Chapitre 14

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— Oh putain de merde, annonça Rémy au bout du fil.

Ça, c’était un gros mot pour commencer.

— Salut, c’est… On n’a pas le temps, enchaîna la voix hyperactive de la hackeuse. Ce truc c’est bien plus énorme qu’on le croyait. Du genre gigantesque. Complot, illumanati…

— Calme-toi. Qu'est-ce que tu as découvert ?, s’agaça Faith qui se forçait à comprendre les mots qui sortait du haut-parleur de son téléphone.

— 24.

— 24 ?

— C’est le nombre de personnes qui sont mortes bizarrement de la même façon. Je suis sûr que c’est la même personne. Un putain de tueur en série ! Non, il est peut-être pas seul. Un gang… non, non, pire un groupe d’assassin, hésita-t-elle imaginant en direct ses hypothèses.

— Tu es sûr de toi ?

— Hey, tu as de quoi prouver ce que tu racontes parce que là ! Car ça change la donne, demanda Tobias en s’approchant du portable collant son oreille contre celle de Faith.

— Je ne suis pas 100% sûr, s'empourpra la jeune femme vexée qu’on remette en cause ses dires.

— Combien ?, coupa Faith.

— 80 % annonça-t-elle d’un air grave.

— Et qu’est-ce qui te fait croire ça ?

— Se jeter si vite, sans hésitation sans volonté. Il y a forcément un truc.

Sur ce point, Faith ne pouvait qu’adhérer. Cet élément l’avait aussi perturbée.

— Il vous faut absolument l’autopsie, et maintenant !

— Euh, je ne crois pas que tu aies besoin d'appeler pour avoir l’autopsie.

— Comment ça ? L’autopsie est déjà finie ?

— Nope, mais allumer la télé et met la 3.

— J’espère que ta copine se goure, parce que d’après ce que tu m’as raconté, là, ça va être la merde, murmura Tobias.


Un présentateur à l’air solennel : « on continue pour plus d’infos. Cet après-midi, on nous a annoncé la mort de 6 personnes. Tout de suite plus d’infos.

C’est la ville de Lotosheim où ces terribles drames se sont passés. Six morts étranges ont eu lieu à différents jours d’écart. Des suicides à première vue. Mais très vite, la police suspecte autre chose. Des victimes sans liens, prises au hasard. Selon nos sources, celle-ci aurait été forcée de sauter grâce à un mystérieux moyen : drogues, magie… le mystère reste entier, mais la police compte bien trouver la clef de cette énigme.

On revenait au présentateur principal, qui annonça surpris. On vient de m’annoncer que le groupe séparatiste de Liberato vient de revendiquer à l’instant tous ces meurtres. La branche armée du parti des libérateurs creatura ont affirmés agir en représailles aux pressions exercées selon elle contre les non-humains par le gouvernement qualifié de «fasciste» et son manque action égalitaire dans un communiqué. »

Un regard paniqué se passa entre les amis.

Faith se mit à mâcher une de ses mèches de cheveux, avant de s’énerver :

— Mais ils sont tarés ! Ils veulent faire paniquer la ville. Ça va être l’anarchie.

— Putain, c’est pas citant que la police s’en occupe qu’ils vont se rassurer, continua Tobias prit dans l’ambiance.

— Ils sont cons ! Cons, ils sont vraiment cons, critiqua la jeune femme en commençant à tourner en rond.

— Ça doit être la panique au haut conseil et à l’assemblée.*

— C’est catastrophique. On est mal.

La sonnerie sonna pour un double appel.


———


Dans un couloir où toute l’histoire du lieu était racontée par les tableaux, dorure et gravure dans le bois. Deux hommes sortirent d’une pièce. Leurs pas étaient étouffés par le tapis au sol aux remarquables motifs.

Celui qui semblait le plus vieux des deux se rongeait les ongles nerveusement. L’autre plus calme sortit de sa poche un portable qui semblait être un anachronisme dans ce lieu antique.

— Il faut l'appeler, expliqua-t-il.

— Je ne pense pas que ce soit nécessaire, des hommes à moi pourraient s’en occuper. Ils sont bien plus compétents et plus sûrs, monsieur, rétorqua le plus âgé.

— Oui, mais ils n’ont pas le…, ne sachant comment l'exprimer il fit un geste dansant des mains.

