VDM
J'ai toujours joué au foot dans le jardin de mes parents, puis dans mon jardin, avec mes frères, puis avec les générations suivantes. Quand j'étais petit, mon frère et moi - surtout lui, en fait - logions sans arrêt notre ballon chez notre adorable vieille voisine ; celle-ci se faisait alors un plaisir de ne jamais nous le renvoyer, de nous bondir dessus depuis sa fenêtre (certes elle ne bondissait pas vraiment, mais sa voix, oui) sitôt que nous tentions de franchir, ninjas téméraires, la barrière de sa cour. Nul doute que la vieille dame n'attendait que cela derrière ses carreaux, nous observant, goguenarde et odieuse, parcourir craintivement le trottoir longeant nos deux terrains.
Voilà pourquoi, maintenant que je suis un adulte à moitié avéré, je déteste au plus haut point ce type de voisin vicelard qui, semblant tout ignorer de l'enfance des garçons, les prive d'une joie simple avec une impatience imbécile ou un sadisme décrépissant.
Si je raconte cela, c'est parce qu'aujourd'hui est un triste jour. Fraîchement arrivé dans ma nouvelle maison, l'intention aimable et cordiale envers les citoyens de mon nouveau quartier, j'ai trouvé un ballon dans mon arrière-cour, un ballon qui n'était pas le mien. Ne connaissant pas encore mes nouveaux voisins, j'ignorais quel enfant avait eu l'audace de perdre un ballon chez moi. Peu importait, je le lui rendrais avec bonheur lorsque je l'aurais identifié. Seulement voilà : mon frère était hélas en ma compagnie et un ballon était offert ; nous avons joué au foot et mon frère, adulte accompli jusque dans les pieds, a logé ledit ballon chez ma charmante voisine de droite. Plus tard, mon charmant voisin de gauche, neuf ans à tout casser, est venu sonner à ma porte pour le récupérer. Malaise explicatif. La dame de droite (dans tous les sens du terme, oserais-je présupposer) n'a pas voulu le lui rendre, malgré mon intervention de coupable affirmé et d'avocat de la défense, et mes accusations subséquentes de policier du bon sentiment. "Connasse" n'a pas franchi mes lèvres, néanmoins le mot s'est logé dans mes entrailles.
Ainsi donc, je me suis fait un copain miniature (je n'ose imaginer ce qu'ont pensé ses parents lorsqu'ils ont eu vent de l'affaire) et une copine rabougrie.
J'ai toujours aimé jouer au foot.
VDM. Voisine de m...
(Il va sans dire que, comme promis, je vais racheter un ballon au petit bonhomme.)
Vive les petits footeux des jardins.
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