34. Son remède anti-stress
Adèle
Ce double date était une vraie blague ! Bon sang, heureusement que je n’avais aucun atome crochu avec mon rencard, parce que vu mon tempérament, je pense qu’il en aurait pris pour son grade, le gars. Sérieusement, qui drague une autre femme le soir de sa rencontre avec celle avec qui il discute depuis plusieurs jours ? Ouais, je pense qu’on peut appeler ça un fiasco, en fait.
Ce qui est moins un fiasco, quoique je pense qu’il faudra attendre que je sois partie d’ici, c’est de me retrouver chez Eliaz, à détailler son intérieur très clean et sobre, bien ordonné, presque austère pour mes goûts… Heureusement qu’il y a quelques plantes vertes, quelques touches de bleu marine. Si je suis totalement honnête, c’est joli, harmonieux, et ça sublime cet appartement haussmannien. Clairement, je doute que la déco multicolore de James collerait près de cette sublime cheminée, sous ces moulures et dans le long couloir… Bref, même en étant adepte des couleurs, j’avoue que la sobriété de l’appartement me fait me sentir bien.
— Besoin d’un coup de main pour quelque chose ? le questionné-je en le rejoignant dans la petite cuisine.
— Non, non, tout va bien. Tu peux t’installer où tu veux et admirer le spectacle. Je t’avoue que ça me stresse un peu, mais bon, une omelette, c’est compliqué de la rater, non ? Et j’aurais dû te faire des galettes bretonnes, soupire-t-il alors qu’il vient clairement de seulement y penser.
— Eh bien… je suis déçue, souris-je. Je pensais les bretons plus accueillants que ça. Dîner chez un breton sans manger de galette ? Quelle honte !
— J’ai de la pâte au congélateur. Si tu veux, je te fais ça, me répond-il tout de suite, ayant visiblement à cœur de me faire plaisir.
— Ne te prends pas la tête, Eliaz, on aurait tout aussi bien pu prendre une pizza au passage ou peu importe. Je ne suis pas difficile, tant que le repas se termine par un dessert avec du chocolat.
— Ah ça, c’est sûr. Si tu veux, tu peux même en avoir en apéritif !
— Ne me tente pas, ris-je en allant récupérer mon calepin dans mon sac à main. Bon, bilan de cette soirée à quatre ? Pas de partouze, ça c’est sûr, quoique, du coup, on a tous plus ou moins des atomes crochus les uns, les autres !
— J’aime bien te tenter, moi, indique-t-il en mettant une plaque de chocolat en évidence sur le plan de travail. Et pour le bilan, je dirais qu’il faut déconseiller ce genre de rendez-vous ! Rien ne vaut le tête-à-tête. Je peux y aller sur le fromage ou je fais attention ?
— Faire attention pour quoi, au juste ?
— Sur la quantité de fromage… Tu pensais que je parlais de quoi ?
— Je pensais bien au fromage. Ma question c’est : pourquoi tu devrais faire attention sur la quantité de fromage, mon Lapin.
— Je ne sais pas moi… Tu es peut-être intolérante au lactose. Ou alors, ça donne mauvaise haleine. Je veux juste que ce soit bon et que tu prennes du bon temps. Je stresse trop, c’est ça ? ajoute-t-il en voyant la façon dont je le regarde.
— Beaucoup trop, oui. Respire, je te jure que je ne vais pas noter ton repas, te mettre une mauvaise appréciation sur TripAdvisor ou je ne sais quoi…
— Oui, je sais… mais ce n’est pas facile de se concentrer avec toi qui me regardes… Ta beauté me déconcentre, ajoute-t-il tout bas, presque en chuchotant.
— Eliaz… Je… Il va falloir que tu fasses attention à ce que tu dis, sinon tout ça va partir en live, soupiré-je, et ça n’aura rien de pro, ni pour toi, ni pour moi.
— Excuse-moi, finit-il par dire, c’est juste que tu es vraiment une femme magnifique. J’ai beau consulter des dizaines de profils, je n’en vois pas d’aussi jolies que toi. Je ne comprends pas que tu ne sois pas submergée de propositions.
