Chapitre 8 - Alice
An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Kol Sak, Mor Avi.
Éreintée, je ne tardai pas à me laisser aller sur un lit d’herbe tendre après qu’on eût passé la clôture de buissons du Kol Sak. J’avais les jambes lourdes, le dos raide et l’esprit confus. Presque dix jours s’étaient écoulés depuis notre rencontre avec Kol Zou. Dix jours de marche sans répit durant lesquels notre meneuse nous avait à peine adressé la parole. Dix jours pour rejoindre le Kol Sak, en plein cœur de Mor Avi.
— Je ne fais pas un pas de plus, gémit Soraya en se laissant tomber à genoux près de moi, son sac à dos glissant de son épaule jusqu’au sol.
J’approuvai d’un hochement de tête avant de passer une main entre les brins d’herbe à mes pieds. Ils étaient d’un vert chatoyant, assez surprenant à cette époque de l’année. Une observation plus détaillée des alentours m’apprit que la plupart des végétaux étaient en fleur ou en pleine croissance. On se serait crus à la fin du printemps, quand les pluies ont nourri les sols et que le soleil du début d’été fait gonfler les plantes de vitalité.
Contrairement aux Sanctuaires rencontrés précédemment, le Kol Sak ne possédait pas de bâtisses à étages. Une demi-douzaine de temples de plain-pied occupaient l’espace ceint d’une barrière naturelle de buissons à feuilles épaisses. Les murs en bois, vert sombre, étaient recouverts d’inscriptions, de formules et d’objets étranges avec des aiguilles, des cadrans, des rouages.
— Debout ! lança Kol Zou d’une voix ferme en nous dépassant sans ralentir.
La femme aux courts cheveux noirs et à la mine revêche fut saluée par plusieurs Gardiens qui vaquaient à leurs occupations. Ces derniers nous avaient à peine jeté un coup d’œil.
— Qu’est-ce qu’on fait ? soupira Soraya en massant son épaule endolorie d’avoir porté son sac toute la journée.
Nous avions dû rendre la jument qui transportait nos affaires quelques jours plus tôt. Même si nos provisions s’étaient allégées de jour en jour, nos effets personnels avaient pesé lourd sur nos épaules ces dernières heures. Je n’osais pas non plus ôter mes chaussures de peur de trouver mes pieds couverts d’ampoules. Je sentais certaines mèches de cheveux rebiquer sur mes tempes et ma nuque à cause de la sueur.
Plus que lasse, je relevai les yeux vers Soraya, qui terminait les dernières gouttes précieuses de sa gourde. Notre voyage s’était transformé en calvaire depuis que Kol Zou nous avait rejointes. La Gardienne n’avait eu en tête que de nous amener à son Sanctuaire, sans se soucier des lieues que nous avions pu parcourir avant son arrivée.
— Nous devrions y aller, finis-je par souffler d’une petite voix en me redressant péniblement. Kol Zou risque de se mettre en colère si nous tardons.
— Elle est constamment en colère, marmonna Soraya en se levant à son tour. Lau Dih me manque. Elle était assez laconique, mais, au moins, elle avait de l’empathie.
Ne pouvant infirmer ses propos, je me contentai de soulever mon sac pour suivre les pas de la Gardienne, qui patientait à l’entrée d’un petit temple. Elle afficha une expression irritée lorsque nous fûmes près d’elle et claqua la langue.
— Il sera trop tard pour le repas si vous continuez à prendre des pauses à tout-va.
Son oneirian, bien qu’impeccable en termes de vocabulaire, était plus haché et disgracieux que celui de Lau Dih. Elle faisait beaucoup moins d’efforts sur la prononciation, même si je lui étais déjà reconnaissante d’employer notre idiome.
— Excusez-nous, murmurai-je du bout des lèvres en gardant les yeux rivés au sol pour esquiver son regard sévère.
