The spectre

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Quatrième matin, Orion n'avait pas beaucoup dormi. A peine deux heures, c'était pire que d'habitude. 

A peine debout, il avait de nouveau été admirer Keiko. Il supposait qu'il avait encore quelques heures devant lui avant qu'elle ne se réveille à son tour. Il en profita pour aller refaire des réserves. De l'eau, des fruits et il pourrait lui offrir un petit déjeuner. Elle lui pardonnerait peut-être sa manière de lui avoir parler.

Il s'imaginait déjà tout. Ses excuses qu'elle accepterait, ensuite il pourrait lui apprendre les rudiments de la survie, elle tomberait sous son charme et ils profiteraient ensemble des quelques jours loin du monde. Et qui sait, cette romance continuera dans le monde réel ?

***

Le soleil venait de paraître et Keiko se réveilla seule et très mal en point. Elle se sentait à bout de force. Le repas offert par Orion et la nuit à la chaleur du feu n'avaient pas été suffisant pour la remettre en état. Elle avait été trop loin dans ses ressources pendant trois jours. Jamais de toute sa vie, elle ne s'était senti aussi mal. Elle fût incapable de se lever et sentait un début de fièvre l'envahir. Son corps était complètement endolori. 

Bien que non croyante et le souffle court, elle se mit à crier.

"Puissance supérieure, si tu existes vraiment, sauves-moi de cet enfer.

Dieu, mère-nature ou quel que soit ton nom, peux-tu m'entendre lorsque je t'appelle ?

Je n'ai rien à faire ici, toute ma vie appartient à l'autre côté.

Pourquoi ne sont-ils pas déjà ici pour nous ramener?"

- Il est intéressant de voir comment on peut vite devenir croyant quand on ne peut se débrouiller seule.

Orion se tenait derrière elle avec quelques provisions. Et comme le soir précédent, il n'avait pu retenir ses paroles. Son amour pour elle n'était qu'une attirance physique. Mais dès qu'elle parlait, il ne pouvait voir autre chose qu'une gamine bien trop gâtée par la vie. 

Tout au long de sa promenade matinale, il avait cherché à savoir qui elle était, psychologiquement parlant. Elle avait démontré le soir précédent qu'elle se considérait presque comme une déesse mais avait également laisser entrevoir cette capacité à manipuler et les gens. Sans doute l'une des raisons qu'elle fût si populaire dans l'autre vie. 

Étonnamment, elle ne réagit pas à sa nouvelle remarque. Il était peut-être temps d'avoir une discussion honnête et direct avec elle.

- Bonjour, bonjour ! Et si nous reprenions tout à zéro. Moi c'est Orion.

Elle le regarda d'un air hagard, sans répondre.

- Je m'excuse de l'accueil peu sympathique que je t'ai offert cette nuit. On ne se connaît pas vraiment, mais ce naufrage est une tragédie qui nous touche autant l'un que l'autre. Et nous avons besoin l'un de l'autre pour survivre jusqu'à ce que l'on nous retrouve.

Il vit que son changement de ton dans ses paroles faisait effet sur elle. Il avait bien répéter son texte. Comme elle ne réagissait toujours pas, il reprit.

- Je te propose donc de marcher ensemble le long de ce chemin inconnu. Considère cette épreuve comme une expérience et tu en ressortiras plus forte.

Elle regarda les provisions qu'il avait ramené. Orion vit son regard et lui tendit le sac de fruits.

- Tu as besoin de manger et de te reposer. Nous pourrons reprendre cette discussion plus tard...

- Non, je... je te remercie.

Enfin ! se dit Orion, elle réagit. Et de manière positive. 

Il s'agissait maintenant de ne pas la brusquer. Le mieux était de la laisser reprendre la parole d'elle même. Il attendit le temps qu'elle se restaure et en profita pour l'admirer autant que possible sans que cela ne soit trop flagrant.

- Je ne pourrais survivre ici. Vois ce que tu as accompli seul. As-tu vraiment besoin de moi avant que je ne disparaisse ?

- Ne dis pas de bêtises. Tu ne vas pas mourir ici. Et si tu me permets d'être franc, il s'agirait même d'une bénédiction pour toi.

Orion avait franchi le pas. Lui dire ce qu'elle voulait était son plan mais une fois de plus, il n'avait pu tenir sa langue.

- Comment peux-tu parler de bénédiction ? Regardes moi, je suis déjà morte. Ton aide m'est précieuse mais je sens déjà en moi cette fièvre qui m'agresse et il n'y a aucun médicament à disposition. Et si tu pouvais lire dans ma tête, tu verrais que je deviens complètement folle. Il n'y a plus qu'un fantôme en moi. Si mes parents n'ont pas pu nous retrouver en trois jours alors nous sommes réellement perdus.

- Calmes toi. Tu subis probablement un stress post traumatique. Ce qu'il nous est arrivé est grave mais ce n'est qu'un épisode de notre vie. Je te parle de bénédiction car tu vas pouvoir te désintoxiquer de ta vie de débauche. Tu vas connaître la normalité et en sortir plus forte que jamais. Regardes ce magnifique endroit et appelle le maison pendant quelques temps. Un jour, tu considéreras ce passage comme un apprentissage et ne nouvelle lumière inondera ta vie.

- Alors je n'ai pas besoin de ta lumière. Je préfère rester profondément dans le noir si ça m'évite d'être ici et maintenant. Comment puis-je oublier ma vie ? Et que font nos parents pour trouver ce que nous sommes devenus ?

Orion se rendit compte qu'il ne pourrait lui faire entendre raison. Du moins pas encore. Par conséquent il n'eut d'autres choix que de couper court à la conversation.

- Ne t'inquiètes pas de trop pour l'instant. Tu viens de le dire, tu n'es pas en état de quoique ce soit pour l'instant. Reposes toi encore ce jour, le temps que tes forces reviennent et ce soir ou demain je t'expliquerai comment nous allons nous en sortir.

Il l'a quitta une fois de plus furieux contre lui-même. Il n'avait su tenir aucune ligne de conduite. Ni honnête, ni franc, par moment il lui avait dit ce qu'elle voulait entendre à d'autres non. Il n'avait fait que s'empêtrer dans son discours qui au final n'avait aucun sens.

L'amour et la haine pour une même personne étaient terriblement compliqué. Nous vivons, nous aimons, nous mentons se répétait-il.

De son côté Keiko n'avait pas l'esprit suffisamment clair pour réfléchir à ce qu'il venait de se passer. Elle partit se coucher dans l'abri d'Orion et comme tout au long des trois derniers jours, le souvenir sur l'Atlantis vint la hanter. 

- Ravi de vous rencontrer à nouveau, voix dans ma tête ironisa-t-elle !

Toujours ces formes floues qui dansaient autour d'elle, cette mélodie entêtante et finalement un visage s'éclaircit dans la masse d'ombre. Celui d'Orion qui passait à travers les différents convives tel un spectre.

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