Confinement / Samedi 14 mars
Avant l'annonce officielle de l'inévitable fermeture, ma mère a décidé que nous irions au cinéma. Quand je pense à tous les films que je prévoyais d'aller voir, dans les prochaines semaines...
Elle était décidée à ce que nous allions voir De Gaulle. Et, vu la quantité astronomique de blockbusters fades que diffuse notre petit cinéma de campagne, je n'ai rien trouvé de mieux à proposer. Pour avoir regardé The Darkest Hours quelques semaines plus tôt, j'ai préféré le traitement que faisait ce film de Churchill.
Quand nous sommes sortis de la salle, à presque minuit, des affiches avaient été placardées sur toutes les portes : FERMETURE PROVISOIRE. Il ne restait qu'une poignée de voitures sur le parking désolé. La route était déserte, sur le retour, hormi l'habituel cycliste en djellaba qui s'octroyait sans doute une dernière promenade nocturne.
Un appel rapide à destination de Sally, qui déjà tombait de sommeil. Je me retrouve seule dans mon lit. Seule, alors que nous pourrions être deux. Seule, à rêver d'une vie que je n'ai pas. De retrouvailles qui n'adviendront pas avant plusieurs semaines. Je m'allonge et je tousse. Cette année, le printemps est précoce ; mes allergies aussi. Si tout cela doit se finir par une quarantaine, autant que ce soit avec le soleil. Mais inévitablement avec la morve au nez.
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