29. L’arroseur arrosé
Eliaz
J’ai bien profité de ma journée de repos dans ma chère Bretagne. J’ai enfilé un blouson chaud et marché en bord de mer toute la journée, ne stoppant que pour manger l’encas que j’avais pris. Maintenant, après une bonne douche, je me repose dans ma chambre, mon téléphone à la main. Demain, je rentre sur Paris et mon petit break sera terminé. Il me fait du bien mais je me demande comment va se passer mon retour au boulot. Je suis certain qu’Adèle est folle de rage de mon absence et je ne suis pas sûr qu’elle me pardonne de ne pas l’avoir contactée. Plusieurs fois, j’ai failli le faire mais je me suis systématiquement demandé s’il ne valait mieux pas essayer de couper le lien avec elle. Je crois qu’elle m’attire trop et j’espère que cette distance que je nous ai imposée va me permettre de revenir avec des bases plus saines dans notre relation. No zob in job, c’est un principe qu’il ne faut pas transgresser. Pour détourner mon esprit, j’envoie un petit message à Maéva avec qui j’ai continué à échanger et où les choses se précisent.
— Bonjour charmante amie. Tu vas bien ? Tu as passé une bonne journée ? Moi, c’était rando toute la journée. Et là, après ma douche, je suis au lit et je pense à toi. J’espère que tu ne m’as pas oublié depuis ce matin !
En attendant sa réponse, j’hésite à aller m’habiller mais je suis confortable comme ça, nu sur mon lit. Mon père est en bas, dans le salon, en train de regarder la nouvelle série. Je ne sais pas ce qui l’attire mais il ne rate aucun épisode.
— Salut, toi. Journée en famille, pour ma part. C’était un peu long, surtout sans nouvelle de toi. Déjà douché et au lit ? Je viens juste de rentrer chez moi, je crois que je vais me glisser dans un bain, pour ma part.
— Oui, il ne manque que toi pour agrémenter cette fin de soirée. J’ai vraiment envie de te revoir à mon retour à Paris.
Je l’imagine en train de se déshabiller pour se préparer pour son bain et cela m’émoustille, si l’on peut dire.
— C’est où tu veux et quand tu veux. J’ai hâte ! Rentre vite, qu’on en profite.
Eh bien, apparemment, je ne suis pas le seul à être d’humeur coquine, ce soir. Tant mieux, cela va me permettre de m’évader un peu plus de mon quotidien.
— Aurais-tu donc les mêmes envies que moi ? L’idée de profiter avec toi me met en grande forme, si tu vois ce que je veux dire.
Sa réponse immédiate me fait penser que nous sommes dans le même état d’esprit.
— Je viens de me glisser dans mon bain… Et j’avoue que te savoir en grande forme m’émoustille un peu (ou beaucoup, mais je ne vais pas trop me dévoiler…).
Je souris en lisant son message avec des mots qui correspondent exactement à mes sentiments. Je me dis que cette rencontre est peut-être vraiment celle qui va tout changer pour moi.
— Imagine que je suis là, derrière toi, alors. Mes grandes mains te massent les épaules puis descendent le long de ton corps nu. Ma bouche se pose sur ton cou pendant que je continue mes caresses. Je rêverais de pouvoir te faire ça quand on se retrouvera.
J’y vais fort mais elle a l’air très réceptive, ce soir. Autant en profiter.
— Eh bien, tu es doué avec les mots, Eliaz, tu réussis à me chauffer avec rien qu’un message… Je t’imagine déjà “en forme”, j’ai envie de sentir tes mains sur mes seins aux pointes tendues. Je gémirais sans doute déjà, ils sont sensibles…
Je l’imagine, dans son bain, ses mains se perdant dans de coquines caresses. Le peu que j’ai vu d’elle me permet d’avoir une image bien claire dans ma tête et cela m’excite au plus haut point. Je ne peux m’empêcher de prendre en main mon érection, tapant de l’autre ces messages qu’elle m’inspire.
