Le mirage de la paix israélo-palestinienne ?

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Le conflit israélo-palestinien se manifeste ponctuellement dans nos vies occidentales. Une larme, une insulte, un positionnement, une marque d'indifférence… Puis il est temps de passer à autre chose.

C'est le moment que la droite se réserve afin d'interroger la gauche sur sa supposée allégeance au Hamas, tel le plus virulent proche de Netanyahou en France, en la personne du député Meyer Habib. C’est un groupe politique et militaire, reflet de cette percée du conservatisme musulman, qui est une des figures de la résistance palestinienne. Peu loin derrière, le Jihad islamique palestinien pousse la virulence du conservatisme toujours plus loin. Son émergence semble une conséquence de la politique coloniale israélienne. De nombreux membres du Hamas sont des jeunes Palestiniens, sans même un soupçon de pensée idéologique en tête, qui n'ont tristement plus rien à perdre.

Prenons la Seconde intifada, ce n'est pas apparu pour rien. Ainsi, l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, issu du Parti travailliste, a détruit la tentative de paix entre Israéliens et Palestiniens en 1995. Celui qui lui a vite succédé, a été Netanyahu du Likoud (1996-1999 puis 2009-2021), qui a refusé tout dialogue, en dépit des quelques efforts précédents de Shimon Perez du Parti travailliste (1995-1996), dans la lignée d'Yitzhak Rabin.

Sans compter que le Parti travailliste a pris un tournant de plus en plus conservateur et lâche, qui a eu des séquelles. En effet, il a fini par soutenir des gouvernements de Netanyahu. Ce parti historique de la gauche israélienne a perdu tous ses intellectuels et penseurs, fuyant une Israël devenue autoritaire et ultrareligieuse. Triste au regard de la grandeur du Parti travailliste de jadis, celui hérité du Mapaï de Beba Idelson.

Un autre Likoud, Ariel Sharon (2001-2006), a amplifié la politique coloniale, soutenu par les États-Unis de George Walke Bush. Il a même refusé le moindre dialogue avec Yasser Arafat, prétextant qu'il avait du sang sur les mains. Arafat n'était certes pas un ange, mais il est ironique que Sharon ait osé donner des leçons de morale, au regard de son passé sanglant. Les échecs de Yasser Arafat ont conduit à sa disgrâce auprès des Palestiniens. Son projet de paix, enclenché dans les années 90, n'était qu'un mirage. Tandis qu'Israël a vu l'influence électorale des partis très religieux et très antipalestiniens explosés. Dès lors, le Premier ministre israélien Ehud Olmert (2006-2009) de Kamida a fermé les yeux sur le sort des Palestiniens, il avait besoin des voix des religieux et devait cacher ces scandales de corruption. Après sa démission, à cause des révélations sur sa corruption, Netanyahu a incarné la plus inhumaine et ignoble politique israélienne jamais entreprise. Autoritaire, summum du colonialiste et rigoriste au niveau religieux. Des lois jugées ségrégationnistes par des ONG, comme Amnesty international, ou bien le rapporteur spécial de l'ONU Michael Lynk, ont alors été votées en fonction de la judéité.

L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas du Fatah n'a presque aucun territoire, ni même légitimité internationale. Depuis la chute d'Arafat, elle est entendue de temps en temps à l'ONU, guère davantage. Accusée par le Hamas d'être trop complaisant avec Israël, accusée par Israël d'être trop complaisant avec le Hamas. Tout cela a renforcé indéniablement le Hamas. Le dernier fragile gouvernement israélien en date, dit anti-Netanyahu, ne change que peu de choses.

Quant au dernier instant, ayant touché l'émotion occidentale du moment, cela a été le 10 mai 2021. Ce jour cimente cette profonde divergence de vécu de l'Histoire israélo-palestinienne. Pour les uns, c'est le jour de commémoration de la réunification israélienne, et les autres la conquête d'une partie de la Palestine, l'exode. Ce 10 mai, les autorités avaient édicté l'interdiction d'accès à la mosquée d'Al-Aqsa à Jérusalem-Est, mais la mobilisation de la jeunesse palestinienne avait amené à la victoire de la levée de cette même interdiction. Qui plus est, ces manifestations étaient autant une critique des dirigeants palestiniens qu'une manière de contester le droit immobilier rétroactif réservé aux Palestiniens. C'est-à-dire un statut fragile et changeant de résident, qui force les Palestiniens à prouver leur résidence avant la 2e guerre mondiale ou 1948. De sorte que des familles palestiniennes ont subi des expropriations au sein des territoires occupés, notamment en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Dont le quartier Cheikh Jarrah, depuis 2008, où plus de 10 familles ont été expulsées sur décision judiciaire. Le même jour, la Cour suprême a refusé de juger plusieurs cas de familles, statuant sur un report. De plus, toute la journée a été le théâtre des provocations de militants racistes du Parti sioniste religieux/d'extrême droite, qui se sont pointés sur l'esplanade des mosquées.

Pour terminer les affres de cette journée, il y a eu 150 tirs du Hamas, afin de bombarder Israël. Le groupe était inquiet de la percée d'une mobilisation de la jeunesse en dehors de son influence. De jeunes femmes aussi d'ailleurs, qui perpétuent le chemin tracé par d'autres militantes.

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