Chapitre 13
Oléone venait de découvrir une vérité fracassante qui allait bouleverser sa vision du monde. Qui aurait pu imaginer que la menace se trouvait sous ses yeux depuis le début ? Celui qui l’avait vu grandir, celui qui gouvernait tout un pays, en qui tous avaient une confiance aveugle, se révélait être un danger.
Ses sourcils se froncèrent, ses yeux s'écarquillèrent, laissant échapper un souffle de stupeur. La révélation que tout n'était que mensonge depuis son enfance changea instantanément son expression.
Puis, en un éclair, il reprit son visage impassible, une façade dénuée de toute émotion. Le temps semblait se figer sur son visage, aucun muscle ne bougeait d'un pouce. Il retenait son souffle, son regard semblant quitter ce monde pour un court instant. Puis, d'une profonde inspiration, il revint à la réalité. En expirant, son regard méprisant s'abattit sur son adversaire, le toisant avec arrogance, un silence glacial enveloppant la ruelle.
Soudain, un coup de feu retentit, suivi du bruit sourd d'un corps s'effondrant. L'homme au sol vit sa protégée s'écrouler sous les yeux. À peine avait-il eu le temps de réagir qu'il subit le même sort, abattu par le Général sans la moindre hésitation, comme si les ennemis n'étaient que de simples objets.
Avec calme, Oléone sortit son talkie-walkie de sa veste, l'observa brièvement, puis le laissa tomber au sol. Sans se presser, il se dirigea vers Eirism à pied, parcourant des kilomètres avec sérénité, comme s'il faisait une simple balade pour apaiser son esprit.
Une fois sur place, face à cet imposant bâtiment qui le faisait se sentir insignifiant, il gravit rapidement une dizaine de marches et poussa silencieusement la porte principale. Les regards des personnes éveillées se braquèrent instantanément sur ses blessures. Il avança à travers diverses salles, ses yeux vides de toute émotion, concentré sur son chemin, jusqu'à atteindre le long couloir des dortoirs.
En chemin, il croisa son fidèle binôme qui remarqua sa présence grâce aux bruits de ses pas. C'était le seul moment où ses yeux quittaient la ligne droite devant lui pour se poser sur son camarade. Après un bref coup d'œil, il l'ignora et poursuivit son chemin jusqu'à entrer dans sa chambre. Là, il ouvrit le tiroir de sa table de chevet, sortit son téléphone portable et le glissa dans la poche de son pantalon. Alors qu'il s'apprêtait à faire demi-tour, il fut bloqué par une grande silhouette qui l'obligea à s'arrêter.
— Tu es blessé... et..., hésita le grand homme.
Le regard d'Oléone changea, malgré le peu d'expression sur son visage, ses paupières s'entrouvrant de quelques millimètres seulement. Une lueur nouvelle émana de ses yeux, une lueur chargée de compassion en apercevant son colocataire de chambre. Une lueur qui reflétait l'ampleur des dégâts psychologiques que venait de provoquer la découverte.
Comment annoncer à quelqu'un que son propre père était un homme mauvais ? Il n'y avait pas de façon parfaite de le faire, il fallait simplement le faire.
Pourtant, il ne s'attarda pas sur les explications et décida d'avancer, voulant forcer le passage sans dévoiler ses émotions. Cependant, Orion ne l'accepta pas ainsi. Inquiet, il saisit fermement le poignet d'Oléone pour le retenir de passer la porte. De son autre main, il compressa la plaie ouverte au front, couverte de fines mèches de cheveux ensanglantées, dont le gel n'était plus d'aucune utilité. Leur regard se croisa, instaurant une communication silencieuse. Le grand Général fixa intensément Orion droit dans les yeux avant de dévoiler l'imprévisible.
— Je reviendrai vers toi.
Sans hésiter, le Général lâcha prise sur son poignet, confiant aveuglément en son supérieur, mais il ne put retenir l'objet qui lui échappa de ses doigts. Malgré tout, il ne le quitta pas des yeux, le suivant de près, restant à quelques mètres pour ne rien manquer du spectacle qui se déroulait devant lui.
Traversant un long couloir à l'ambiance morbide, le tyran atteignit la porte blindée qui renfermait tous les secrets de l'organisation. Il entra le code et enclencha son plan. Évoluant entre les murs blancs, il fut repéré par l'un des scientifiques, qui prit conscience de l'interdiction de sa présence. Aussitôt, le combattant matérialisa une arme à feu et abattit l'homme en une fraction de seconde.
Le coup de feu fit sursauter Orion, se sentant totalement impuissant face à la situation. Le bruit inhabituel alerta les individus alentour. Certains sortirent pour localiser la provenance du tir, mais à chaque fois qu'ils croisaient le chemin d'Oléone, ils étaient aussitôt éliminés.
Paniqué, l'un des scientifiques déclencha l'alarme, entraînant l'allumage des lumières rouges et provoquant un vacarme assourdissant. Le traître pointa alors son arme sur un scientifique et le menaça.
— Où est-elle ? Où est l'arme secrète ?
D'un geste tremblant, la victime pointa du doigt la salle derrière lui, pleurant et suppliant pour sa vie. Mais sans aucune pitié, il se prit une balle en plein front.
Uran, préoccupé par cet imprévu, ordonna d'une voix forte la fermeture immédiate de toutes les portes de l'enceinte. Pendant ce temps, Athesy se précipita vers le lieu perturbateur, passant rapidement les portes qui se refermaient derrière elle.
Oléone pénétra dans la pièce indiquée et découvrit Néia inconsciente, blottie dans une baignoire et vêtue de bandages pour préserver sa dignité. Son corps était marqué par d'innombrables blessures et cicatrices qui le choquèrent profondément. La scène était insupportable, et il préféra fermer les yeux, ne pouvant supporter la vue de ces preuves de torture constante.
Les scientifiques présents dans la salle tentaient de se cacher dans un coin, mais leurs sanglots les trahissaient rapidement. Il ne leur accorda qu'une brève attention, car sa priorité absolue était de sauver Néia.
Le temps était compté, il n'avait plus d'autre choix que de s'échapper de cette impitoyable organisation. Sans perdre une seconde, il libéra Néia de son calvaire, la prit dans ses bras et se lança dans une course folle, traversant les portes en trombe. Ses pas résonnaient à un rythme effréné, cherchant désespérément une issue, mais il se retrouva bientôt face à un cul-de-sac, encerclé par les murs de verre impénétrable qui le séparaient de son acolyte et de la Lieutenante.
Tout semblait perdu, jusqu'à ce qu'Uran arrive en trombe à leur rencontre, prêt à les coincer. L'inquiétude envahit Orion, imaginant déjà les terribles représailles que son camarade allait subir, et ses yeux s'emplirent de larmes.
Les secondes semblaient s'étirer, et il avait l'impression que tout était sur le point de basculer, sans qu'il ne puisse se défendre.
Mais c'est alors qu'Athesy entra en action. D'un geste puissant, elle créa un portail temporel qui les propulsa tous les deux vers le leader. D'un élan inattendu, elle poussa le tyran dans le portail, et en un instant, tous deux disparurent de l'horizon, apaisant momentanément les craintes du fils du directeur.
Cependant, l'action audacieuse d'Athesy déclencha la colère ultime d’Uran, qui entra dans la pièce, furieux, et lui ordonna de le rejoindre immédiatement dans son bureau.
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