La route
La route. Un ruban qui s’étend à l’infini et qui détermine une voie de passage pour l’Homme. Mais pas que. Il y a une puissante symbolique derrière, ça représente la destinée, un chemin invisible que chacun trace avec ses différents choix. Certes. Mais pour moi ça a une autre signification. C’est un no man’s land. Un lieu mortel, une large barrière aplatit, une muraille infranchissable. En tout cas pas sans y laisser des plumes. Cette vision de la route je l’ai depuis que je suis né, ma famille me l’a inculqué. Mais c’était flou, une idée abstraite, jusqu’au jour où je l’ai vu de mes yeux, en action, la barrière infranchissable a tué mes parents. Je devais les suivre mais j’étais figé. Au départ j’étais juste impressionné et intimidé puis en voyant le corps déchiqueté de ma mère et celui désarticulé et projeté au loin de mon père j’étais horrifié, pétrifié. Je hais cette muraille meurtrière, elle m’a pris mes parents, ma seule famille. La route est une voie de passage pour l’Homme à travers des contrés sauvage, la route est une voie de destruction et de mort, de malheur et de désespoir. Comment imaginé et créé une telle monstruosité ? Ce drame qui m’a changé, m’a bouleversé, n’est pas un cas isolé, car il y a de plus en plus de routes, partout ! C’est un véritable tueur en série, approuvé et multiplié par la loi. Pourquoi ? Comment ? Des questions, sans réponse. Des réponses qui ne viendront jamais.
Désormais je suis seul.
Je dois trouver une nouvelle famille pour survivre, sinon je serais une nouvelle victime de la route.
Victime indirecte.
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La route. Un ruban d’asphalte qui trace le parcours de l’Homme à la surface de la planète. Qui trace ses joies et ses peines, ses petits bonheurs et ses grands malheurs. Pour moi ce fut un grand malheur. Qui jamais ne sera réparé. Ce genre de blessure ne cicatrise jamais vraiment. Je n’étais pas dans la voiture ce matin-là. Je n’avais aucune envie de me lever avant le soleil pour aller observer son réveille près du lac. Mes parents oui. Ils aimaient la nature, ils la trouvaient vivifiante. Je dormais donc au moment où eux s’endormir pour toujours. La police m’a expliqué ce qui s’est passé sans trop rentrer dans les détails. Le psy me réclame des rendez-vous toutes les semaines et l’assistante sociale passe son temps à venir voir comment ça se passe dans ma famille d’accueil. Je suis une coquille vide sans les deux personnes que je ne supportais pas. Enfin c’est en tout cas ce que je pensais de leur vivant. Et ce que je leur faisais comprendre. Un ados quoi. Ce matin-là, ils ont roulé, et deux biches ont traversé. Mon père a voulu les éviter et il est parti en tonneau. La voiture derrière lui n’a pu éviter les deux animaux. Il a fini encastré dans la voiture de mes parents. Résultat, quatre morts dont deux animaux et un paralysé. Mais non. Pas que. En vrai il y a bien plus de victimes que ça. Mais des victimes indirectes. La famille du paralysé, le faon. Nous sommes cinq.
Cinq victimes indirectes, qui souffriront toute leur vie.
10 secondes et la vie bascule.
10 secondes et la mort c’est fait une place dans le cœur de chacun, en creusant la poitrine.
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