2.     Apaisement.     

 

Clémence et Christophe discutaient avec Madison et Gaétan dans la vaste chambre de Madison.

— Pas trop triste qu’elle ne vienne pas, Madison ?

— Je suis mitigée, Clémence. D’un côté, je me dis que ce sera plus calme, on sera entre nous, il n’y aura pas de cris… Mais en même temps, c’est un peu le seul moment de l’année où elle est parfois plus proche de moi.

Elle souffla doucement, Gaétan passa sa main dans le dos de Madison qui se tourna vers lui et ajouta,

— En plus, je voulais te présenter Gaétan. Je voulais que ce soit officiel avec toi, je voulais qu’elle voie que tu es quelqu’un de bien…

Sa voix mourut, Gaétan la prit dans ses bras et tenta de la rassurer,

— Ce sera pour une prochaine fois, Mady.

Attristé, Christophe lui dit,

— Mad, tu connais ta mère…

— Oui, mais c’est ma mère !

— Je sais, et c’est vrai que cette fois-ci, elle a fait fort, je te l’accorde. Mais on est là, nous, Madison. On ne va pas lui permettre de gâcher la fête à distance !

Madison se calma doucement dans les bras de Gaétan et répondit à son cousin,

— C’est vrai, mais ça me va loin, tu sais, ce qu’elle a fait cette année… Tout ce qu’elle a fait cette année…

Clémence et Christophe la rassurèrent encore, puis laissèrent un peu d’intimité au jeune couple.

Ils remontèrent à l’étage de Christophe avant de tranquillement se préparer en vue des  activités prévues pour la soirée ; une balade au village de Noël.

— Pauvre Madison, sa mère est vraiment… Je ne sais pas trop quoi choisir comme terme ; égoïste ? Irresponsable ? Inconsciente ?

— Égoïste lui va très bien.

— Tu la connais mieux que moi…

— Oui, elle n’en n’a jamais rien eu à faire de sa fille, depuis le début !

— C’est à dire ?

— Ben, en fait, de ce que j’en ai compris, quand j’étais ado, c’est qu’elle a eu une liaison avec un gars friqué, mais marié, et qu’elle a tenté de lui mettre le grappin dessus en lui faisant un bébé dans le dos.

— Oh, Madison lui aurait servi de « monnaie d’échange » si je comprends bien ?!

— En gros, oui, elle voulait qu’il quitte femme et enfant pour elle, mais il est retourné chez sa femme.

— Mais, quoi, elle était sa maîtresse depuis longtemps ? Elle en avait marre d’être dans l’ombre ?

Christophe réfléchit quelques instants et répondit,

— Même pas, si mes souvenirs sont bons, ça s’est passé le temps d’un été… Oui, je me souviens, j’avais quinze ans, je terminais les examens de fin d’année et elle racontait à tous les barbecues qui ont suivi, qu’elle avait rencontré l’homme de sa vie. Lorsque je préparais la rentrée, mes parents m’ont annoncé que j’allais avoir un cousin ou une cousine. Moi, j’ai trouvé ça sympa.

Clémence l’écoutait attentivement, découvrant ainsi une part inconnue de la vie de la « tante Valérie ».

— Le problème, c’est qu’en fin d’automne, Tante Valérie était encore plus énervante que d’habitude. Par la suite, j’ai capté qu’il s’agissait de la période où elle avait compris que son « plan » n’avait pas fonctionné et que « l’homme de sa vie » était retourné chez sa femme. Je me souviens qu’elle traitait cette femme de tous les noms.

Christophe haussa les sourcils et conclu,

— Madison est née de ça, du plan d’hameçonnage d’un homme marié monté de toutes pièces par ma tante.

— Un homme qui trompait sa femme…

— De fait, mais bon, faire un bébé après deux mois…

Clémence eut un sourire amusé en pensant à leur alerte. Christophe le capta et lui dit,

— Non, pour nous c’était différent Clem !

— En quoi ?

— Ben, Valérie, elle disait clairement qu’elle voulait être enceinte dans ce but-là ! Je me souviens d’être tombé sur ma mère et elle, en train de discuter de cela, pendant l’été. Ma mère était contre, Valérie lui répétait ;

— Il divorcera si je suis enceinte, j’en suis sûre, c’est un homme d’honneur ! Sinon, je lui ferais un scandale.

Clémence était étonnée, Christophe continua le récit,

— Ma mère lui a rétorqué que ce qu’elle faisait n’était pas bien, qu’elle brisait un mariage. Valérie n’en a rien écouté et est finalement tombée enceinte.

— Madison, elle sait tout cela ?

— Je ne suis pas sure, je crois que Valérie a dû édulcorer la version, pour se poser en victime d’un goujat, tu vois ?

— Je vois, oui… Pauvre Madison.

— En fait, si je me souviens bien, je crois même qu’elle a été faire scandale chez le gars en question et que c’est la femme du gars qui l’a mise à la porte. Il faudrait que je demande à ma mère…

— Dis, au fait, ta mère, elle me semblait bien chamboulée avec l’annonce de Valérie, tu ne trouves pas ? Je ne l’ai jamais vue aussi soucieuse, malgré le fait qu’elle tentait de nous faire croire que tout allait bien.

Christophe acquiesça et renchérit,

— Je crois que ma tante a dû lui lâcher quelques vacheries. Elle n’a jamais eu de considération pour personne d’autre à part elle-même.

Il soupira puis lui dit, en l’enlaçant,

— Viens, il faut qu’on se prépare pour la soirée, départ prévu dans trente minutes… Mmh quelques godets de vin chaud et nous retrouverons l’esprit de Noël !

Clémence éclata de rire et ils se préparèrent dans une ambiance plus festive.