- Ooh fan de chichourle ! Mais c’est qu’il se fâcherait notre Basile, la Joséphine tu as touché le point sensible, tiens Basile ! Prends une petite goutte ça te fera du bien et tu m’en diras des nouvelles de celle-là, au fait j’ai raté quelque chose ?

- Et Ouais ! Il paraît que la Mireille, tu sais la grande asperge, elle se marie aujourd’hui, lança Émile.

- La grande ? C’est sûr que pour toi… Elle est grande, ironisa Antonin.

- Eh gros malin ! Tu t’es pas vu de profil toi, répliqua Émile.

- Qu’est-ce qu’il a mon profil ? Tu insinues peut-être que je suis gros.. C’est ça hein !….dit le si t’es un homme…

- Tu veux quand même pas nous faire croire que t’es maigre comme un hareng saur, répondit Émile en gloussant.

- Dites, vous vous chamaillez tout le temps comme ça ? Demanda Henri, j’ai l’impression de me retrouver dans une cour de récréation.

- On voit bien que t'es de la ville, toi… Ici c’est un passe-temps, lui dit Joséphine, quand les hommes n’ont rien à faire, ils se chamaillent, c’est une façon de rester éveillé.

- Depuis combien de temps es-tu parti, demanda Antonin.

- Il y a plus de vingt ans, le temps passe vite…

- Pour sûr que le temps passe vite, murmura Armand en sirotant, il préfère voyager que de reprendre le domaine…

- Père ! on ne va pas recommencer, on en a assez parlé…

- N’empêche que… Commença Armand…

- N’empêche que je ne me sens pas capable de reprendre l’exploitation, répliqua Henri coupant ainsi la parole à son père, il vaut mieux laisser cela à quelqu’un de plus qualifié, je suis sûr que Basile s’en tirerait mieux que moi, je n’y connais rien en vin et en culture.

- T’as jamais voulu apprendre, persifla Armand, tu te rends compte que ce domaine est passé de père en fils depuis cinq générations et maintenant tout va disparaître, cela ne te fait rien à toi ?

- Tu sais bien que la vigne ne m’a jamais vraiment intéressé, je n’y peux rien et je ne vais pas me forcer à reprendre le domaine rien que pour te faire plaisir et perpétuer ainsi la tradition… C’est hors de question.

- Quand je pense que tu as la chance de prendre la suite d’une exploitation florissante, beaucoup en seraient fiers, mais toi… Tu préfères voyager…

- En effet, je trouve cela épanouissant et enrichissant.

- Épanouissant et enrichissant ! Reprit Armand, vous l'entendez ? Je me demande en quoi cela peut t’enrichir de courir de par le monde, C’est pas avec cela que tu vas gagner ta croûte, Crévindiou !

- Qu’est-ce que tu en sais, tu ne t’es jamais intéressé à ce que je fais, tu n’as jamais lu un de mes articles ou si tu l’as fait tu t’es bien gardé de m’en parler.

- Et pardi que je m’intéresse à tes « Articles » Moi ! et pourquoi tu ne viens pas les écrire ici « Tes Articles », tu as tout ce qu’il faut ici pour faire des « Articles », ce ne sont pas les sujets qui manquent ici mais « Toi ! » tu préfères les « Voyages »… Tu préfères t’enrichir l’esprit plutôt que t’enrichir tout court et par la même occasion enrichir la propriété familiale, tèè !.

- Ah ! Ne recommence pas, je ne suis pas venu ici pour entendre tes reproches, dit Henri les deux mains sur les accoudoirs, prêt à se lever.

- Vous fâchez pas vous deux, dit Antonin, Bonne mère ! la vie n’est pas faite pour se quereller, dans le fond je suis sûr que tu es fier de lui et pourquoi tu ne lui dis pas ? Tèè !

- Antonin ! Te mêle pas de ça, dit Armand renfrogné.

- Il est têtu comme une mule, ergota Henri, les bras croisés sur sa poitrine.

- Fais attention à ce que tu dis quand même, après tout c’est ton père, fit remarquer doucement Joséphine.

- Il n’a qu’à me lâcher avec cette histoire.

- Si t’habitais pas si loin, tu pourrais venir plus souvent et je suis sûr que cela s’arrangerait.

- Peut-être…dit doucement Henri, les yeux dans le vague.