— J’adorerais t’entendre alors. Et je suis sûr que tu apprécierais voir l’excitation que tu provoques chez moi. Quand je vais te retrouver, je te promets de prendre le temps de t’embrasser et te caresser pour te donner tout le plaisir que tu mérites. Et sache que je ne m’arrêterai que lorsque tu seras entièrement satisfaite. C’est une promesse !
— Sacrée promesse ! Serais-tu différent de ces hommes qui ne s’intéressent qu’à leur propre plaisir ? Et est-ce que tu trouves que j’abuse ou que je suis une dévergondée si je te dis que j’ai très envie de toi ?
Wow. C’est chaud, là. Comme moi, elle semble partie pour une étape supplémentaire de notre relation et je me dis que dès demain soir, quand je serai sur Paris, je vais aller la retrouver chez elle. Je serre plus fort mon sexe et accélère mes caresses tout en essayant d’écrire mes messages.
— Je pense que nous avons les mêmes envies, rien de dévergondé ici. Je n’ai pour l’instant que des mots, mais tu verras par toi-même quand je te serrerai contre moi, que nos corps seront imbriqués, je ferai tout pour que tu jouisses. Moi aussi, j’ai une folle envie de toi.
Je me demande si je ne devrais pas l’appeler afin de pouvoir pousser cette expérience à un niveau d’excitation encore supérieur. Je dois même ralentir le rythme de ma masturbation afin de ne pas jouir trop vite et profiter de ces échanges sensuels à souhait.
— J’ai tellement envie de te chevaucher, Eliaz. Je te jure, j’imagine tes mains me donnant le rythme, ta bouche jouant avec mes tétons. J’ai envie de t’entendre gémir et de te voir te perdre dans le plaisir. Oh, j’avoue que j’adorerais que tu me plaques sur mon lit pour prendre les commandes, que tu me fasses jouir en me prenant plus fort… Oui, je m’imagine aisément crier mon plaisir en empoignant ton beau fessier. J’adorerais te détailler alors que tu jouis en moi… Ou que tu finis dans ma bouche…
J’avoue qu’à la lecture de ce message, je suis à deux doigts d’exploser entre mes mains mais je parviens à me retenir. Elle est tellement excitante de me proposer de jouir en elle. Que ce soit dans son intimité qu’elle doit être en train de titiller ou dans sa bouche, sensation divine que je n’ai pas connue depuis tellement de temps.
— Oh Maéva. Je vais te prendre avec force et passion et nous allons connaître l’extase. Toi et moi, ça sera un vrai feu d’artifice. Le début d’une merveilleuse histoire qu’il me tarde de découvrir dans la réalité. Tu vas me faire jouir tellement tu es belle et excitante.
Je ferme les yeux et essaie de l’imaginer le corps tendu de désir, la peau frémissante sous mes caresses et mes baisers. Le bout de mon gland s’humidifie et il ne me faut plus grand-chose pour me laisser aller. Frénétiquement, je regarde mon téléphone afin de connaître la suite de ses fantasmes et finis par me dire que, comme moi, elle est trop excitée pour taper. Elle doit être en train de jouir dans son bain, sa main entre ses jambes. Rien que d’imaginer que je suis la cause de son orgasme à distance provoque ma propre jouissance. Tel l’adolescent que j’étais, je comprime mon sexe pour ne pas en mettre partout et attrape un mouchoir en papier dans lequel je me déverse, en sueur et ravi de ce petit moment de plaisir.
— Wow, c’était super, la relancé-je. Hâte de connaître ce type de sensations avec toi dans mes bras.
Je repose enfin mon téléphone et me débarrasse du mouchoir avant de me réinstaller confortablement dans mon lit. Quelle expérience ! Je n’avais jamais fait l’amour au téléphone et c’est un bon moyen de reprendre contact avec cette sexualité que je fuis depuis Marie. Maéva est vraiment une fille exceptionnelle et je suis ravi de la tournure que prend notre relation. N’ayant toujours pas de réponse, je la relance une nouvelle fois.
— J’espère que tu ne t’es pas noyée dans ton bain sous l’émotion, lol. Tu as aimé ces échanges ? Moi, j’ai adoré.
