Chapitre 9

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Le jour suivant, le fils du directeur s'empressa d'aller voir son père dans son bureau. Il entra et se précipita vers le bureau avant de taper des mains dessus. Uran, qui rédigeait un document, leva la tête vers son fils et vit la colère dans ses yeux.

— Qu'est-ce que vous faites à l'arme secrète !

— Qu'est-ce qu'Oléone t'a dit ?

— C'est moi qui pose les questions, répondit son fils d'une voix tremblante.

Les mains du jeune homme commencèrent à trembler, comme si affronter le regard de son père lui retirait toute sa confiance en lui. Le vieil homme leva les sourcils, surpris du culot auquel il avait affaire. Orion était plutôt du genre à se soumettre plutôt qu'à diriger, mais à cet instant, les choses semblaient changer. Du moins, elles avaient l'air de changer.

— Tu n'as qu'à aller lui demander toi-même.

Le regard d'Orion changea vers la peur face à l'intimidation qu'il subissait. Ses lèvres tremblotèrent, il retira ses mains du bureau et essaya de répondre, mais aucune voix ne sortit de sa bouche. Son père se leva brusquement, poussant son fauteuil derrière lui avec force pour se mettre debout.

— Et bah alors ? Tu nous voulais pas des réponses à tes questions ? Viens ! On y va !

Il agrippa fermement le poignet de son fils et l'entraîna de force vers la sortie, tandis qu'Orion tentait en vain de se libérer. À toute vitesse, ils se dirigèrent vers les salles d'isolement, le jeune homme traîné derrière comme un prisonnier. Uran le lâcha enfin, la marque rouge de son emprise sur le poignet de son fils bien visible, et entra le code pour ouvrir la porte. Ils passèrent à l'intérieur, et Orion resta figé à l'entrée, les yeux brillants, sur le point de craquer. Son père s'approcha de lui, l'attrapa par le col et le poussa dans le long couloir lugubre. Orion était piégé, sans aucune échappatoire, et se résigna à suivre son père.

Après quelques minutes, ils atteignirent les cachots sans fenêtre, où les murs blancs semblaient emprisonner l'âme. Un simple lit de camp faisait office de meuble. Pour y accéder, ils durent passer par une nouvelle porte, en face de laquelle le vieil homme l'ouvrit et poussa son fils à l'intérieur, lui indiquant la pièce où se trouvait la jeune femme.

Pendant ce temps, Uran marcha vers une petite salle informatisée où il pouvait accéder aux caméras des cellules pour observer et écouter ce qui s'y passait.

De l'autre côté, Orion avança vers la pièce en question. À côté de la porte portant le numéro ciblé se trouvait une grande baie vitrée teintée en noir. D'un geste, il la rendit transparente et découvrit la femme assise sur le lit, attachée aux poignets par des menottes fixées au centre du sol. Elle était vêtue d'une longue tunique blanche, cachant son corps.

Une nouvelle source de lumière illumina la salle grâce à la baie vitrée. Néia tourna instinctivement son regard vers cette nouvelle lueur et vit le jeune homme. Curieuse et souriante, elle s'approcha jusqu'à être stoppée par la chaîne, à un mètre du mur opposé au lit.

— Oh. Un nouveau visiteur, déclara-t-elle enjouée.

— Je suis le fils du directeur et...

— Ah ! c'est donc de toi que Heido me parlait, l'interrompit-elle en rigolant.

Le souffle d'Orion se bloqua, son corps ne bougea plus, il était simplement paralysé. Ce nom agissait différemment des autres, c'était un nom avec une histoire, une culpabilité, un secret.

Son visage figé dans le choc d'être démasqué, d'avoir un témoin de son horrible secret. Sa peur était si forte qu'il était incapable de réagir. Cependant, c'était lui le maître de la situation, c'était lui qui désirait et exigeait des réponses. Il ne pouvait pas flancher aussi facilement et perdre son avantage. Il s'efforça de reprendre son calme et d'adopter une attitude sans faille, comme si entendre ce nom ne lui faisait ni chaud ni froid.

