Chapitre 5
Le soir suivant, alors qu'Oléone dormait encore dans la salle de soins, la porte s'ouvrit, produisant un grincement qui le tira de son sommeil. Les yeux encore lourds de somnolence, il fixa celui qui venait le déranger. Il reconnut Orion, arborant un large sourire aux lèvres.
Orion s'approcha de lui, dédramatisant la situation comme à son habitude. C'était là la différence entre Orion et les autres, il était le seul à oser mettre de côté la gravité en sa présence. C'était sa façon bien particulière de le réconforter, mais cela fonctionnait, et c'était là l'essentiel.
— Eh bien alors ! Tu t'es fait laminer, rigola-t-il. Mon père a annoncé que tu étais parti en mission pour plusieurs jours afin de te remettre de tes blessures, vu que la mission était secrète.
Le blessé, perdu dans ses pensées, ne répondit pas, alors son acolyte tenta une nouvelle approche.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— T'es jamais demandé si l'arme secrète pouvait être une personne ?
Il prit un court instant avant de répondre, sans doute pour réfléchir à ses mots.
— Non. Pourquoi ?
— Parce que c'est le cas. Elle s'appelle Néia et... elle les a tous tués d'un seul coup, en claquant des doigts.
Orion lui adressa un sourire narquois.
— Elle te fait peur ? plaisanta-t-il.
Oléone se raidit à cette simple question. Sa difficulté à mettre des mots sur ce qu'il avait vécu pendant la mission, ainsi que sur les sentiments qui l'avaient envahi face à la jeune femme, l'empêcha de poursuivre la conversation.
Cependant, il avait l'audace d'être agacé face à l'incompréhension de son confident. Il détourna son regard comme s'il boudait, et une ambiance froide s'installa soudainement entre eux. Orion n'était pas venu pour refroidir l'atmosphère lors de sa visite, bien au contraire.
Au cours de la journée, Orion croisa son père qui lui ordonna de le suivre jusqu'à son bureau. Ils marchèrent côte à côte dans le couloir, plongés dans une atmosphère glaçante, attirant l'attention des soldats qu'ils croisaient sur leur chemin. Les voir tous deux réunis en public, sans être accompagnés d'autres soldats, était rare. Le jeune homme s'efforçait de se tenir à distance de son géniteur en public, pour ne pas être associé à lui. Il marcha avec le visage détourné de son accompagnateur, créant ainsi une certaine distance entre eux, bien que cela ne suffise pas à étouffer la curiosité des passants.
Dès qu'ils furent seuls, il ne perdit pas un instant de plus.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
Voyant qu'il n'obtenait aucune réponse, il éleva la voix envers son fils, qui semblait terrifié au point de garder la tête baissée.
— À propos de l'arme secrète !
— Juste qu'elle l'intimidait, marmonna-t-il.
— C'est tout ?
— Il ne sait rien.
Un court rire moqueur s'échappa du directeur alors qu'il se dirigeait d'un pas assuré vers son bureau. D'un ton ferme, il ordonna à son fils de lui rapporter chaque conversation concernant ce sujet, histoire de s'assurer qu'Oléone restait dans l'ignorance. Orion ne put qu'acquiescer silencieusement, comme il le faisait toujours en présence de son père, inclinant à peine la tête.
Il était évident que l'allié le plus loyal d'Oléone en savait bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Derrière son image de justicier, bienveillant et honnête, se cachaient des secrets qui mériteraient sans doute d'être dévoilés au grand jour. Peut-être que le Juste n'était pas aussi intègre qu'il voulait le faire croire. Les apparences étaient souvent trompeuses...
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