A peine ai-je cliqué sur le bouton envoyer que je reçois un message d’erreur m’informant que le message n’a pu être délivré. Je me demande ce qu’il se passe et réessaie après avoir vérifié que j’ai bien du réseau, mais une nouvelle fois, je reçois le même message d’erreur. C’est vraiment bizarre, ça. Même si je sais que ça ne fonctionnera pas, je ne peux m’empêcher d’appuyer encore et encore sur le bouton “envoyer” avec toujours le même résultat. J’espère qu’elle n’a pas fait tomber son téléphone dans l’eau…
Après encore un quart d’heure sans nouvelle de sa part, je me dis que je devrais essayer de la recontacter sur l’application. Si elle a un problème avec son téléphone, elle peut toujours se connecter sur son ordinateur et nous pourrons reprendre nos échanges. Mais une fois connecté sur Beetic, je suis surpris de voir que notre discussion a disparu. J’essaie de retrouver son profil mais je ne le trouve plus. Qu’est-ce qui lui prend ? Elle n’a pas pu tout arrêter comme ça, alors que ça commençait à vraiment faire des étincelles entre nous quand même ?
J’envoie un message à l’assistance de Beetic et lorsque je reçois la réponse une trentaine de minutes plus tard, je reste atterré. Ils m'informent qu’il n’y a pas de dysfonctionnement, que la personne que j’avais contactée a fait le choix de rompre le lien et qu’il est important de respecter la vie privée de chacun ainsi que son libre arbitre. Ils m’invitent à poursuivre mes recherches et me souhaitent bonne chance. Bonne chance, après un tel événement ? Là, j’ai juste envie de quitter cette application et de ne plus jamais y revenir. Je suis vraiment déçu de comprendre que je suis victime de ghosting, frustré aussi car je commençais vraiment à croire à cette histoire avec Maéva mais en même temps, je me dis que ça va m’aider à enrichir mon article. Un mal pour un bien ? C’est sur cette pensée pas si négative que je m’endors.
Au réveil, je me prépare et me décide à finalement appeler ma collègue pour l’informer de mon retour au boulot demain ainsi que de mon expérience avec la blonde fantôme.
— Salut Adèle. Je ne te réveille pas ?
— Je peux savoir à qui j’ai à faire ?
Ouh là, le ton est froid et j’avais raison de penser que ma petite escapade bretonne ne lui plairait pas.
— Désolé d’être parti comme ça, Adèle... J’avais besoin de prendre un peu de temps pour moi pour réfléchir. Je suis en Bretagne chez mon père, là. Mais j’ai quand même travaillé sur la chronique, tu sais ? Et je rentre tout à l’heure sur Paris. Je serai au travail demain ou on peut se voir ce soir si tu préfères avancer.
Elle reste un moment silencieuse et je me demande si elle va me pardonner, m’engueuler ou si elle va simplement raccrocher. Avec elle, tout est possible.
— Un message pour me prévenir, ça t’aurait arraché la tronche ? Ose encore me dire une fois que je ne suis pas très professionnelle et je te jure que je te fais bouffer ton service trois pièces, mon Lapin ! Et pour info, je ne suis pas à ta disposition, ce n’est pas parce que tu as décidé que tu étais de retour que je vais libérer mon planning pour ta belle gueule. Qu’est-ce que tu veux ?
— Eh bien, déjà, m’excuser comme je te l’ai dit. Je sais que ça ne se fait pas, mais… ces expériences avec les sites de rencontre et ce dont tu m’as permis de me rendre compte, ça m’a perturbé. J’avais besoin de me retrouver… Et puis, j’ai des news sur Maéva qui peuvent être intéressantes pour l’article.
— Pauvre petit qui se rend compte qu’il a raté des années de parties de jambes en l’air, soupire-t-elle. Tu viens juste d’interrompre la mienne pour me parler de ta blonde ?
— Arrête de raconter des conneries, Adèle ! entends-je au loin.
— La ferme, James. Donc, c’est quoi ces news ?