Il se concentre sur la cuisson de l’omelette qui rissole dans la poêle et évite de me regarder, mais il a quand même réussi à dire ce qu’il pensait.
— Certains hommes n’aiment pas les femmes pulpeuses. Il faut de tout pour faire un monde, que veux-tu ? Et puis, il n’y a pas que le physique. Je sais que j’ai un caractère fort et que ça gêne certains hommes. Tout le monde n’a pas ton répondant avec moi, ris-je.
— Tu trouves que j’ai du répondant ? me demande-t-il en relevant la tête. J’ai l’impression de perdre tous mes moyens en ta présence. Comme si tu occultais toutes mes capacités de raisonnement.
— Vraiment ? Tu te rends compte que je suis la seule femme avec qui tu parles autant, au bureau ? Bon, OK, on doit bosser ensemble, on n’a pas trop le choix, mais au début tu ne répondais jamais à mes blagues ou mes vannes, maintenant tu me tiens tête. En me regardant dans les yeux, du moins quand tu ne mates pas ouvertement mon décolleté, me moqué-je en approchant.
— Je ne mate pas… commence-t-il à dire avant de s’arrêter en souriant. Bon, un peu, j’avoue, mais il y a de quoi. Tu as vu comment tu es sexy ? Je ne connais pas grand monde qui pourrait te résister.
— Je sais, je me regarde dans le miroir tous les jours, fanfaronné-je en déposant un baiser sur sa joue. Mais je n’ai pas toujours été aussi à l’aise avec mon corps. Quand tu es la seule de ta classe à avoir déjà de la poitrine, c’est pas tous les jours facile à vivre. Cette obsession pour les seins, sérieusement, je crois que je ne la comprendrai jamais, mais faut faire avec. Bref, je m’égare, mais grossièrement tu viens de dire que tu ne pourrais pas me résister, j’ai bien compris ?
— Je n’ai pas été grossier, si ? s’affole-t-il à mes côtés alors qu’il arrête le feu maintenant que l’omelette est cuite.
— Bon sang, tu dois être le premier mec qui se préoccupe d’avoir été grossier avec moi parce qu’on parle de ma poitrine, gloussé-je en repoussant la poële de la plaque chaude avant de me coller contre lui. Il faut que je te demande ton consentement pour t’embrasser, là, tout de suite ?
— Tu veux m’embrasser ? me demande-t-il en me regardant avec ce désir si présent entre nous.
— Pourquoi ça t’étonne tant que ça que j’en aie envie ? soufflé-je en posant mes lèvres sur son menton.
— Parce que moi, tes baisers me rendent fou et que je ne pense pas que ce soit pareil de ton côté… Je n’ai jamais rien connu de pareil, murmure-t-il en posant enfin ses mains sur mes hanches. Je crois changer de monde à chaque fois que tu me touches…
C’est un consentement, ça, on est d’accord ? Mon cerveau l’interprète ainsi, en tout cas, parce que ma bouche remonte le long de sa mâchoire, se perd quelques instants sur sa joue avant de glisser sur ses lèvres douces et pleines. J’adore cet élan de timidité de sa part, tout simplement parce que je sais que je vais faire sortir la bête tapie dans l’ombre. Je mordille sa lèvre inférieure tout en passant mes bras autour de ses hanches pour nous presser davantage l’un contre l’autre. Eliaz semble se réveiller lorsque ma langue vient caresser ses lèvres. La bête est douce mais bien plus entreprenante. Je me retrouve rapidement plaquée contre la seule partie du mur de la cuisine libre et mon corps réagit à merveille au contact du sien. J’ai chaud, très chaud, et besoin de soulager la tension qui naît entre mes cuisses. De son côté, mon collègue semble se remettre à cogiter à la seconde où ma bouche quitte la sienne pour trouver son cou puis son sternum et descendre au fur et à mesure où j’ouvre les boutons de sa chemise.
— Arrête de réfléchir, chuchoté-je en me redressant pour aller mordiller le lobe de son oreille. A moins que tu veuilles arrêter tout ?
