Confinement / Lundi 16 mars

2 minutes de lecture

J'aimerais avoir quoi que ce soit de constructif à raconter. Vous dire que j'ai passé ma journée à méditer sur le sens de la vie, à faire des étirements de yoga. Que j'ai lu l'un des cinquante volumes qui prend la poussière dans ma bibliothèque. Que j'ai écrit des pages et des pages d'une histoire trépidante. J'aimerais dire que j'ai commencé à mettre ce confinement à profit et à réaliser toutes les choses que d'ordinaire je ne trouve pas le temps d'entreprendre.

J'aimerais ne pas avoir à avouer que je m'apitoie sur mon sort. Que j'ai passé ma journée accrochée à ma Nintendo 3DS pour m'oublier dans la saveur d'un bon petit RPG. J'y ai combattu des monstres et bâti un havre un paix, tout du moins provisoirement. Jusqu'à la prochaine attaque du Chaos. Qui a dit que les scénarios des jeux vidéo manquaient de consistance ? Celui-ci résonne étrangement en moi en ce moment.

J'aimerais ne pas avoir à subir la solitude de mes nuits. Pas plus solitaires que d'habitude, mais rendues plus ardues par la certitude qu'elles le resteront plus longtemps. L'insomnie et moi, c'est une histoire de longue date. Fut une époque où je passais des nuits entières à écrire, jusqu'à l'aube. je donnerais cher pour qu'il en soit ainsi tout le restant de ma vie. Parfois, pourtant, il faut que je dorme. Que je songe à la sonnerie imminente du réveil. L'été dernier, j'ai commencé à lire la Bible pour contrer la fuite du sommeil. Un remède sans pareil ! Ces derniers jours, pourtant, l'insomnie manque de charme. Je traîne mon âme de jeux mobiles en quizz Facebook bidons. Je presse des boutons qui n'existent même pas sur un écran tactile qui surchauffe. Je ne me fatigue qu'une fois la batterie à plat.

Alors je me couche dans le noir. Je m'invente des romances passagères. Des contes érotiques qu'un jour peut-être je coucherai sur le papier. J'y ai déjà pensé. Je ne sais plus quand exactement j'ai commencé à me raconter de grandes histoires d'amour, dessous mes couvertures. Du plus loin que je me souvienne, j'avais quatre ans. Et déjà je sentais monter l'inévitable : ce besoin démesuré d'affection et de reconnaissance. Le besoin peut-être de me reconnaître en l'autre, jusqu'à ce que nos deux corps soient étoitement confondus. C'est niais de le dire, mais je ne me sens entière que dans ses moments-là.

Mon confinement ressemble davantage à la douloureuse attente du retour de Sally. La désagréable impression que l'isolement de l'année passée se rejoue malgré nous.

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