Avec un grognement agacé, elle tourna les talons pour entrer dans la bâtisse. Lorsque j’empruntai les petits escaliers menant à la terrasse qui entourait le temple, je pus mieux distinguer les étranges mécanismes accrochés au mur. Je me figeai quelques secondes, le temps d’en appréhender le fonctionnement. Certains possédaient des aiguilles qui tournoyaient sur elles-mêmes, d’autres des rouages glissant les uns sur les autres.
— Des horloges, annonça Kol Zou d’une voix moins hostile lorsqu’elle remarqua ma curiosité. Certaines s’adaptent au cycle lunaire, d’autres à la course du soleil, d’autres encore aux saisons.
— Merveilleux, soufflai-je avec franchise en me penchant pour mieux voir les instruments de mesure.
Kol Zou ne répondit rien, mais ses traits se détendirent légèrement. Soraya était déjà entrée à l’intérieur pour observer les décorations. Un autre Gardien était affairé dans un coin de la pièce d’où s’échappait un délicat fumet de viande saisie à feu vif. Sans plus m’attarder, je rejoignis ma compagne puis me plantai devant Kol Zou, qui nous jaugeait du regard. Elle donna un petit coup de menton sec vers un coin de la salle où s’amassaient coussins, couvertures et édredons.
— Vous pouvez vous reposer ici. Le repas sera prêt d’ici quelques minutes. (Elle s’avança plus profondément dans la pièce pour nous inviter à faire de même.) Ce temple est réservé à la cuisine et à l’accueil des visiteurs. Si vous souhaitez faire vos ablutions, il y a une bassine que nous pouvons remplir d’eau chaude à votre demande.
Elle nous toisa en fronçant le nez.
— Ce que je vous recommande vivement.
Avant que n’eûmes le temps de la remercier – ou de nous indigner – elle partit comme une furie vers la sortie et disparut entre deux allées d’hortensias roses. Soraya soupira de soulagement en allant déposer son sac près de nos couchages. Quant à moi, j’observais avec résignation le chemin qu’avait pris Kol Zou en s’éclipsant. Après tant de jours à marcher dans le presque-silence, à m’interroger sur les objectifs de la Gardienne, à regretter le retour de Lau Dih pour son Sanctuaire, je devais encore attendre.
J’espérais que les informations que devait m’apporter Kol Zou étaient cruciales.
Le bain fut aussi agréable que nécessaire. Comme promis, les Gardiens nous laissèrent une bassine d’eau chaude, des pains de savon, des serviettes ainsi que des vêtements de rechange. J’étais reconnaissante de cette dernière attention, car mes habits n’avaient pas été lavés depuis notre débarquement à Mor Avi et étaient raidis par la crasse.
Comme Soraya m’avait laissée y aller en premier, je la retrouvai près des cuisines en train d’observer avec délectation le contenu d’une marmite. C’était une soupe agrémentée de morceaux de viande.
— Tu peux aller faire tes ablutions, soufflai-je à la Sudiste en resserrant autour de moi le gilet en laine qu’on m’avait prêté. Ils nous ont laissé des vêtements de rechange, le temps que nous lavions les nôtres.
Soraya quitta enfin des yeux le faitout pour apprécier les habits que je portais. Elle pinça les lèvres puis haussa les épaules.
— Ce n’est définitivement pas de la soie ou du coton doux, mais cela fera bien l’affaire. (Elle m’adressa un sourire en coin tandis qu’elle s’éloignait vers la salle d’eau.) Tu as l’air d’une charmante petite Occidentale en vadrouille dans la campagne, Alice.
Je restai plantée sur place, sans trop savoir comment réagir, alors que l’ancienne Impératrice tirait la porte coulissante derrière elle. J’avais hâte de savoir à quoi elle allait ressembler avec les mêmes vêtements que moi.
Profitant de l’absence de Soraya, je quittai le temple pour m’aventurer dans les jardins. Au milieu des haies taillées et des parterres de fleurs étaient positionnés d’autres mécanismes comme ceux accrochés aux murs des bâtisses. Des cadrans sur des colonnes, des inscriptions faites à même la pierre qui indiquaient des angles, des directions et des nombres, ainsi que des fontaines dont je soupçonnais que l’écoulement parfait donnait la mesure d’un certain temps.