— Peut-être que vous voyez quelque chose en elle, mais elle pourrait très bien aussi se retourner contre nous et vous le savez très bien.

— Pourtant vous lui avez déjà confié des besognes, reprocha amusé le plus jeune.

— Oui, mais c’est parce que je ne voulais pas sacrifier mes hommes

— Mais elle oui.

— Ce n’est qu’une civile marginale. Elle n’aurait manqué à personne, au contraire. J’aurais été autant ravi qu’elle rate ou qu’elle échoue en mourant cette mission.

— Mais elle a survécu.

— Et maintenant, ces imbéciles la pensent compétente.

— Car elle l’est.

L’ancien se contenta de lui faire un regard noir.

— Cette mission-ci est bien trop importante pour qu’elle lui soit confiée.

— Ça ne sert à rien de parlementer. La décision a été prise. Les pleins pouvoirs doivent lui être donnés.

— C’est inconscient.

— C’est la décision.

— Mais je pourra..

— Quoi ? le coupa le plus jeune agacé. Régler cette situation sans que personne sache que vous êtes impliqué alors que vous êtes une figure connue. Et vous occupez en même temps d’empêcher que la situation explose en gérant toute la logistique de cette situation de crise. Le tout en empêchant que dans les 48 heures humains et créatures se déchirent. Vous pouvez faire tout ça ? Connaissez votre place et sachez déléguer, gronda-t-il. Ce n’est pas la meilleure solution, mais c’est la seule que nous ayons maintenant. À moins que vous ayez trouvé un moyen de contrôler la police ?

— Non, dit-il la tête basse.

— Bien.

D’un geste, le plus jeune l'appela.

Ce stupide vieillard lui avait déjà fait perdre pas mal de temps. Ils avaient sous-estimé l’affaire malgré les éléments qu’elle leur avait envoyés. Les voyants étaient si peu fiables, tout était inattendu avec eux. Rien n'était clair. Ils avaient prévu de nombreux scénarios, certains catastrophiques. Mais, trop frileux d’envoyer leurs hommes, ils n’avaient pas voulu agir. Finalement, j’avais réussi à leur convaincre de l’envoyer, elle, juste au cas où. Bon sang qu’est-ce que j’avais bien fait.

Dans les situations les plus critiques, elle trouvait toujours une solution pour s’en sortir.


———


Elle lui jeta un regard pour demander qui pouvait bien appeler.

C’est sûrement le conseil. On dirait que leurs voyants ont vu juste.

Elle répondit. Un ton sévère lui demandait de reprendre l’affaire et de la régler et vite. Il avait pu couper l’émission et empêcher de continuer de diffuser cette information. Il allait devoir s’occuper pleinement d’empêcher celle-ci de prendre de l’ampleur. Le reste c’était à elle de gérer. Faith frissonna en pensant comme les journalistes et les chaînes allaient devoir rattraper cela face à la pression qu’allaient leur mettre le conseil et l’assemblée. Sur un point ils n’avaient pas tort ce serait bientôt la panique si cela n’était pas vite réglé. La ville se transformait en poudrière. Il fallait éteindre tout cela. Un sourire se dessina sur son visage, son sentiment étrange était parti, c’était la fin des doutes. Même si elle savait qu’elle n’allait pas pouvoir dormir beaucoup durant les jours suivants.

Il raccrocha. C’était le mieux à faire. Enfin, il l'espérait. Si ça ne marchait pas, il faudrait qu’ils sortent eux-mêmes régler l’affaire, quitte à se mouiller.






*Le Haut Conseil des Créatures et l’Assemblée Unitaire des Hommes, dit le Conseil et l’Assemblée sont les deux instances qui détiennent le pouvoir exécutif, juridique et législatif dans la ville. En gros, il s‘agit du gouvernement. Chacun assure le point de vue d’une partie de la population. Les humains pour l’Assemblée qui sont la majorité de la population, et pour le Conseil il s’agit de toutes les petites minorités de créatures en tout genre. De cette manière, il y a le point de vue de tous. Cette dissociation a été nécessaire à la fin de la guerre pour prévenir les troubles des deux camps. Chacun ne voulant pas être dirigé par l’autre partie. Ils dépendent du gouvernement national, mais ont une grande indépendance. La ville de Lotosheim est sous de nombreux points très indépendante des décisions du gouvernement national.

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