— Je suis là pour te parler d'Eirism. J'aimerais savoir ce qu'ils te font.

— Mais tu le sais déjà, se moqua-t-elle. T'aurais quand même pas envoyé Heido ici sans savoir ce qu'ils allaient lui faire.

Son souffle s'accéléra comme si l'air disparaissait. Elle le poussait dans sa culpabilité qui le rongeait déjà depuis tout ce temps. C'était comme si elle ressortait ce qu'il avait tenté de cacher aux yeux de tous. Il perdait son assurance, laissant cette femme prendre le dessus sur lui. Il prit une série de courtes inspirations, comme si l'air était devenu brûlant, comme s’il avait du mal à respirer, donnant l'impression que son cœur se serrait.

— Tu ne sais rien, répondit-il d'une voix sèche.

Elle se mit à rire en l'observant d'un regard malsain. Les deux comprenaient qu'ils en savaient plus sur l'autre qu'ils ne laissaient paraître. Elle connaissait la vérité, il le savait aussi, et c'était un problème. Elle jouait de cette situation sans remords ni compassion. Comment un physique aussi innocent pouvait-il cacher autant de vices ?

Il se dirigea vers la porte pour sortir de cette confrontation éprouvante. Il ne savait plus quoi faire, son corps entier tremblait.

Son père le rejoignit, serein, juste après sa sortie. Il savait exactement comment manipuler son fils. Il apparaissait toujours au bon moment, quand Orion était au plus bas. Et une fois de plus, il avait visé juste. Dès qu'il se montra devant son fils, ce dernier explosa de colère. C'était un trop-plein d'émotions qu'il ne pouvait plus garder pour lui.

— Comment le sait-elle ? Comment sait-elle pour Heido !

— Eh bien, il a dû lui dire.

— Je croyais qu'ils ne pouvaient pas se croiser ici !

— Faut croire qu'il y a des exceptions.

Orion baissa les yeux vers le sol, empli de honte. Il était au plus bas, sans défense, complètement vulnérable face à ses émotions. Il posa sa main sur son front, accentuant la sensation de malaise. Son visage était caché à la vue de tous.

— Ça ne va pas, ça ne va pas. Si Oléone l'apprend, il me tuera.

— Il ne saura rien, dit son père d'un ton indifférent.

Les larmes lui montèrent aux yeux, prêtes à couler, mais il se retint. Son père ne montrait aucune compassion, insensible à ses problèmes. Ce n'étaient que des futilités pour lui, et il ne se préoccupait que de ses propres affaires. Maintenant que son travail était achevé, il n'avait plus rien à faire ici.

Dans son bureau, le directeur prit son téléphone et appela un individu :

"L'arme secrète fonctionne correctement, c'est la première fois que c'est une réussite... Ne t'inquiète pas pour Oléone, il ne sera bientôt plus un problème."

Au cours de la journée, les deux colocataires se croisèrent dans les couloirs vides. Oléone, désireux de parler à Orion, l'appela par son prénom pour l'arrêter. Cependant, le jeune homme continua son chemin en ignorant l'appel. La tête baissée, il marchait rapidement, comme s'il faisait semblant de ne pas le voir. Malgré l'insistance d'Oléone à engager une conversation à ce moment précis, Orion le suivit sans enthousiasme, trottinant pour se mettre à son niveau.

— Tu tombes bien, j'ai besoin de ton aide. J'aimerais avoir plus d'informations sur Néia pour comprendre pourquoi elle est enfermée.

Orion répondit sèchement :

— Je ne peux pas t'aider.

— Tu es le fils du directeur, tu dois bien avoir des privilèges.

— Tu es Général, je ne suis que ton subordonné. Tu as donc accès à plus de choses que moi.

Le Sous-Lieutenant continua sa route sans adresser un regard à son acolyte, ce qui l'intrigua davantage. Il semblait distant et mal à l'aise, mais il ne donnait aucune explication.

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