Je me sentais drôlement intriguée par tous ces instruments, bien que je n’en comprisse pas l’utilisation pour la plupart. Observer toutes ces horloges, cadrans solaires et autres outils rassemblés au milieu du Sanctuaire devait perturber plus d’un visiteur. Pourtant, je me rendis compte du temps que j’avais passé à flâner au milieu des allées seulement lorsque Soraya me tira par le bras, l’air agacé.
— Alice, je t’appelle depuis tout à l’heure. Le repas est prêt. Kol Zou m’a chargée de te dire que nous pourrons discuter après le déjeuner.
Bien que mon estomac se réjouit de son annonce, le reste de ma personne s’en irrita.
— Elle repousse encore ses explications, marmonnai-je en suivant la Sudiste le long des chemins de graviers et des lignes de fleurs multicolores. Elle nous a arrachées à Lau Dih en se présentant à peine, l’a forcée à faire demi-tour pour qu’elle retrouve rapidement son Sanctuaire, puis nous a guidées jusqu’ici sans un mot.
Je poussai un nouveau soupir mécontent en gravissant les petites marches du temple. J’essayais de ne pas trop me plaindre de peur d’agacer Soraya, mais le comportement de Kol Zou me pesait de plus en plus. Sans compter que je soupçonnais mon amie de partager mon ressentiment.
— Et maintenant que nous sommes enfin arrivées, elle laisse la situation traîner en longueur.
Je me tus en remarquant les Gardiens du Sanctuaire installés en cercle pendant qu’un de leurs congénères leur servait la soupe dans des bols en céramique. En nous apercevant, Kol Zou nous fit signe de les rejoindre. Intimidées, Soraya et moi nous installâmes près d’elle, dans un espace laissé vide. On nous servit notre portion de potage ainsi qu’un morceau de pain. Comme les autres Gardiens n’avaient pas attaqué leur assiette, je m’abstins de me jeter sur mon repas. Soraya observait elle aussi nos voisins dans l’espoir que l’un d’entre eux commençât enfin à manger.
L’un des Gardiens prononça quelques mots en avirien – « Remercions Kol pour ce repas » – avant de prendre une louche de soupe. Les autres l’imitèrent, bientôt suivis de Soraya et moi.
Le délicieux potage à la viande apaisa quelque peu mon impatience et ma fatigue.
Le repas se déroula dans le silence et la quiétude. Soraya et moi étions les seules pèlerins, si bien que le Sanctuaire baignait dans une atmosphère sereine et reposante.
Dès la fin du repas, je m’approchai de Kol Zou. Ses yeux noirs me sondèrent attentivement tandis que je m’installais en tailleur à ses côtés. J’avais peur de la brusquer en abordant le sujet de notre quête divine sans attendre qu’elle le fît d’elle-même.
— Vous n’avez pas souvent de voyageurs, au Kol Sak ? finis-je par souffler d’un ton hésitant en observant les jardins par l’ouverture du temple.
— Rares sont ceux qui y séjournent pour la nuit, avoua-t-elle d’un air pincé en tendant son assiette vide au Gardien chargé du ramassage. Nous ne sommes pas une essence de Rug Da très populaire. La plupart des Aviriens ont du mal à se faire à l’idée que notre Dieu puisse s’incarner dans le Temps. Nous n’avons pas de… d’enveloppe physique où l’essence de Kol pourrait s’incarner, qui plus est.
— Contrairement aux animaux sacrés des Sanctuaires de la Faune et de la Flore, compris-je d’un ton désolé. À mes yeux pourtant, il semble évident que le temps est une dimension essentielle de notre existence et qu’elle s’incarne à travers une entité supérieure.
— Les Aviriens aiment associer leurs croyances à des présences physiques, que ce soient des êtres vivants ou non. Pour nous, même si nous représentons le temps à l’aide d’outils et d’instruments, ça ne suffit pas.
