gaïa grandit ici. A mes côtés. Elle s’épanouit. Elle a fait ses premiers pas il y a une semaine. C’était magique. Ne te moque pas surtout. J’ai pris l’habitude de toujours me balader avec un appareil photo à mon cou. Au cas où elle ferait quelque chose de nouveau. Je la photographie sans cesse. Je sais que les photos ne font pas les souvenirs mais je me dis que si jamais, tu sais hein, si jamais ça arrivait, elle pour-rait récupérer un petit peu tout ce qu’elle a manqué. Ce ne sera pas la même chose, mais je me dis que ce sera mieux que rien, non ? Toi, tu me dirais que c’est inutile. J’en rigole seule. Et je pleure un même temps. Parce que tu n’es pas là pour partager tout ça avec moi. Pour m’épauler dans les moments plus difficiles. Et rire avec moi et Gaïa. Elle non plus ne t’a pas oublié. Pour ça, t’inquiète. Plusieurs fois par jour, elle t’appelle. “ TomTom ?” qu’elle dit. Elle te cherche. Maintenant qu’elle sait marcher, c’est un vrai bolide. Elle fouille tout. Elle t’a même cherché dans la pou-belle. Partout je te dis. Et ça me fait plus mal encore. Parce que j’ai beau essayé de passer au-dessus de ta disparition, de t’oublier comme tu l’as fait, Gaïa est là. Chaque jour, elle me rappelle que tu es parti. Tu t’es barré. Chaque jour, elle me demande quand tu viendras jouer avec elle. Tu lui manques aussi.

J’écris aussi. Je raconte cette vie si spéciale. Je note tout dans un petit carnet jaune. J’en ai déjà usé trois. Un par mois. Un rouge. Pour la colère. Un bleu. Pour la tristesse. Et un jaune. Pour la joie. J’essaie de profiter de ces petits riens. De m’en réjouir. C’est dur. Mais petit à petit, je pense y arriver. Petit à petit, je remonte la pente. Tombe parfois. M’écorche. Mais ce n’est pas bien grave. C’est superficiel. Ça finit toujours par passer. Tu sais, quand on m’a confié la garde de Gaïa, j’ai pris peur. Je me suis dit que je n’y arriverai pas. L’enfant de Clémence. On me donnait l’en-fant de Clémence. Comment, en voyant tous les jours le presque parfait sosie de ta soeur, j’allais pouvoir m’en re-mettre? Mais finalement, c’était une bonne idée. La meil-leure solution même. Et maintenant, je me dis “Bon sang, qu’est-ce que je serais sans Gaïa aujourd’hui ?”.

Si un jour tu décides de réapparaître, tu pourras aussi les lire, ces carnets. J’y inscris tout. Mes mémoires. L’évolution de Gaïa. Les évènements. La vie seule ici. Ma vie. Tout ce que vous loupez, vous qui êtes disparus. Disparus de différentes manières, mais disparus quand même.

Gaïa m’appelle. Elle vient de se réveiller de la sieste. Je dois te laisser.

Je t’embrasse. Et Gaïa aussi.

L.

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