Des nuits entre nous

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Des éclats de lumière qui dansent entre nous et vont de bout en bout nous éreinter tandis que mon corps me désavoue et que je devine à tes muscles élastiques qui se tendent lentement ton secret estatique. Dérive sous ta peau l'effluve d'émotions que tu réfutes, balises des sensations que je t'affûte et ne cotoie que par instants, lorsque l'égéen de tes iris se pose sur les miens, couleurs du temps qui s'abstient.

Non, il n'y aura pas de nous ni de futurs. Nous ne serons qu'amants sans parjure. Nous resterons toi et moi côte à côte le temps de consummer notre faute - cela prendrait... qui sait, des mois ? S'ils se transformaient en années, nous en ririons sans émoi. Après tout, nous ne nous sommes pas choisis; nous ne sommes que deux indécis. Notre présent est à défaut d'autre chose de plus angoissant, palpitant, vivifiant... En attente d'une osmose. Nos main-dans-la-main sous les forêts, nos doigts au coeurs et paroles murmurées, nos pourquoi pas ? d'un soir pour un dîner... rien n'était prévu, rien ne le sera jamais ; surtout, rien n'est figé.

Si demain tu décidais de disparaître, ce ne serait ni rupture, ni fuite, ni défaite. Ma solitude ne serait que la même - à peine remarquerais-je ton absence entre mes égoïstes plaisirs et tes insignifiants silences. Peut-être le temps me semblera-t-il plus long sans tes propositions - ce soir, un verre ; demain, un musée ; samedi, la forêt ; et puis après... Si tu partais, je le sais, rien ne changerait ; que l'ennui mon ami, qui me suit toute ma vie. Il se fera un poil plus présent, plus vivant, mais pas un brin plus pesant. Car c'est par lui, à travers lui et en lui que j'écris, le décris, te décries. Je te perdrais dans mes vers qui découlent de mes doigts cliquetants sur le clavier, ongle à touche, empreinte contre plastique, dans la même agitation factice que lorsque je les fais danser sous tes tissus noirs et blancs et vifs, sur tes muscles fermes, trop fins, sportifs... De mon ordinateur à ton corps, le fossé est aussi profond qu'il est étroit. Je franchis ce pas sans y penser, chaque soir, hésitant à peine entre l'une ou l'autre soirée, les deux idem et mélangées. Quand je caresse ma machine, mon esprit ne dessine que ta tendresse qui s'achemine entre d'anodines promesses dont tu affines les ravines de ma détresse...

Car de ton corps à mon coeur n'existe que le voile des pensées imaginées à la nuit déchirée.

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