Tobias attendait dans la salle à côté. Il tendait l’oreille pour essayer d’entendre des bribes de la conversation. Et bien qu’il ne se soit passé que quelques minutes, il s’ennuyait déjà ferme. Jusqu’au moment où l’un des partisans qui ruminait et chuchotait avec ses camarades s’adressa à lui :

— Je sais reconnaître un chien quand j’en vois un.

L’ami de notre détective toisa du regard l’énergumène qui venait de prendre la parole. C’était une gargouille, une statue de pierre mouvante. Puis rapidement, elle fut rejointe par un gobelin qui ajouta dans un ton inspiré :

— Libère-toi de ta condition, mon frère. Tu n’as pas à obéir à ces misérables tas de viande humaine.

Tobias ne répondit pas. Ce genre de personnage l’exaspérait. Il ne voulait pas démarrer une dispute. Du moins, Faith ne voulait pas de bagarre. Lui, oui. Mais par respect pour elle, il se tiendrait bien. Autant qu’il pouvait.

— Le sang des seelies coule dans tes veines, tu n’as donc aucun honneur ?

— Ouaf, répondit trop tenter de se moquer.

La gargouille souffla de mépris.

— Pff, c’est à cause des cabots comme toi que les humains nous oppressent.

— Oui ! On essaye de te sauver. C’est ton éducation qui est en cause, la société nous façonne pour obéir à ses diktats et mieux convenir à ses besoins. On est des outils jetables pour eux, des produits. Ils s’en fichent de nous. Du pain et des jeux pour nous occuper comme disait César. On se contente de ça, sans regarder au-delà de la caverne. On se contente d’ombres sans vouloir ouvrir les yeux sur la vérité.

— Vous en voulez ? En tendant des petites pastilles à la menthe de couleur bleu et rouge.

— Tu ne nous écoutes pas, tu fuis la vérité, tu es déjà condamné.

— Ouais, écoute-le, le chiot. Il fait ça pour toi.

— Ouaf.

Tobias souriait, mais cela n’avait rien d’amical, au contraire c’était plus proche du carnassier regardant sa future proie.

— Ça ne sert à rien de lui parler. On perd notre temps, cracha la gargouille.

— C’est ça, retourne dans les jupes de ta putain. Ces sales tas de viande humaine devraient tous crever, être éliminés… Ils ne sont que des parasites, ricana le gobelin.

— Arrête-tu vas trop loi… tenta de rattraper son ami.

Il n’eut pas le temps de finir que le gobelin se prit un pain dans la bouche.

Tobias secoua sa main engourdit le choc de celle-ci et de la mâchoire.

La créature avait été projetée au sol, se releva. Un filet de sang coula entre ses dents. Tous les autres personnes dans la pièce étaient restées figées.

— Tu vas le payer, cracha un autre le regard noir de vengeance.

— Vous n’auriez jamais dû l’insulter, grogna-t-il.

———

D’un coup d’œil rapide sur son portable elle vit que Rémy lui annonçait la mort d’une nouvelle victime. Un sourire se dessina sur son visage c’était un gobelin, autrement dit un faerie.

— Très bien, mais avant, je dois savoir comment vous vous y êtes pris.

— Nous ne dirons rien. Votre gouvernement craint ce qu’il ne connaît pas et cette nouvelle menace sera crainte.

— Nous ne pouvons accéder à vos exigences alors.

— Vous le ferez vous n’avez pas le choix sinon les meurtres continueront.

— J’ai besoin d’une preuve de bonne foi de votre part pour vous permettre de négocier. Sinon vous serez juste exterminé pour vos actes.

— Nous mourrons en martyr, emmenant avec nous les habitants de cette ville. Un bain de sang, une pluie de sang. Une nouvelle « Chute ».

Faith fronça les sourcils par ce mot qui depuis la guerre avait pris une signification terrible.

— Personne ne tuera personne. Puisque vous ne voulez pas faire de geste très bien, j’écoute vos exigences, mais je ne vous promets pas qu’elles seront écoutées vu la situation.

— Alors ils verront de quoi nous sommes capables.

— J’en suis sûr.