Madeleine Chevalla, élégamment appelée dame Chevalla pour ses innombrables qualités, avait le cœur sur la main. Elle aimait offrir et donner sans jamais rien quémander en retour. Hélas, cela attira bien de mauvaises gens qui profitèrent de ce coeur si généreux. Elle se fit voler, attendrir par d'intelligents accapareurs et compatissante, elle leur accordait toujours une seconde chance. Ces derniers la prenaient volontiers pour continuer leurs basses besognes et lorsqu'elle s'en aperçut, dame Chevalla ne supporta point qu'on lui fasse subir autant de mal.

Cela lui causa tellement de problèmes qu’elle contracta la maladie du cœur. En voici les symptômes : l’esprit toujours embrumé d’idées noires, le sourire infiniment effacé, la poitrine si serrée que le souffle avait peine à passer. C’était après une énième nuit avec un homme qu’elle pensait bon qu’elle subit cette affreuse douleur à la poitrine. Cet homme, un malfrat de bas étage, avait profité de sa touchante naïveté pour la frapper en plein cœur et c’est en se couchant que la jeune femme fut assaillie de piques qui l’empêchaient de bien respirer. Très inquiète, elle appela une amie proche, une bonne amie de longue date aussi généreuse du nom de Salomé Vertara.

Elle se présenta bien affolée, fit préparer une tisane pour tenter d’apaiser la douleur.

« Mais que t’arrive-t-il ma chère ? As-tu été blessée ? »

« Je ne sais point. Oh mon amie, j'ai si mal ! C'est comme si un meurtrier m'avait lardé de coups de poignards. »

Dame Chevalla pleura chaudement, son amie resta à son chevet. Le lendemain matin, la jeune blessée recommença à sangloter. Sa poitrine lui faisait affreusement mal. Puis ce fut une longue descente vers le mal-être et le chagrin.