— Je ne sais pas si je peux couper mon cerveau, Adèle… Tu me rends fou, mais j’ai tellement peur de ne pas être à la hauteur…
— Canapé ? Chambre ? Décide-toi, parce que je n’ai aucun doute quant au fait de jouir ce soir, moi.
Je crois que là, la bête est réveillée car tout à coup, il me soulève dans ses bras, m’obligeant à m’agripper à lui, et il me porte sans difficulté jusqu’à son lit où il me dépose avec une douceur infinie qui pourrait presque m’agacer s’il n’était pas déjà en train d’enlever sa chemise pour révéler son torse nu et musclé.
— J’ai envie de toi, Adèle…
— Ça tombe bien, parce que la réciproque est vraie, alors ne traîne pas, mon Lapin, gloussé-je en m’asseyant pour dézipper la fermeture de ma robe dans mon dos.
C’est bien mignon, ce genre de vêtements, mais le célibat t’apprend à devenir contorsionniste pour les enfiler et les enlever. Heureusement, je parviens rapidement à faire atterrir le tissu sur mes hanches, puis me tortille pour ôter complètement la robe que j’envoie valser dans un coin de la chambre. Monsieur l’organisé semble trop occupé à mater mon petit ensemble de lingerie jaune moutarde pour se rendre compte que je fiche le bazar dans son antre. Ou alors, ce sont les bas autofixants qui l’hypnotisent, je ne saurais dire, mais il bugge à moitié, les mains sur le bouton dans son pantalon.
Je me garde bien de rire et me rapproche du bord du lit pour lui filer un coup de pouce. A genoux sur le matelas, je déboutonne, tire, descends, ne lui laissant que son boxer, dont la bosse me rassure un peu, je l’avoue. Oui, je ne suis pas infaillible, j’ai vu les nénettes avec qui il discute sur les sites de rencontre, et aucune n’a mon physique généreux.
— Tu as des capotes ? Parce qu’une fois que tu rejoins ce lit, je jure que tu ne le quittes plus avant que toi et moi ayons joui, susurré-je en promenant mes mains sur son torse.
— Dans la poche de mon pantalon, indique-t-il sans bouger. C’était au cas où la soirée tournait bien, rougit-il en regardant mes doigts parcourir ses abdominaux.
— Parfait, je crois qu’elle tourne bien, non ? souris-je en crochetant son boxer pour le descendre sur ses cuisses sans lâcher son regard du mien.
— Je pense qu’on peut dire ça, en effet… Tu es si belle et si sexy…
Je crois que son cerveau est en off, ça y est, mais j’en rajoute une couche en me libérant de mon soutien-gorge, histoire d’en être certaine, et ses mains qui viennent s’emparer de mes seins sont plus que rassurantes. Je le laisse faire avec plaisir et reprends mes caresses sur son corps, descendant lentement en direction de son sexe érigé entre nous.
Bon, OK, je tourne autour sans jamais le toucher. J’adore ça, je suis du genre taquine même au lit, et ça m’excite de voir les mecs s’impatienter. Je finis même par le repousser gentiment pour récupérer son pantalon au sol, partant à la recherche de la capote que je brandis comme un trophée juste sous son nez.
— Tu comptes venir t’allonger avec moi à un moment donné ? Parce que moi, je crève d’envie que tu me touches plus bas… Et j’ai envie de sentir ta peau contre la mienne.
Je ne lui laisse pas le temps de réagir et le tire en avant sans réfléchir. Je ne sais pas trop par quel miracle c’est possible, mais pas d’accident à signaler, Eliaz parvient à s’allonger sur moi sans que l’un ou l’autre se brise une côte, et il est logé parfaitement où il faut, entre mes cuisses, son torse contre le mien. J’ai l’impression qu’il y a une éternité que je n’ai pas goûté la douceur de ses lèvres et il me devance en m’embrassant avec empressement.
— Touche-moi, s’il te plaît, chuchoté-je en glissant ma main entre nous pour empoigner son sexe.
Je jure que je pourrais défaillir à la seconde où sa main glisse sous mon tanga et où je sens ses doigts chauds se poser sur mes lèvres humides. C’est moi qui dois faire l’effort d’éteindre mon cerveau à cet instant, parce que tout est trop intense avec lui et ça me fait flipper.
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