Au sein de ces campagnes reculées des Etats-Unis, née Sarah George Bagley le 19 avril 1806 aux alentours de Candia au New Hampshire, elle sera entourée d'une famille bien nombreuse, tenue par deux agricultrices/teurs, Rhoda Balgey (née Witham) et Nathan Bagley.

Un milieu humble, qui ne quittera jamais les considérations de cette future bête noire du monde patronal. Même si l'existence à la campagne détenait cette douceur insoupçonnée, dont la ville est dépourvue, étouffée par sa révolution industrielle, broyant les espoirs de ceux s'y aventurant.

Cultiver, vendre des terres et détenir un petit moulin, ce qui ne représentait pas rien tout de même, ne suffisait guère à affronter les affres d'une existence, faisant surgir d'un instant à l'autre l'imprévu.

Ce que le fils de la libre penseresse Sophie Trébuchet, l'écrivain Victor Hugo, appellera : « les bravoures opiniâtres et ignorées qui se défendent pied à pied dans l'ombre contre l'envahissement fatal des nécessités et des turpitudes ».

La maladie s'est ainsi emparée du père de la famille, ce qu'elle devra porter sur les épaules une grande partie de sa vie.

Or, il n'y avait point de moyen de contraception à disposition, et de nouveaux enfants obscurcissaient encore les chances de sortir de la torpeur financière, qui avait saisi les Bagley.

La nécessité régnait en maître sur le sort de Sarah, alors âgée de 31 ans en 1837, il lui incombait dès lors le devoir de partir à la quête d'un travail à la ville.

La fatalité siégeait sur son trône, offrant peu de perspectives d'un avenir rayonnant, bien que l'asservissement d'une intraitable agitatrice ne durera qu'un temps.