Ne jamais oublier
À la suite de vingt-cinq années de luttes syndicales, de multiples années de résistance, exténuée de cette vie emplie d'épreuves, Marie Couette prononça ses mots lourds de sens :
« La lutte devient chaque jour plus dure, et je n’ai plus la force d’assumer les lourdes tâches qui incombent aux militants » face à un auditoire consterné au Comité confédéral national du 19 novembre 1949, afin d'être déchargée de ses fonctions de Secrétaire confédérale.
Cela témoigne d'une évidente réalité. Ces héroïnes et ces héros aux récits quasi-mythiques que notre Histoire retient, paré.es de qualités romanesques et de volontés sans pareilles, ne sont que des « roseaux pensants », afin de reprendre le philosophe Blaise Pascal dans ses « Pensées ». La faiblesse et la fragilité sont inhérentes à notre existence. Elsa Triolet transmet cela en substance par cette phrase issue de son roman « Le grand jamais » (1965) :
« Le Temps n’a d’autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres. »
Personne n'échappera aux affres du temps, quand bien même Marie n'était âgée que de 51 ans, son corps reflétait juste le fruit amer de sa vie. Un nénuphar s'était en outre développé en elle, afin d'emprunter une métaphore de Boris Vian, son nom était alors gardé dans le plus intime secret, et ne cessera de la poursuivre.
Olga Tournade succédera à Marie Couette au bureau confédéral, une militante préoccupée dans une certaine mesure par l’égalité hommes-femmes. Elle n'hésitera pas à rappeler à l'ordre ces camarades masculins, quant à l'importance de l'héritage des luttes des ouvrières qu'on devait perpétuer, dont la défense des commissions féminines, fragilisés précédemment, mais maintenues finalement. Celles-ci furent celle de la CGT, en l'occurrence celles des femmes syndicalistes, et de ne jamais oublier qu'elles ne sont pas finies.
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