Chapitre 7
À l'heure de la pause, Oléone décida comme d'habitude de retrouver Orion au réfectoire. Il prit son plateau et se dirigea vers leur table habituelle, qui était encore vide. La Lieutenante le remarqua et se précipita pour l'intercepter.
— Tu sais à propos de la dernière fois... enfin... qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Il lui lança un regard hostile, rappelant sa nature arrogante, puis il partit sans même répondre à sa question. Mal à l'aise en sa présence, elle ne chercha pas à le retenir. C'était dans ces moments-là qu'il rappelait à ses camarades pourquoi ils devaient le détester.
Il s'assit à sa table et commença à manger. Peu de temps après, Orion le rejoignit. Celui-ci posa son plateau et entama immédiatement la conversation.
— Le repas d'aujourd'hui ne donne pas envie, dit-il d'une voix enjouée.
Pas de réponse. Le ton froid et le refus de s'engager dans la conversation créaient un malaise entre les deux hommes. Malgré cela, le Sous-Lieutenant tentait de détendre l'atmosphère en continuant à discuter de sujets divers jusqu'à ce qu'il soit interrompu.
— Dis-moi, ton père a accès aux salles d'isolement ?
— Comment veux-tu que je le sache ? Il ne me parle pas de ses affaires, répliqua-t-il sèchement. Pourquoi ? questionna-t-il en le fixant droit dans les yeux.
— Cette histoire m'intrigue. Pas toi ?
— Non, pas vraiment, assura-t-il d'un ton glacial.
Oléone l'observa, essayant de comprendre la réaction à laquelle il était confronté. Il était en face de celui qu'on appelait le Juste, celui qui était strict en matière de justice. Il trouvait étrange de le voir si indifférent face à un traitement aussi inhumain envers un être vivant.
— Et si c'était toi qui étais enfermé là-bas ?
Il remarqua un sourire nerveux et le regard baissé. Il était évident qu'Orion était mal à l'aise dès qu'ils abordaient ce sujet qu'il voulait tant éviter.
— Ce n'est pas le cas.
Le Général ne voulait pas rendre son acolyte mal à l'aise pour quelque chose qu'il ne pouvait pas contrôler. Le voir dérangé l'affectait, lui qui avait l'habitude de fréquenter quelqu'un de positif.
À la fin du repas, alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, ils croisèrent le directeur qui convoqua immédiatement Oléone dans son bureau.
Oléone et Uran se retrouvèrent dans son bureau, où le directeur annonça sèchement une nouvelle mission qui aurait lieu au début de la nuit. Il était convaincu que les Eiratiks préparaient un piège pour le dirigeant voisin, et il estimait que c'était le devoir du leader d'Eirism de les arrêter.
— Tu emmèneras avec toi l'arme secrète, mais je te préviens, c'est ta dernière chance. Si tu n'arrives pas à la maîtriser, ce sera la dernière fois que tu l'utiliseras. J'espère ne pas me surestimer en te confiant cette responsabilité.
— Je ne vous décevrai pas.
Le tyran quitta la pièce, ressentant une appréhension face à ce qui l'attendait. Pour lui, l'échec n'était pas une option. Il ne s'agissait plus seulement de sécurité, mais aussi de sa propre dignité en tant que professionnel accompli.
La nuit s'enveloppa de son manteau sombre, mais Oléone n'avait pas l'intention de se détendre aux côtés de son colocataire. Au lieu de cela, il se fraya un chemin avec détermination vers un coin stratégique de la ville d'Hora, accompagné de la jeune femme. Tous deux se retrouvèrent finalement sur un toit en surplomb du port, camouflés dans l'ombre, guettant le moment idéal pour passer à l'action.
D'un geste vif, le Général matérialisa un fusil de précision, le positionnant avec précision sur le rebord du toit. Un genou à terre, son regard se fixa intensément dans la lunette de visée. Il ne laissait rien au hasard, prêt à déchaîner sa redoutable expertise. L'adrénaline pulsait dans ses veines, ses sens en alerte, en quête de la cible parfaite. Tout dans son attitude criait détermination. La tension montait, et le silence ambiant n'était que le calme avant la tempête. Ils étaient prêts à déclencher l'action, déterminés à ne laisser aucune place à l'échec.
— Tu devrais aller sur place, je couvre tes arrières.
— Oh, oh, tu me laisses seule ? Tu n'as pas peur que je m'échappe ?
— Garde tes menottes pour le moment.
Elle dévala les escaliers du bâtiment avec une agilité presque enfantine, manifestant la joie que lui procurait cette mission. Le port s'ouvrait devant elle, désert, et elle s'y dirigea en gardant son partenaire dans son champ de vision.
