Chapitre 5 - partie 2
Prenant sa voix la plus sincère, elle expliqua :
— C’est la vérité. Quand je suis arrivé il a joué son rôle d’être insaisissable et comme quoi je ne l’aurais jamais. Après quelque passe d’arme, la police est arrivée et il a sorti un couteau. Et sans que je ne comprenne rien, il se l’est enfoncé dans le ventre. Une fin des plus mémorable, à la fois inattendu et tragique.
— Il a toujours été très théâtral, lâcha-t-il nostalgique.
— C’est vrai.
Un air triste les traversa, puis le patron de la bande de malfrat enchaîna.
— Comment pourrais-je vous croire ?
— J’ai récupérée ceci chez nos poulets préférés.
Son ton avait changé, il la croyait, elle le savait. Il ne manquait plus qu’un coup de pouce et peut-être cette histoire finirait comme elle l’avait prévu.
Elle sortit de sa poche un objet entouré d’un tissu. Le garde surpris la braqua. La détective posa calmement l’objet sur le bureau. Randley l’ouvrit, et découvrit un couteau à la lame ensanglanté.
Plus précisément un cran d’arrêt. Le cran d’arrêt, avait toujours été le couteau des petits gangsters. Maniable, la lame pouvait intégralement se ranger dans le manche et sortait dès que levier était actionné. Redoutable malgré sa taille, il ne fallait jamais pas le sous-estimé. Celui-ci avait été personnalisé et on pouvait voir sur la lame des initiales gravées.
Après l’avoir fixé, les mains tremblantes, le patron releva les yeux et regarda la jeune détective d’une manière étrange. Un silence s’installa puis :
— C’est bien le sien. Merci de l’avoir ramené.
— Je vous en pris. J’aurais voulu vous l’amenez plus tôt mais je craignais un peu de raviver de mauvais souvenir.
— Malheureusement, même si je vous crois…
— QUOI ! Mais patron… elle la tué… vous n’allez pas la croire… elle vous EMBOBINE ! Cria le garde outré bondissant vers le bureau de son chef.
Jusqu’à maintenant le gorille de l'entrée c’était montrer tranquille, vigilant mais suffisamment silencieux pour qu’on l’oublie. Enfin, autant qu’on peut oublier une armoire à glace, armé et au aguet du moindre faux pas.
— La FERME !
Son homme de main, sursauta face à la réaction de Randley. Puis celui-ci continua de le remettre à sa place le regard glacial.
— C’est QUI le boss ? MOI ! Donc tu la fermes !
Le garde s’était réfugié à sa place dos à la porte, terrorisé. Randley soupira et reprit sa discussion en se tourna vers Faith.
— Je disais, donc que je vous crois. Vous êtes une femme d’honneur, votre réputation vous précède. De plus vous me l’avez ramené. Mais… je dois vous tuez. Ma réputation en dépend. Beaucoup ne vous croiront pas et mon honneur serait bafoué si on me pensait incapable de me venger.
Derrière elle le garde jubilait et un sourire sanguinaire apparu sur son visage alors qu’il pointait de son arme le crâne de Faith. Celle-ci soupira, et fit un signe de sa main.
L’homme perdit son sourire. Un point rouge venait d’apparaître sur le front de son patron. Il paniqua regarda autour de lui. Rien. Randley, ignorant d’être la cible, le regardait bizarrement surpris de sa réaction.
La fenêtre. Trop loin, se mit à réfléchir à tout vitesse l’homme de main paniqué.
Faith se leva. Sorti rapidement de sa botte sa matraque télescopique. Le frappa en pleine tête. Puis passa dans son dos. Le bloquant d’une clef de bras et écrasant contre la gorge du garde avec sa matraque. Le tout dans une fluidité, et un calme implacable. Ses mouvements rapide avait amené son corps dans des poses douloureuses, ses cotes souffrant des évènements de la nuit hurlait de douleur battant le rythme comme un tambour de l’enfer, malgré cela elle gardait son visage de marbre.
Randley, qui s’était levé, avait vu la scène défiler en quelques secondes. Par un réflexe, qui lui avait sûrement permis de survivre dans ce monde jusqu’ici, il avait mis la main dans sa poche pour prendre son revolver.
— A votre place je ne ferai pas cela, lui conseilla la jeune femme qui apparaissait sous un tout nouveau jour.