Compatissante, je hochai la tête. Ma naissance dans un royaume où l’on priait une entité liée à la temporalité aidait sûrement à mon approbation. Mais pour un peuple qui avait l’opportunité d’apercevoir l’essence physique d’un être supérieur en se rendant dans des Sanctuaires de la Faune, un concept aussi vaporeux que le Temps devait être rebutant.
— Les Aviriens ne sont-ils pas curieux de leur histoire ? De leurs origines, de leurs gloires passées ? (L’enthousiasme fusait en moi au fur et à mesure que je me plongeais dans mes idéaux.) Ou bien de leur avenir ? Des possibilités qui s’offrent à eux tandis que les changements s’opèrent sur vos terres ?
Un sourire approbateur avait pointé sur les lèvres de Kol Zou au rythme de mes paroles. Dès que je relâchai mon souffle, elle enchaîna :
— Les Avirien sont avant tout volatiles et indécis, expliqua la Gardienne en triturant la manche de sa tunique. C’est en raison de ces traits de caractère que nous avons tant de Sanctuaires dédiés à tant d’essences de Rug Da. Comme certains Sak leur offrent la possibilité d’apercevoir les implications physiques d’une entité, ils préfèrent s’y référer. Après tout, qui croire lorsqu’on nous montre un animal sacré au comportement presque humain et des outils destinés à mesurer les saisons ou prévoir le cycle lunaire ?
Yeux dans le vague, elle soupira, avant de grimacer d’un air contrit en apercevant ma mine défaite. Finalement, elle haussa les épaules avant d’ajouter :
— Je comprends ta perplexité. Pour moi qui suis Gardienne depuis trois siècles, seul le toucher de Kol sur mon askil m’a permis de résister à la simplicité d’esprit de nombreux Aviriens. J’ai conscience des possibilités que m’offre en plus Kol dans ma foi. J’admire tous les autres Gardiens de mes contrées, même si je reste dubitative face à un Sanctuaire dédié à la Rose ou au Vol.
— Au Vol ? répétai-je d’un air effaré avant d’enchaîner vivement : vous êtes Gardienne depuis trois siècles ? Quel engagement… c’est très honorable.
L’admiration que je ressentais soudainement pour Kol Zou se mêlait d’une pointe de crainte. Comment pouvait-on vivre aussi longtemps sans en ressentir les conséquences sur son esprit ? Pour le corps des Gardiens, j’avais déjà compris grâce à Lau Dih que le toucher de leur Dieu leur permettait de conserver l’apparence qu’ils avaient au moment de leurs vœux de Gardien.
— On ne voit pas le temps passer, si j’ose dire, souffla malicieusement Kol Zou avec une étincelle dans les yeux.
C’était la première fois qu’elle se montrait réellement agréable à mon égard. Soraya et moi avions rapidement compris que Kol Zou ne serait pas aussi chaleureuse et compatissante que Lau Dih. Elle me faisait plus penser à Ark Shan, avec ses mimiques renfrognées, ses directives sèches et la distance aussi bien physique que morale qu’elle avait instaurée avec nous dès le premier jour. Heureusement, elle n’avait pas souhaité nous blesser d’une quelconque manière.
Au contraire, c’était elle qui était venue nous retrouver au milieu des terres aviriennes pour nous presser de rejoindre le Kol Sak. Elle nous avait brièvement expliqué que Kol l’avait enjointe à nous guider jusqu’à son Sanctuaire sans en dire bien plus.
À présent, je vibrais d’une angoissante curiosité. Je ne prenais pas pour un terrible hasard que l’entité du Temps avirienne souhaitât rencontrer deux voyageuses Oneiriannes à la recherche de leur Déesse du Temps perdue.
— Soraya ! hélai-je mon amie alors qu’elle passait à proximité en aidant au ramassage des gamelles – elle semblait s’être décidée à découvrir l’intendance d’un foyer.