Pendant ce temps, Oléone se concentra sur le port, mais des bruits de pas derrière lui le mirent en alerte. Il feignit de les ignorer, mais les craquements se rapprochèrent. Sans hésiter, il rapprocha sa main de la détente, s'écartant de son arme. Lorsqu'un mouvement brusque s'agita à quelques centimètres de son dos, il se retourna d'un geste vif, échappant de justesse à un coup de sabre.
Néia entendit le bruit du sabre heurtant le sol et comprit qu'elle était encerclée par les ennemis. Elle fit de son mieux pour se défendre, mais elle ne pouvait pas utiliser toute son énergie.
Le tireur savait qu'il devait la libérer, mais chaque fois qu'il tentait de sortir le boîtier de sa poche, il était attaqué. Il saisit alors l'une de ses armes à feu et la braqua sur son assaillant, mais celui-ci disparaissait à chaque tir. Il réalisa qu'il était face à un ennemi capable de se rendre invisible. Malgré l'attaque imminente, il parvint finalement à neutraliser l'ennemi, lui laissant une ouverture pour libérer Néia.
D'un geste rapide, il actionna le bouton du boîtier, libérant ainsi sa coéquipière. Elle matérialisa sa faux et se lança dans une danse mortelle, éliminant un ennemi après l'autre. Oléone, maintenant à distance pour évaluer la situation, lui prêta main-forte en tirant précisément jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucun ennemi.
La mission se termina en victoire. Il courut vers le port pour rejoindre Néia, gardant cependant les menottes en main pour la maintenir sous contrôle. La sensation d'accomplissement les envahit alors qu'ils savaient qu'ils avaient triomphé une fois de plus.
— Tu es blessée.
— Ça serait plus simple si tu me libérais avant qu'on se fasse attaquer.
Il fixa son regard sur elle, puis posa la question fatidique.
— Qui es-tu ?
— Ni du côté des gentils, ni du côté des méchants. Je fais simplement ce qu'on me demande de faire, répondit-elle naïvement.
Son visage reflétait l'insécurité, il était conscient de la menace permanente qui pesait sur lui lorsqu'il se trouvait seul avec elle. Elle était dangereuse, cela était indéniable, cependant, elle n'était qu'une jeune femme égarée en apparence. Son attitude semblait innocente, se contentant d'obéir aux ordres de son partenaire sans jamais tenter de s'échapper.
Il ne voulait pas rester une seconde de plus en sa compagnie et décida de contacter l'organisation pour rentrer chacun de leur côté. En passant la porte temporelle, il croisa la Lieutenante qui le fixait avec inquiétude, comme si elle était consciente de quelque chose dont il ne se doutait pas.
Alors qu'il se dirigeait vers sa chambre, Athesy l'intercepta dans le couloir plongé dans l'obscurité de la nuit.
— Est-ce qu'elle t'a dit quelque chose de particulier ?
Ne sachant pas comment répondre à cette question soudaine, il arqua les sourcils dans un air perplexe. Son regard se porta brièvement sur le couloir, vérifiant qu'il était bien vide. L'attitude d'Athesy était suspecte, et cela ne présageait rien de bon.
— Ne trouves-tu pas étrange qu'ils l'enferment si elle est de notre côté ?
— La véritable question est de savoir si elle est réellement de notre côté.
— Tu penses qu'Eirism a des secrets à cacher ?
Le visage du jeune homme se figea à cette remarque. La peur s'empara de ses yeux, coupant brièvement son souffle. Il réalisa qu'il devait se méfier non seulement de l'arme secrète, mais aussi de l'organisation elle-même. Il recouvra rapidement son sang-froid et se concentra sur les implications de ce qu'elle sous-entendait.
— Il existe un code pour accéder au secteur scientifique et aux salles d'isolement. Nous devons le trouver.
— Je vais m'en charger. Grâce à mes pouvoirs, je peux surveiller le boîtier où le code est entré.
Il approuva d'un signe de tête, puis reprit son chemin.
Une fois dans sa chambre, il s'assit sur son lit, perdu dans ses pensées, déconnecté de la réalité. Son colocataire, qui était un dormeur léger, se réveilla et le remarqua immobile, plongé dans ses réflexions.
— Quelque chose ne va pas ?
Oléone, surpris d'être dérangé dans sa contemplation, reprit ses esprits à la voix de son colocataire. Il tourna son regard vers lui, l'air légèrement étourdi, et répondit après un court silence.
— Quelque chose a changé chez les Eiratiks. Ils sont... plus intelligents et compétents qu'avant.
— En tant que Général, il est normal que tu sois confronté à des missions difficiles, dit-il en fermant les yeux pour se rendormir.
— Non, j'ai l'impression d'être testé par Uran.
— Il est tard, nous en discuterons demain. Tu ferais mieux d'aller te coucher.
Il vit son acolyte se tourner dos à lui pour mettre fin à la conversation. N'ayant pas d'autre choix, il se dirigea vers son lit pour se coucher.
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