Je ne suis pas beau à voir. Mes maîtres n’en ont plus rien à faire de moi. Ils ne s'occupent plus de moi. Je suis devenu trop vieux pour eux.
Ils me laissent dehors tout le temps. Jamais ils ne viennent jouer avec moi.
De temps en temps, j'ai le droit de manger, mais ils ne me donnent pas grande chose. Alors je dépéris, doucement, mais sûrement, sans que personnes n’y prêtent attention.
Un jour, alors qu'il pleuvait, j’ai profité que la petite fille ouvre la porte pour m’y faufiler. Je voulais me coucher dans mon vieux panier tout délabré. Trouver juste un peu de chaleur. Mais très vite, je l’ai entendu crier, je savais que c’était après moi qu’elle en avait.
- Ce chien n'a rien à faire ici. Dehors !
- Mais maman, il fait froid. S’il te plaît, laisse le dormir ici ce soir.
- Tu ne vas pas commencer avec tes caprices, vire-le d'ici, tout de suite !
J’ai vu le regard triste de la petite fille, j’ai compris que je n’avais pas ma place ici alors je me suis levé et j’ai pris la direction de la porte. La grosse bonne femme l’a claquée derrière moi. Je pouvais entendre la petite fille sangloter. Avant, elle jouait tout le temps avec moi. Nous étions inséparables. Et puis j’ai grandi, grossi surtout. Je ne ressemble plus au petit chiot que j’étais en arrivant ici. La gamine ne me rejette pas elle, mais les adultes la grondent dès qu’elle s’occupe de moi.
J’ai froid. Dormir dehors, en plein hiver, ma vieille carcasse ne va pas le supporter.
Je me dirige en bas de l’escalier et me roule en boule en dessous. Mon museau posé sur ma patte, je me demande de quoi demain sera fait.