Elle s’approcha de sa démarche chaloupée avant de se pencher vers moi pour écouter ce que j’avais à lui dire. Ses iris mordorés scintillaient à la lueur des braises du four installé tout près.
— Il faut qu’on explique à Kol Zou ce qui nous amène ici, soufflai-je avec gravité.
Elle hocha lentement la tête en basculant son attention sur la Gardienne, qui nous observait en silence, l’air pensive. Tout en ramenant son gilet de laine autour d’elle, la Sudiste s’agenouilla pour que nous formions un triangle.
— Je sais que vous êtes à Mor Avi pour une raison qui concerne vos Dieux, déclara aussitôt Kol Zou à voix basse pour ne pas être entendue de tous. Kol me l’a soufflé. Toutefois, nous ne savons pas quelles sont vos motivations exactes. Qu’espérez-vous trouver dans les Sak ?
— Kan, notre Déesse du Temps, annonçai-je sans préambule, plus que lasse de toute cette attente.
Quelques secondes de silence s’écoulèrent avant que la Gardienne ne fronçât les sourcils en plissant les lèvres. Ses pupilles noires me dévisageaient avec étonnement.
— Pourquoi trouverez-vous votre Déesse dans nos Sanctuaires ?
— Parce que Kan s’est exilée il y a plusieurs siècles, confia Soraya d’un ton distant. D’après Galadriel, notre divinité de la Vie, son égale s’est enfuie dans vos terres suite… à la suite d’un événement terrible qui a eu lieu à Oneiris.
La perplexité envahissait trait après trait le visage de la Gardienne. Je comprenais sans mal ses doutes ; la situation inverse m’aurait aussi ébranlée.
— Un événement terrible ? De quel genre ? Que s’est-il passé de si grave pour que vos propres Dieux vous abandonnent ?
— Ils ont été trahis par nos ancêtres, révéla Soraya d’un air morne en détournant le regard. L’un d’eux, le maître de la matière et des éléments, a été déchu et s’est retrouvé coincé dans une enveloppe charnelle. De peur d’être soumis de nouveau à la volonté des Hommes, Kan et Eon, les divinités jumelles du Temps et de l’Espace, ont pris la fuite et ont quitté leur berceau.
— Quel drame, soupira Kol Zou avec sincérité tout en se mordillant une lèvre. Et vous espérez donc retrouver Kan à Mor Avi ? Mais une Déesse ne traverse pas ainsi les continents. Où pourrait-elle avoir trouvé assez de force pour subsister en terres inconnues ?
Embarrassées de lui donner notre réponse, Soraya et moi restâmes silencieuses tandis que l’idée s’infiltrait naturellement dans l’esprit de Kol Zou. Celle-ci se redressa soudain, le visage affaissé, les yeux écarquillés.
— Non, ce n’est pas possible. Une Déesse ne peut devenir une entité de Rug Da.
— Et pourquoi pas ? rétorqua Soraya en haussant un sourcil.
Sa témérité m’arracha une grimace, mais Kol Zou se contenta de secouer la tête, l’air éperdue.
— Rug Da… une essence de Rug Da ne tolérerait pas la présence d’une autre entité. Elles entreraient en conflit.
— Même si les deux entités en question représentent la même notion ? murmurai-je doucement en me penchant vers Kol Zou, espérant la convaincre de notre folle idée.
Avant que je pusse la frôler, elle recula subitement, livide. Son regard perdu dans le vide luisait de crainte. Elle referma les bras autour de ses genoux en baissant la tête comme une enfant perdue et esseulée. Peinée, je m’agenouillai de nouveau en observant le parquet sous mes jambes. Avions-nous été idiotes et effrontées d’avoir émis telle théorie ?
Un froissement de tissu me fit relever le nez. Kol Zou nous toisait avec attention, le visage inexpressif. Lorsqu’elle prit la parole, sa voix avait perdu les inflexions dures que la Gardienne avait toujours exprimées.
— Kol souhaite échanger avec vous. Avec toi, plus précisément, Alice.
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