Je ne peux m’empêcher de sourire car j’ai eu un pincement au cœur en l’imaginant en train de baiser un type, mais là, je suis rassuré.
— Eh bien, comment dire… On était en train de discuter… normalement… Enfin, je crois. C’est-à-dire qu’on se chauffait par messages, tu vois ?
— Je vois, petit dévergondé, tu te mets aux sextos. OK, et ?
— Mais j’ai rien reçu, moi ! s’esclaffe James.
— Mais boucle-la et vire de ma chambre, espèce d’andouille, rit Adèle.
— C’est venu tout seul, tu sais ? Je n’avais pas prévu de me retrouver à m’exciter par messages avec elle. Mais bon, ça, je n’ai pas grand-chose à en dire, mais on est allés assez loin et là, tout à coup, plus de nouvelles ! Elle n’a plus répondu ! Je me suis fait ghoster presque en plein milieu de la jouissance, tu imagines le choc ? Et ça peut faire un bon angle pour une partie de l’article, non ?
— J’ai hâte de lire cette partie de l’article, tiens. Les sextos et le ghosting. Tu vas réussir à te livrer par écrit ? se moque-t-elle. Oh et, au fait, bienvenue dans la vie des gens qui se font ghoster. J’ai presque envie de te dire que c’est bien fait pour toi, vu que tu m’as plus ou moins fait la même chose, quand on y pense.
Aïe. C’est vrai, ça. Mais bon, on n’est que collègues, non ? Si encore on était dans une relation romantique, ça pourrait s’apparenter, mais là, j’ai juste posé des jours de congés. Quoique. Le fait qu’elle présente les choses comme ça est un peu excitant, je trouve.
— Oui, je sais et je m’en excuse à nouveau. Pour ce qui est de me livrer, si tu m’aides, ça devrait aller, non ? Comme pour le fitness la dernière fois, avec toi, je peux me révéler sous mon meilleur jour.
— Tu cherches à te faire pardonner en me lançant des fleurs ? rit-elle. Vas-y, continue, j’aime bien. Désolée pour ta blonde… Tu as dû tomber sur plus timide que toi, ou… je sais pas, j’ai du mal à envisager qu’on puisse être aussi con, en fait.
— Comment ça aussi con ? Elle a peut-être juste pris peur ? Ou elle s’est assez amusée et en a eu assez… Peut-être que je ne suis pas son type, tout simplement. Ou que je l’ai choquée.
— Et alors ? Y a un truc magique qui s’appelle la communication. Timide ? Tu m’as dit que vous aviez échangé des sextos, donc elle a participé. Si elle a pris peur, un simple message pour te dire qu’elle préfère en rester là n’a jamais tué. Si tu n’es pas son type, elle aurait dû te le dire après votre date. Et si tu l’as choquée, eh bien… un au revoir et merci pour les moments partagés, c’est le minimum. Si elle s’est juste assez amusée, alors elle est conne, point.
— Eh bien, ça a le mérite d’être clair ! Je crois que je vais avoir plein de choses à dire. Merci. Et encore désolé. A demain, alors.
— Ouais, à demain… Déjeuner chez mon oncle, c’est bon pour toi ? J’ai peur d’avoir envie de t’étriper si on est dans l’aquarium, me lance-t-elle, un sourire dans la voix.
— Parfait. Je vais réserver deux tiramisus dès maintenant pour être sûr de me faire pardonner ! Et tu pourras même en avoir une partie du mien.
— Deal. Et n’oublie pas un grand café noir pour moi, demain matin. A demain, le Breton.
Je raccroche, le sourire aux lèvres, et me demande vraiment pourquoi je n’ai pas osé l’appeler avant. Si elle me fait envie et si elle me plait, ce n’est pas un crime. Et puis, ça vaut mieux comme ça que tout le temps se chamailler, non ? J’ai réussi à travailler avec elle en me disputant continuellement, je devrais pouvoir y arriver aussi maintenant que nous nous entendons mieux. En attendant de la retrouver, retour aux bases. Il nous faut encore du matériel pour enrichir l’article. Back to the site de rencontre !
Annotations