— Non patron, elle… a un tireur, révéla la voix à moitié étouffée de la proie.
Il regarda par la fenêtre, leva les yeux sur son front et vis le point rouge sur son front. Son regard surpris revint vers la femme.
— Vous ne croyez tout de même pas que je serais assez stupide pour venir seule. Laissez-moi partir, et qu’il ne m’arrive rien jusqu'à que je sois sorti. Sinon… eh bien sinon vous êtes mort. Marché conclu ?
— Je crois que je n’ai pas le choix.
— En effet. Et… ce serait bien que vous abandonniez cette histoire de vengeance, ça m’est le bazar chez moi, et après je me retrouve obligé d’en finir avec vous. Et ça m’embête vous voyez je vous aime bien, annonça-t-elle dans un ton presque maternel.
— Ce sera tout ? dit il en serrant les dents.
— Oui je pense.
Elle lâcha le garde, à terre il se mit à haleter le visage rouge en se frottant la gorge. Faith lui asséna un dernier coup de matraque pour l’assommer. Elle ouvrit la porte, et le patron ordonna qu’on la laisse partir.
Certes, ce coup de bluff était osé, mais avec un peu d’espoir il oublierait l’idée de la tuer, et lui fichera la paix. Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre.
Faith sorti sans problème sous les regards noirs et surpris des hommes de main de El Mirano. Après avoir traversé la rue, elle fit de nouveau un signe de la main. Elle connaissait un homme qui devait se remettre à respirer dans son bureau. Il aurait été mieux que ça se passe plus calmement sans en arriver au plan B. Cependant, elle n’avait vraiment pas apprécié qu’on vienne chez elle, bien qu’elle est apprécié cette petite rixe, devenue si rare ces derniers temps.
Un verre rempli d’un liquide doré dans sa main tremblante, Randley le fixait assis dans un coin à l’abris de la pièce.
Randy n’était pas bien grand mais il avait réussi à survivre à la périphérie de Lotosheim à une époque où elle ressemblait plus à bidonville se relevant de ses cendres qu’à une ville. Durant ces temps, il avait été un de ces innombrables gamins balancé à la rue, forcé de grandir trop vite. A treize ans, il avait tué. A seize, entrer dans un gang. A dix-neuf, monter le sien. Depuis il gravis les marches férocement. Maintenant il ne s’occupait de presque plus rien, ses « enfants » s’en occupaient : des hommes de main, des spécialistes faisaient tout ce qu’il demandait.
Mais cette maudite époque révolue redevenait si réelle lorsqu’il se retrouvait devant une femme comme elle. A travers ces yeux glacés qui ne manquait rien tel des miradors, il redevenait ce gamin apeuré. Et il détestait ça. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas ressenti cette Peur.
Il traversa la pièce et se replanta devant la fenêtre comme pour affronter son destin. Cette Faith, il avait été assez stupide pour la sous-estimer. Pourtant il avait entendu parler de l’honorable, mais aussi de la terrifiante Faith. De ses prouesses, et de tous ces gangs détruit en quelques jours par ses soins. Mais il les avait pris pour des sottises. Il y a une décennie il avait pactisé avec elle, avare de son pouvoir et de son efficacité. Mais elle était revenu, lui demande de payer sa dette. La localisation de l’un de ses hommes voilà ce qu’elle avait demandé. Il n’avait pas eu le choix et trahit les siens. La mort, un résultat qui n’avait été que la flamme qui avait enflammé sa perte d’autorité. On l’avait remis en question, des rumeurs avaient commencé à courir. Et ce n’était que le début de sa chute, et il n’avait rien fait pour l’empêcher. Quand il avait réagi trop tard, il avait pensé redorer son blason en l’éliminant.
Idiot, il avait été idiot, ces années de paresse l’avaient rendu faible. Il était peut-être temps que la rage de ce gamin qu’il avait pu être revienne.
…. A moins qu’il ne reste plus rien à sauver. Et qu’il devait accepter sa fin.
S’éloignant une rue plus loin, Faith s'assit sur un banc. Desserrant les dents, et se laissant envahir par toute la douleur. Haletant, gémissant, maugréant, elle attendit.
S’occupant en observant la pérégrination de fourmis, elle du arrêtée. Deux immenses jambes habillées d’un pantalon treillis et de botte militaire était entré dans son champs de vision, elle leva les yeux.
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